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Des suppléments qui se penchent sur le passé récent, sans nostalgie réelle mais avec la force de l’expérience d’un XXe siècle dur pour les hommes, Serbes, Juifs russes ou Français. Durs aussi, les romans de Simenon dont la réédition en volumes complets ouvre la saison des parutions à découvrir en vacances.
Les unes
« Il faut tenir le coup jusqu’au bout avec le sourire d’une hôtesse de l’air qui sait que l’avion est en danger. » Cette formule est celle d’Ivo Andric face aux vicissitudes de la seconde guerre mondiale. L’auteur serbe, prix Nobel en 1961, n’est pas une référence courante de nos lettres contemporaines, et, pourtant, son jugement d’écrivain, dans la continuité de celui d’ambassadeur et d’humaniste lucide interpelle : « J’ai vu la guerre, la maladie, la mort, la révolte. Et je me suis toujours demandé qui avait imaginé ces changements, d’après quel plan, et dans quel but. J’ai eu beau regarder, réfléchir, écouter, je n’ai jamais trouvé ni sens, ni plan, ni but à tout cela. » Il en tire tout de même la leçon qu’il faut faire confiance aux légendes pour y trouver du sens. Il reste donc d’actualité comme sa Chronique de Belgrade, écrite voici bientôt 75 ans.
« Ce qui lui arrivait de meilleur dans la vie n’avait pas de sens parce que personne ne pouvait s’en réjouir avec lui. » Il s’agit de l’écrivain Marcel Cohen, raconté par Jean Frémon, galeriste et, à l’occasion, portraitiste à la plume. Philippe Lançon précise, les écrivains et peintres dont il s’est occupé « ont effectué une recherche formelle de la présence humaine dans un monde qui avait tout fait pour la liquider. L’ombre de cette recherche obstinée et désespérée de l’absolu, c’était la disparition. » Leiris, Bram van Velde, Beckett, Etel Adnan Louise Bourgeois et d’autres encore, la liste paraît cohérente. Quant à l’auteur, Lançon résume ainsi sa quête : « Jean Frémon est monté jeune sur le baleinier, il y a tenu différents postes intermédiaires. Cela lui a permis de comprendre différents Achab que contrairement à Ismaël, il a côtoyés. »
« Les doutes de Grossman commencent lorsqu’il constate que l’antisémitisme, qui est l’essence mortelle du nazisme, renaît dans le pays qui se glorifie d’avoir vaincu le nazisme ». Dixit Olivier Rolin en une du Monde des livres. Il passe en revue les différents volumes réédités aujourd’hui par Calamnn-Lévy et en livre une synthèse convaincante dans laquelle il pointe à la fois le talent de l’auteur pour montrer ce qu’est l’Histoire du XXe siècle et son art : « si je devais faire comprendre la vacillation et l’ambiguïté qui caractérisent les vrais personnages de roman, je conseillerais encore Vie et destin. » Il en vient à la conclusion terrible que « Alors que les progrès matériels, dit-il, étaient fécondés en Occident par un accroissement de la liberté, ils se faisaient en Russie au prix d’un accroissement de l’esclavage. » Le dossier est complété par un entretien avec Luba Jurgenson (l’une de ses traductrices) qui confirme, outre les aspects politiques le rapport de Grossman avec l’essence de la littérature russe : « Grossman est un héritier du roman russe du XIXe siècle. On trouve chez lui la même prolifération de personnages et de descriptions de paysages »
En écho à la publication des « Romans durs » de Simenon et du festival du polar de Lyon, le Figlitt dresse le portrait de trois auteurs contemporains ; Javier Cercas dont une partie de l’œuvre se consacre désormais au roman noir, avec son héros tourmenté et dévoré par la violence qui frappe sa propre famille mais aussi Bernard Minier qui joue avec les codes du cinéma d’horreur et Dror Mishani dont Bruno Corty reconnaît ne pas l’avoir reconnu à sa vraie valeur et pourtant « il connaît son métier sur le bout des doigts ». L’interview qui ouvre le dossier est consacrée à Cercas dont la double carrière lui permet de se prononcer sur les genres : « Je ne dis pas que seule la littérature populaire est de la bonne littérature, je dis qu’elle n’est pas nécessairement mauvaise. Et que la meilleure chose qui puisse arriver à la littérature, c’est qu’elle redevienne populaire : qu’elle raconte à nouveau des choses pertinentes. » L’été approche.
Reprenons, Simenon est à l’honneur à l’occasion du 120e anniversaire de sa naissance. Autrement dit l’opération commerciale qui consiste à exploiter un anniversaire nous vaut une réédition. Emmanuel Romer de La Croix nous rappelle que « Simenon, écrivait Marcel Aymé, c’est Balzac sans les longueurs.» Les romans « durs » qui nous sont vendus sous cette appellation, « s’ouvrent par un entretien avec une personnalité du cinéma ou de la littérature. » C’est lui-même qui avait trouvé le nom « romans durs » et qui avait insisté auprès de Fayard pour publier autre chose que des Maigret. Romans durs « du genre que l’on relit avant de les envoyer à l’imprimeur » disait-il.
Kossi Efoui rend hommage à sa mère et au conte dans Le Rendez-vous des livres (l’Huma). « Va vivre. Je préfère que tu sois vivant loin de moi plutôt que mort ici, dans ce pays, dans mes bras » lui dit-elle, et de rapporter que sa mère l’a protégé, notamment contre ses os fragiles. « Pendant longtemps, lorsqu’on m’interrogeait sur mes influences, sur la manière dont je me suis senti invité en littérature, je nommais des écrivains. Essentiellement des poètes. J’ai mis du temps à me rendre compte que ma mère, tout en étant étrangère au monde de l’écriture, était partie prenante dans la constitution de ma sensibilité poétique. » Son rapport à la littérature repose sur le conte « Je pense à cette formule avec laquelle le conteur Ewe clôt le conte : « ceci est un mensonge qu’on m’a conté et tel quel je vous le transmets. » Qu’est-ce qu’un menteur qui dit : « Ceci est un mensonge » ? Un diseur de vérité. » Interview à lire.
Dans le pêle-mêle
Aliona Glukhova dans le MDL et dans le Figlitt séduit la critique avec un roman qui suit à la fois les interrogations d’une femme sur son divorce, tout en évoquant famille d’origine et politique pour cette auteure biélorusse. Outre LibéL, Ivo Andric est dans le Figlitt et Christophe Mercier insiste sur la dernière nouvelle de son recueil qui propose une projection dans le futur « Andric avec une certaine naïveté (Le texte date de 1948), semble célébrer l’avènement d’une ère nouvelle. Mais on sent malgré tout qu’il regrette le vieux Belgrade. » Tout le monde ne peut pas être Orwell.
Portraits/Entretiens
Javier Cercas livre ses réflexions sur la littérature policière et l’art romanesque en général dans le Figlitt : « j’ai lu beaucoup de classiques du genre, comme Hammet, Chandler ou Simenon, qui ne sont pas de grands auteurs de romans policiers mais de grands romanciers à part entière. »
La semaine est au recul plus qu’à l’actualité ,là où la littérature s’élabore plus durablement.
L’humanité | |||
Titre | Auteur | Editeur | N° Page |
Une magie ordinaire | Kossi Effoui | Seuil | 16-17 |
Derrière les lignes ennemies | Jean-Patrick Manchette | La Table Ronde | 18 |
Péché mortel | Carlo Lucarelli | Métailié | 18 |
Je suis le châtiment | Giancarlo de Catldo | Métailié | 18 |
Le maître d’école du village au temps des Lumières et de la Révolution | Côme Simien | eds CTHS | 19 |
Paix et sécurité. Une anthologie décentrée | Allès, Le Gourriellec, Levaillant (dir) | CNRS eds | 19 |
Le petit roi | Mathieu Belezi | Le Tripode | 19 |
Mortel sourire | Philippe Stierlin | Arcane 17 | 20 |
Le goût du roi, Louis XV et le secret du parc aux cerfs | Camille Pascal | Perrin | 20 |
Phasma story | Baraou & Pena (ill) | Nathan | 20 |
Libération | |||
Titre | Auteur | Editeur | N° Page |
Samedi | |||
La Chronique de Belgrade | Ivo Andric | Edition des Syrtes | 34 & 35 |
Grandeur nature | Erri de Luca | Gallimard | 36 |
Cinq petits indiens | Michelle Good | Seuil « Voix autochtone » | 37 |
Le Renarde | Dubravka Ugresic | Christian Bourgois | 37 |
Les deux dormeurs | Samy Langeraert | Verdier | 38 |
Star | Guillaume Poix | Verticales | 38 |
Les aiguilles à tricoter | D.Belloc | Ronces Editions | 39 |
Les Amies | Nolwenn Le Blevennec | Gallimard | 39 |
L’Ourson | Chantal Pelletier | Joëlle Losfeld | 39 |
Le Paradis est épars | Chantal Delsol | Eds du Cerf | 39 |
Les absents. Robert Créange. | Claire Lévy-Vroelant | Créaphis | 39 |
Beauvoir et Sartre. Pour un matérialisme féministe | Michel Kail | PUF | 39 |
Logique du joker | Frédéric Bisson | Mf | 39 |
Histoire mondiale des impôts | Bordreau & Anceau | Passés composés | 40 |
Ah! Jeunesse | Courteline & Trapier ill. | L’Arbre vengeur | 41 |
La petite-fille | Bernard Schlink | Gallimard | 39 |
Jeudi | |||
La blancheur de la baleine | Jean Frémon | P.O.L | 24&25 |
Le fils de Taïwan | Yu Pei-Yun & Zhou Jain-Xin | Kana Eds | 26 |
L’âme au bord des cheveux | Séra | Delcourt | 26 |
Alpinistes de Mao | Cédirc Gras | Stock | 27 |
Louise Bodin, la bolchévique aux bijoux | Colette Cosnier | P.U.R | 27 |
Le Figaro | |||
Titre | Auteur | Editeur | N° Page |
La Maison | Julien Gracq | Eds Corti | 1 |
Le château de barbe-bleue | Javier Cercas | Actes Sud « Actes noir » | 2 |
Un œil dans la nuit | Bernard Minier | XO | 3 |
Un simple enquêteur | Dror Mishani | Gallimard « Série noire » | 3 |
L’Affaire du Golden state killer | William Thorpe | oct.-18 | 3 |
Romans durs | George Simenon | Omnibus | 3 |
Le nageur | Pierre Assouline | Gallimard | 4 |
Reste | Adeline Dieudonné | L’Iconoclaste | 4 |
Nos corps lumineux | Aliona Gloukhova | Verticales | 4 |
La Chronique de Belgrade | Ivo Andric | Eds des Syrtes | 5 |
Tout faux | Veronica Raimo | Liana Levi | 5 |
Sugar Street | Jonathan Dee | Les Escales | 5 |
Le génie et les ténèbres : Léonard de Vinci et Michel Ange | Roberto Mercadini | Les Belles Lettres | 6 |
L’exposition universelle | Edouard Vasseur | Perrin | 6 |
Isabeau de Bavière. Reine la plus exécrée de France | Christine Rérat-Maintigneux | Fayard « Histoire » | 6 |
Buck Danny, Le fils du viking noir | Yann et Giuseppe de Luca | Eds Dupuis | 7 |
Les amants de Casablanca | Tahar Ben Jelloun | Gallimard | 7 |
La bâtard de Nazareth | Metin Arditi | Grasset | 7 |
Le défi de Jérusalem | Eric-Emmanuel Schmidt | Albin Michel | 8 |
La Croix | |||
Titre | Auteur | Editeur | N° Page |
Les Romans durs | George Simenon | Omnibus | 21 |
Une nuit particulière | Grégoire Delacourt | Grasset | 22 |
Les archives des sentiments | Peter Stamm | Christian Bourgois | 22 |
La couleur d’une voix | Didier Combeau | Le Félin | 23 |
Jean de Léry, le premier ethnologue | Franck Lestringant | PUR | 23 |
Les partisans | Dominique Bona | Gallimard | 23 |
Diaconia 2013-2023 : la dimension sociale de l’évangélisation | Lumen Vitae | JanvFevMars 2023 | 24 |
Après la Ciase, penser ensemble l’Eglise et l’éthique des relations | Revue d’éthique et de théologie morale | n°317 mars 2023 | 24 |
Le Présage | Peter Farris | Anatole Pons-Reumaux | 25 |
De femme en femme | Hélène Couturier | Rivages « Noir » | 25 |
A qui la faute | Ragnar Jonasson | La Martinière | 25 |
Un cimetière dans le cœur | Ian Rankin | Eds du Masque | 25 |
Le soleil rouge de l’Assam | Abir Mukherjee | Liana Levi | 25 |
Le Monde | |||
Titre | Auteur | Editeur | N° Page |
Vie et destin | Vasssili Grossman | Calmann-Lévy | 1 |
Pour une juste cause | Vasssili Grossman | Calmann-Lévy | 2 |
Tout passe | Vasssili Grossman | Calmann-Lévy | 2 |
Souvenirs et correspondance | Vasssili Grossman | Calmann-Lévy | 2 |
Le Couteau des sables | Minos Efstathiadis | Actes Sud « Actes noir » | 3 |
Bois-aux-renards | Antoine Chainas | Gallimard « La Noire » | 3 |
Ombres et lumière | Val Mc Dermid | Flammarion | 3 |
L’Ile de Yule | Johana Gustawson | Calmann-Lévy « Noi » | 3 |
La dernière ville sur terre | Thomas Mullen | Rivages « Noir » | 3 |
Sans collier | Michèle Pedinielli | L’aube « Noire » | 3 |
Péché mortel | Carlo Lucarelli | Métailié | 3 |
Les Romans durs | Georges Simenon | Omnibus | 3 |
Heat 2 | Michel Mann & Meg Gardiner | Haroer Collins « Noir » | 3 |
L’Affaire Alice Crimmins | Anaïs Renevier | 10/18/ Society « True Crime » | 3 |
Nos corps mumineux | Aliona Gloukhova | Verticales | 4 |
Film fantôme | Patrice Pluyette | Seuil « Fiction & Cie » | 4 |
Femmes sur fond blanc | Jean-Noël Orengo | Grasset | 4 |
Lilas noir | Reinhard Kaiser-Mühlecker | Verdier | 5 |
Abondance | Jakob Guanzon | La Croisée | 5 |
L’Art de lier les êtres | Paolo Milone | Calmann-Lévy | 5 |
Les enfats Oppermann | Lion Feuchtwanger | Métailié | 5 |
Et par le pouvoir d’un mot | Xavier Donzelli | Seghers | 6 |
Le mécano de la Jamais Contente | Jérôme Hallier | Flammarion | 6 |
Les Brisants | Vanessa Bamberger | Liana Levi | 6 |
Pays infini | Patricia Engel | JC Lattès | 6 |
Immersion. | Hélène Artaud | Les empêcheurs de penser en rond | 7 |
Kumpania. Vivre et résister en pays Gadjo | Lise Foisneau | Wildproject « le monde qui vient » | 7 |
Le cas Darquier de Pellepoix | Laurent Joly | Tallandier | 7 |
Isabeau de Bavière. Reine la plus exécrée de France | Christine Rérat-Maintigneux | Fayard « Histoire » | 7 |
Mon cher confrère… Lettres d’un psychiatre | Artières & Henckes | CNRS eds | 7 |
La chambre à brouillard | Eric Chevillard | Minuit | 8 |
Le sens de la terre. Penser l’écologie avec Nietzcshe | Benoit Berthelier | Seuil « L’ordre philosophique » | 8 |
Je suis l’hiver | Ricardo Romero | Asphalte « Poche » | 8 |
L’Affaire du Golden state killer | William Thorpe | 10/18 Society True crime | 8 |
Guide sentimental de la police nationale | Nascioli & QuirvaneLes guides | 8 | |
SUR P.O.L | 10 | ||
Dernière visite chez le roi Arthur | Michel pastoureau | Seuil « La librairie du XXIe siècle » | 10 |