Chaque collection possède un ou plusieurs écrivains centraux. Il arrive que l’on définisse ainsi des auteurs-phares, des locomotives, tout un ensemble de termes qui laissent supposer que le poids de la création repose sur les épaules d’un seul ou, du moins, que la série doit être amorcée ou entretenue par des auteurs centraux. Ces auteurs constituent le centre de ce qu’on peut nommer une *académie* propre à la série et qui en représentent les couleurs, l’esprit.

Jean-Michel Delacomptée l’incarne doublement puisqu’il a réussi à s’y construire un territoire particulier et personnel. Cette indépendance pourrait laisser penser qu’il se situe en dehors de La communauté mais en fait c’est l’esprit de la série qu’il valide. Le territoire Delacomptée dessine au sein de la collection non seulement un ensemble d’oeuvres qui lui sont personnelles mais encore un espace qui, circulaire, possède sa propre cohérence.

Nous le rencontrons à l’occasion de la publication d’Ecrire pour quelqu’un, le volume qui clôt cette série. Il évoque ce volume et, surtout, l’esprit de la collection dirigée pendant vingt ans par Jean-Bernard Pontalis.

Le huitième livre un récit personnel ? Une photo comme point de départ. Le souvenir de cette collection restera, c’est un pan de la littérature française.

Cette série ? Le goût du style, une composition personnelle. Elle développe le rapport personnel au personnage.

La légende de JB l’Hospitalier ou l’accueil comme définition de la collection. Sujet et objet.

Une communauté de l’amour, du savoir et du style. Le principe de la collection : Unité ? Variété !

L’avenir sans la collection L’un et l’autre ? La Blanche, Arléa ? De la modestie comme une force.

Ne pas abandonner la langue. Jean-Michel Delacomptée écrivain du grand siècle ? Ne pas se foutre de la langue.

La collection comme laboratoire pour accoucher de soi ?


Et alors, pour qui écrivez-vous ?

Ce dernier volume parle du père, d’un père de photographie qui sort de son cliché pour conduire son fils écrivain à dérouler ce qu’il peut de sa vie. De la vie qu’il lui connaît.


Jean-Michel Delacomptée parcourt les allées douce amère de l’existence sans croire à la résurrection des souvenirs pour autant : Les pèlerinages sont inutiles. Qui veut remonter le temps s’y noie.

Aussi n’est-ce pas un pèlerinage dont nous empruntons la route, jamais un écrivain évoquant le passé ne semble si désorienté, comme égaré, peu intéressé par la mise en ordre des images du passé.
Loin des récits précédents qui pour être subtils n’en connaissait pas moins  des levers triomphaux, des cavalcades, de brusques voltes, raccourcis des siècles de guerre et de poésie, le livre parcourt une banlieue normande marquée par la rêverie
>  J’aime vraiment les ciels de Normandie, ils changent de lumière, on dirait qu’ils voyagent.

Et l’on saute de souvenir en souvenir comme à gué du temps. Jean-Michel Delacomptée refuse de se *faire le film*, son idée c’est de se chercher dans le débobinage de la mémoire sans jamais se focaliser sur le sens à donner aux événements.

Jean-Michel Delacomptée avance sans jamais vraiment éprouver le besoin d’examiner le passé avec les yeux d’autrefois d’où aussi ce manque d’indulgence à son propre endroit.

Le continent anglo-saxon, destruction et prise de conscience

Des éditeurs amateurs et encyclopédiques, une aventure