Encore des poètes cette semaine, Adonis et Baudelaire, l’amour de la beauté et le scepticisme de l’un répondent à ceux de l’autre par-dessus les années. Beaucoup de femmes aussi dans le Figaro, du passé des fêtes parisiennes aux auteures contemporaines plus variées. Et puis quoi d’autre ? Ah oui, Proust.
Teaser Audio de la semaine
Les unes
Baudelaire et les images sont chez « Quarto » nous avertit Muriel Steinmetz en une du cahier livre de l’Humanité.
Un ouvrage construit et mené à bien par Henri Scepi en 1828p, dont 310 de documents iconographiques remarquables, qui dit à quel point les images ont compté pour Baudelaire. Il écrit à leur sujet car en tout poète il y a un critique : « Il est original, impartial. Son verbe est suggestif, son regard aigu, son goût sûr. » Il mêle sans cesse poésie et peinture et ce volume restitue le lien profond établi entre les deux par Baudelaire sur l’ensemble de sa vie. Une découverte, visiblement.
« Sur quels principes est fondée votre révolution ? Une révolte contre la tyrannie ? Mais celle-ci structure toute la société arabo-musulmane. Il faut proposer quelque chose de fondamentalement meilleur que le régime en place. » un théoricien politique ? Non, un poète Celui qui a choisi Adonis pour nom de plume. Et pour qui ce nom a été comme une révélation, au moins pour accéder à la publication.
A 91 ans, cet auteur qui appartient au club fermé des favoris du Nobel (Borges, Le Carré, …) dit les choses sans ambages en se confiant à Hala Kodmani. C’était samedi dans LibéL. L’interlocutrice en vient à poser la question : Et qu’en est-il du poète dans ces prises de positions politiques ? « La poésie ne change pas le monde, elle donne une nouvelle idée du monde, que les gens aiment ou pas. »
La une de La Croix pour le nouveau livre de Régis Boyer par ailleurs chroniqueur dans ce même journal et directeur des éditions P.O.L ; un livre dans lequel un homme cherche, à travers les deuils qui l’ont marqués, comme une scène primale et la trouve.
Souvenir d’enfance du meurtre d’un lièvre accompli par un voisin. L’enfant y perd à jamais son innocence et Francine de Martinoir avance : « On songe à Bernanos, sûr de retrouver après la mort l’enfant qu’il était. Deux approches d’un même mystère : le narrateur de Frédéric Boyer a, lui, moins de certitude. » La quête du livre est assumée « l’énigme de la mort – où sont les êtres qui nous ont quittés ? – et celle du mal, qui nous attire et résiste en nous » Le Figlitt consacre également un article à cet ouvrage.
Charles Enderlin et Sophie Bouillon se partagent la une du LibéL de ce jeudi avec leurs ouvrages consacrés à l’art du journalisme en terre étrangère, le premier en Israël avec toutes les difficultés que cela suppose, et notamment celle d’être sans cesse accusé d’appartenir au camp adverse.
La seconde est correspondante à Lagos et se rend compte, petit à petit que l’indignation peut devenir insoutenable en terre africaine et qu’il vaut mieux s’adapter à une vie extrêmement violente que monter tout de suite sur les grands chevaux de l’éthique.
Beaucoup de femmes dans le Figaro littéraire, qui ouvre sur un dossier consacré aux grandes figures féminines de la littérature ; ambiance mondaine, comme le souligne Etienne de Montety dans son éloge de Jacqueline de Ribes « (pas de MeToo, de réunions non racisées, ni de bilan carbone), mais une société qui célébrait le beau, la gaieté, la courtoisie, autant de dieux que l’on a longtemps cru nécessaires à la civilisation. »
Nathalie Barney, Louise de Vilmorin, Colette, un article d’Alice Develey consacré au livre D’Anne Glenconner Dame d’honneur ; le dossier fourmille de rappels de l’âge d’or des bals, des aventures et du luxe, des amis, des confidents (Jean Chalon Dames de cœur et d’ailleurs).
On retrouvera des femmes plus contemporaines dans l’actualité courante du journal, Sophie Oksanen, Elizabeth Howard pour le troisième volume de sa saga Les Cazalet et, en dernière page, le portrait de Delphine Horvilleur, rabine mais qui affirme en titre « Mon métier, c’est conteur ».
On notera dans la page Histoire l’étonnant « Femmes de papes » (Bénédicte Lutaud,) dont Jean -Marc Bastière dit « souvent intransigeantes, parfois autoritaires, voire controversées, ce ne sont pas des saintes » Un cahier livre réussi.
Une seule femme en une du Monde des Livres mais une femme prix Nobel. Monique Pétillon fait le point sur l’actualité de Louise Glück qui non seulement est poète, new-yorkaise et reconnue internationalement mais à peu près inconnue en France à l’exception de la revue PO&sie : « La fragilité de la beauté menacée s’exprime par le splendide détour de la voix prêtée au Coquelicot rouge. Ou par la « terreur » d’un homme et d’une femme qui, un soir d’été, s’attardent près du jardin : « Tout, tout/ peut disparaître, à travers l’air embaumé ».»
Si de nombreux noms qu’elle fournit elle-même ou que d’autres prononcent à son sujet de Sylvia Plath à Cavafy en passant par Pound ou Rilke, elle échappe aux groupes et aux définitions comme le soulignait dès 1985 sa première traductrice, Linda Orr. Réparation donc « d’un oubli surprenant » nous dit la critique.
Dans le pêle-mêle.
Cette semaine c’est au tour de l’Huma de rendre hommage à Ryoko Sekiguchi et son étonnant livre de cuisine rédigé…à Beyrouth.
Pas un livre de pesée et de comptage insiste Alain Nicolas mais « une mise en valeur des variations des sensations, des gestes grâce à quoi le plat accède à quelque chose d’universel » du même coup « chaque plat est une page. L’autrice réfléchit au mode d’écriture d’une recette : vers, prose, et pourquoi pas une tragi-comédie ? »
Denis Grozdanovitch et son nouvel ouvrage La vie rêvée du joueur d’échecs réapparaît salué par Macha Séry : « l’écrivain partisan des digressions mais aussi de la modération et qui, aux logiciens, préfère ceux qui font un pas de côté, « les souples d’esprit ». »
Du côté de chez Proust, dossier du MDL : « Les aubépines embaument, mais « la vieille bonne » n’a pas encore les traits de l’immuable Françoise, et Swann, le double esthète et donc stérile du narrateur, n’est pas sorti des limbes. Si le texte distingue déjà l’anxiété ordinaire et l’angoisse créatrice dans la quête libératrice d’une « joie immense », la problématique de la mémoire involontaire s’y devine à peine, à travers un rideau d’arbres insaisissable. »
C’est l’aveu légèrement mélancolique de Bertrand Leclerc lequel contraste singulièrement avec le ravissement d’Antoine Compagnon (dans le Figlitt la semaine dernière.)
Index des auteurs cités dans les suppléments littéraires de cette semaine (cliquer ici pour télécharger)
L’humanité | |||
Auteur | Editions | Titre | Page |
SCEPI Henri | Gallimard | Charles Baudelaire, la passion des images, œuvres choisies | 1 |
SEKIGUCHI Ryoko | POL | 961 heures à Beyrouth (et 361 plats qui les accompagnent) | 2 |
BONNETTO Jérôme | Inculte | Le silence des carpes | 2 |
THOMAS David | Editions de l’Olivier | Seul entouré de chiens qui mordent | 3 |
KHADRA Yasmina | Mialet-Barrault Editeurs | Pour l’amour d’Elena | 3 |
VAN METER Crissy | La Croisée | Créatures | 3 |
HAZAN Eric | La Fabrique Editions | Le tumulte de Paris | 3 |
IVORRA Pierre | Eyrolles | Soigner l’hôpital. Des remèdes pour sauver notre système de santé | 4 |
Libération | |||
Auteur | Editions | Titre | Page |
BOUILLON Sophie | Premier Parallèle | Manuwa Street | 1 |
ENDERLIN Charles | Don Quichotte | De notre correspondant à Jérusalem | 1 |
COHEN Samy | Fayard | Isarël, une démocratie fragile | 3 |
VESCOVI Thomas | La Découverte | L’échec d’une utopie, une histoire des gauches en Israël | 3 |
TRAVERSIER Mélanie | Seuil | L’harmonica de verre et miss Davies. Essai sur la mécanique du succès au siècle des Lumières | 4 |
CARSON Rachel | Corti « Biophilia » | Le sens de la merveille | 4 |
Le Figaro | |||
Auteur | Editions | Titre | Page |
MATTERN Jean | Sabine Wespieser éditeur | Suite en do mineur | 1 |
BONA Dominique | Gallimard | Divine Jacqueline | 2 |
CHALON Jean | La Coopérative | Dames de cœur et d’ailleurs | 3 |
GLENCONNER Anne | Les Escales | Dame d’honneur | 3 |
MEVEL Matthieu | Gallimard | Un vagabond dans la langue | 4 |
BOYER Frédéric | Gallimard | Le lièvre | 4 |
DIVRY Sophie | Notabilia | Curiosity | 4 |
OKSANEN Sofi | Stock | Le parc aux chiens | 5 |
COE Jonathan | Gallimard | Billy Wilder et moi | 5 |
CABRERA INFANTE Guillermo | Arthaud | La nymphe inconstante | 5 |
COMBEAU Yves | Cerf | Toujours prêts | 6 |
LUTAUD Bénédicte | Cerf | Femmes de papes | 6 |
LE PAGE Jean-Marc | Passés/Composés | La bombe atomique | 6 |
HOWARD Elizabeth Jane | Quai Voltaire | Confusion (La saga des Cazalet III) | 7 |
Héaume Stéphane | Rivages | Sœurs de sable | 7 |
BONHOMME Matthieu | Lucky comics | Wanted Lucky Luke | 7 |
HORVILLEUR Delphine | Grasset | Vivre avec nos morts | 8 |
OZ Amos | Grasset | Jésus et Judas | 8 |
La Croix | |||
Auteur | Editions | Titre | Page |
BOYER Frédéric | Gallimard | Le Lièvre | 11 |
WALSER Robert | Zoé/Poche | Vie de poète | 12 |
SEELIG Carl | Zoé | Promenades avec Robert Walser | 12 |
ANDREA Jean-Baptiste | L’iconoclaste | Des diables et des saints | 13 |
SPIRE Kevin | Gallimard | Monsieur Romain Gary | 13 |
WIHTOL DE WENDEN Catherine | Autrement | Atlas des migrations. De nouvelles solidarités à construire | 14 |
FERRARA Silvia | Seuil | La Fabuleuse Histoire de l’invention de l’écriture | 15 |
SCHMITT Jean-Claude | Gallimard | Le Cloître des ombres | 15 |
LUMEN VITAE | La crise de la Covid et ses impacts en pastorale | 16 | |
COLLECTIF | Salvator | A Compostelle. Hommages au chemin de Saint-Jacques | 16 |
JOAS Hans | Salvator | La foi comme option. Possibilités d’avenir du christianisme | 16 |
LAINE Loïc | Salvator | Heureux les sobres. Avec Laudato si’ pour une éthique de la sobriété | 17 |
MARIA ZUPPI Matteo; FAZZINI Lorenzo | Salvator | Tu haïras ton prochain. La fraternité n’est pas négociable | 17 |
TRUC Olivier | Métailié | Les Chiens de Pasvik | 18 |
PELOT Pierre | Gallimard | Les Jardins d’Eden | 18 |
HENAFF Sophie | Albin Michel | Voix d’extinction | 18 |
CRUMMEY Michael | Presses de la cité | Les Innocents | 18 |
REDONDO Dolores | Gallimard | La Face nord du cœur | 18 |