LES UNES

C’est donc encore Houellebecq en une dans le Monde des livres et l’Huma, et une très nette différence de ton. Du côté du Monde des livres on joue le jeu à fond avec Jean Birnbaum qui décide de ne pas bouder son plaisir d’un entretien avec MH ; « C’est donc dans cet antre enfumé, sur ce lit, que Houellebecq a rêvé Anéantir. Pour s’installer au bureau où il a travaillé, et où je l’écouterai cinq heures durant, avant de continuer au restaurant, il n’avait qu’un pas à faire » la critique, entièrement rédigée à la première personne montre le tournant qui s’est opéré avec l’écrivain : davantage qu’au livre il nous confronte à sa personne. Même si le critique délivre le message de l’œuvre : « Anéantir est là pour en finir avec les regrets, pour donner à vivre cette expérience de l’intérieur, dans l’épaisseur du temps qui passe mais aussi de la liberté recouvrée, des retrouvailles inespérées. »

Autre son de cloche dans l’Huma, « une construction narrative désordonnée où Houellebecq semble à la peine, oubliant des personnages en route, citant des auteurs réacs sans intérêt (Elémir Bourges ou Hugues Rebell), rajoutant des incidents de parcours pour meubler le vide. » nous dit Marie-José Sirach qui interroge par ailleurs son métier « On a fini par le lire et par se lancer dans cet exercice subjectif qu’est la critique (…) Alors un nouveau Houellebecq, précédé d’une réputation sulfureuse, ça fait « bander », pour reprendre un terme fréquemment employé par l’auteur. » Pas de quoi rêver en effet.

Deux unes pour Edith Bruck, celle de Libé et celle du Figaro littéraire qu’elle partage avec d’autres. Deux entretiens dont il ressort que, déportée à 13, ans elle va voir sa vie définitivement marquée du sceau de l’Histoire et que l’expression Le pain perdu, utilisée par sa mère à propos de ce que la famille va endurer est essentielle dans le lien entre petite histoire et grande histoire ; le hongrois est sa première langue mais le traumatisme de sa sonorité, « La langue hongroise est toujours un blasphème, une insulte » et l’impossibilité de vivre dans ce pays la conduisent à adopter l’italien ; elle accède à la littérature aidée par Primo Levi, auquel elle rend hommage tout en le vitupérant «A mon avis, notre vie appartient à ceux qui ne sont pas là et pour qui nous témoignons il avait une responsabilité ».

Le Figaro littéraire associe l’interview à d’autres ouvrages parmi lesquels ceux de Primo Levi ou de Simone Weil ou bien encore Elie Wiesel. Sans compter le volume de la Pléiade consacré aux « écrits des camps » et déjà célébré par la critique. Un dossier complet et riche qui parcourt les nuances des récits de ce qu’il faut bien appeler la vie dans les camps.

Mathieu Lindon l’annonçait avec humour dans le LibéL du samedi 1 janvier, l’anniversaire de la naissance de Proust est à peine terminé (150^e) que commence celui de son décès (100e). Et le critique d’égrener les quelques titres et auteurs critiques qui constituent la rentrée proustienne ; de la première version du Temps perdu (qui n’était pas encore une recherche) – refusée puis finalement acceptée par Grasset (ce qui lancera l’auteur dans une possible réécriture) jusqu’à son adaptation en BD, le rapport entre l’écrivain et son époque sans compter les amours et l’analyse de son rapport ambigu avec Alfred, son chauffeur qui devient Albertine. S’y devine un auteur plus original que dans nos souvenirs et dont la postérité commence à s’écarter des poncifs pour proposer une image plus récréative de l’écrivain.

La Croix prend ses distances avec Houellebecq (du moins en une) pour s’intéresser à Louise Erdrich et aux indiens. Avec la collection « Terres D’Amérique », un nouveau roman sur la condition indienne aussi bien que sur l’individualité salutaire des habitants du vieux monde : « l’histoire est plurielle, enrichissante, universelle, bouleversante, pleine d’humanité » souligne Emmanuelle Romer qui complète : « La plume de Louise Erdrich, poète et libraire, est comme un plat délicieusement assaisonné. On en savoure chaque détail, la profusion des parfums et des saveurs » Partie de l’histoire de son grand-père, indien Ojibwa et résistant pacifique aux injonctions de l’état fédéral, l’autrice mêle vie réelle et imaginaire sans en jouer mais en restituant sa culture par la langue nous dit en substance Emmanuel Romer.

Dans le pêle-mêle.

Repêchage pour Frankisstein et Furies dans le LibéL du samedi. D’un côté donc la transhumanité et une adaptation à la fois drôle et inquiétante de Frankenstein par Jeanette Winterson sous-titrée une histoire d’amour, de l’autre un trafic d’antiquité en Syrie qui évolue vers la prise de conscience des souffrances du pays par Julie Ruocco.

Portraits/Entretiens

Le Figlitt s’invite chez Bernard Quiriny en dernière page et revient sur l’œuvre fantastique ou fantasque de ce romancier, professeur de droit en Bourgogne et auteur de récits entre dystopie et drôlerie. Maaza Mengiste, est éthiopienne, elle vit aux U.S.A et, comme souvent, est devenue écrivaine alors que sa famille la voyait médecin. Elle le fait pour y trouver les réponses à des questions sur la guerre civile qu’elle n’obtient pas de sa famille.

Ca suffit pour la semaine, non ? Retrouvons-nous pour la prochaine.

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