Michel Chaillou dont nous relevons également avec tristesse la disparition, et de nos collaborateurs attitrés et privilégiés qui ne ménageait jamais son temps pour nous éclairer sur la vie des collections, a participé à l’aventure de L’un et l’autre avec un volume La fille du capitaine Oltchanski qu’il évoque ici pour le Génie.

 

        « Un jour j’écrirai un livre clair-obscur qui fera un coude comme la Volga à Samara… »

Qu’est-ce que le prosaïsme de l’héroïsme ?

Hommage de Michel Chaillou à Pontalis

Car Michel est un écrivain, certes, et au présent car il le reste, mais il est parfaitement et symétriquement un homme de collections. Son goût pour l’universel l’a toujours amené à imaginer des séries et feuilletons didactiques ou politiques pour ses étudiants. Mais aussi, en plusieurs épisodes, l’adaptation du Collège Wasserman, feuilleton radiophonique tiré de son second roman et qui offre à Claude Piéplu un rôle tout à fait à sa (dé-)mesure. Il projette lui-même des séries et participe ainsi à deux entreprises majeures de la culture de notre temps :

  • Celle du Chemin chez Gallimard sous la direction, ou plus exactement dans la direction définie par Georges Lambrichs,qui devait donner naissance à une revue, Les cahiers du Chemin à laquelle il collabore … et aux jeudis où l’on se réunissait entre écrivains pour manger et échanger, véritables laboratoires discrets de l’incubation littéraire.
  • Le projet un peu fou de vouloir écrire et produire un anti Lagarde et Michard, la collection Brève aux éditions Hatier qu’il codirigera avec Colline Faure Poirée ; collection qui redonne le goût de la littérature et qui de façon tout à fait étonnante, mêle érudition et style savoir transmis, iconographie, texte et permet des regards nouveaux sur des périodes littéraires et des thèmes aussi variés que la Russie, les Femmes du Moyen-Âge littéraire.

Avec sa femme Michelle, qui le seconda dans cette entreprise, il a été l’artisan du développement de cette série et du premier volume d’ouverture le Petit guide pédestre de la littérature au XVIIe siècle, volume qui nous fait vivre les grandes heures des batteleurs du Pont-Neuf, découvrir les poètes obscurs mais géniaux d’une époque qui pense en vers, ainsi que les premiers grands salons littéraires parisiens. Cette entreprise, Michel Chaillou l’a menée tellement précisément qu’elle reste aujourd’hui l’apanage des collectionneurs et des amateurs éclairés de littérature, c’est pourquoi la plupart des volumes sont repris dans d’autres séries.