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LES UNES

Samedi 31 décembre Libération soldait in extremis les nouveautés de 2022 dans son dernier supplément, en revenant sur l’année Proust et en égrenant quelques-uns des ouvrages les plus inventifs de la fin d’année. Comme le Journal de Reynaldo Hanh, le Train de Proust ou encore le Proust Océan de Charles Dantzig lequel, régale Mathieu Lindon de ses propositions : « On verra Proust commettre « une bourde protocolaire » dans son texte et on se demandera s’il a 14 ou 3000 ans. On comprendra pourquoi le duc de Guermantes « est un con » et M. de Norpois « n’a pas de prénom » ce qui relie le Narrateur à la comtesse de Ségur et en quoi « la jalousie semble la propriété de Marcel Proust » » Bref une machine à lyrisme et à formules à partir du célèbre texte.

Et… tournant. Ce jeudi on ouvre dans le supplément livres du même avec l’ouvrage de Vincianne Despret intitulé « Les morts à l’œuvre » et qui propose en cette rentrée de janvier de s’interroger sur les commandes que les morts passent aux vivants. Thème assez étrange on en conviendra et qui amène Thomas Stélandre à se poser quelques questions en compagnie de l’auteur plus qu’à réaliser un entretien. Les questions sont pourtant simples et portent sur des aspects évidents comme le titre, l’idée du projet ou la place du je ; mais la spécificité du projet est telle que chaque réponse prend valeur d’énigme ou de prophétie. En allant chercher ce que les morts demandent aux vivants et l’œuvre qu’ils leur réclament « J’ai écrit ce livre en ayant perdu ma mère et mon père peu de temps auparavant. C’était pour eux que je l’écrivais. On écrit aussi pour consoler ses propres parents. »

Trois femmes disparaissent, trois actrices liées par la famille, de la grand-mère, Tippi Hedren à la petite fille Dakota Johnson. Disparitions relatives, les trois sont vivantes, mais disparition quand même pour l’autrice, Hélène Frappat, qui endosse le costume du détective interrogeant l’existence et la carrière de ces trois femmes. Elle y trouve des signes communs comme les prénoms qui ne sont pas ceux qui leur étaient destinés, le rôle de l’animal et de la blessure ; l’importance de la soumission dans leur carrière, de Hitchkock à 50 nuances de Grey. Alain Nicolas souligne la fascinante sagacité de l’autrice qui fait la une de l’Huma.

Le Figaro littéraire commence l’année avec Colette, Sidonie-Gabrielle Colette dont le statut de grand écrivain, acquis de son vivant revient pour le 150^e anniversaire de sa naissance. Deux articles composent comme un diptyque de son existence, une introduction de Bruno Corty qui rappelle son destin littéraire de grand écrivain, le second de Thierry Clermont qui rappelle le fait que Colette a écrit des articles pour les pires publications de la presse collaborationniste, et beaucoup de livres tandis que d’autres ne trouvaient plus de papier.

C’est Aragon qui la défendra à l’épuration, arguant de son détachement, son absence de prise de position ; elle n’a fait que rédiger des chroniques du quotidien faites d’humeurs et de conseils d’une vieille dame (67 ans en 40). Pour ce qui est de la carrière, Bruno Corty rappelle que l’écriture n’est pas véritablement une vocation pour elle, mais qu’elle s’y consacre parce que son père n’est jamais parvenu à passer à l’acte. On n’en finit pas avec les noms de sa famille, Colette ici patronyme, Céline là, prénom de grand-mère et nom d’emprunt.

Christine Montalbetti en une de La Croix pour sa rentrée de janvier pourquoi donc ? « Elle a le verbe sûr, Christine Montalbetti, qui prend encore une fois toutes les libertés, toutes les tangentes que la langue permet. » Ici la tangente s’incarne dans les personnages qui composent la clientèle d’un café de la côte normande, il y a des récits de parcours, des vies qui se croisent, ce qui semble retenir l’attention de Fabienne Lemahieu le livre contient « tous ces êtres tour à tour croisés, toutes ces situations rêvées, ces tranches de vies et ces « froissements d’âme » »

Unes, Dans le pêle-mêle, Portraits/Entretiens

L’homme de la semaine c’est Daniel Pennac, présent partout, en une du Monde des livres, entretiens en pages intérieures de La Croix et portrait du Figaro littéraire. Daniel Pennac qui met fin, officiellement, à sa série des Malaussène, une suite (car il n’aime pas le mot de série) de huit romans, ce qui permet à chacun des suppléments livres qui l’accueillent de présenter une histoire de la saga en complément de l’entretien qu’il leur accorde. « -Non, dit-il à Mohamed Aïssaoui du Figlitt, les Malaussène n’ont pas été conçus comme une saga. C’est une chronique sociale et familiale plutôt. Seule la famille demeure d’un roman à l’autre, la famille et les époques successives. La société d’Au bonheur des ogres n’a plus grand-chose à voir avec celle de Terminus Malaussène. « 

Une tentation du côté de Zola et de son « histoire naturelle et sociale d’une famille sous le second empire ? » … La suite dans notre chronique sonore.

 Index des articles publiés dans la presse de cette semaine (cliquer pour télécharger)