Le langage pourrait bien constituer le fil rouge de la semaine, fond de réflexion pour Marina Hands, marraine du Printemps des poètes, invention permanente pour Nostradamus qui joue à la fois sur les patois provençaux et les cryptages latins de la langue, langue de la surdité et pas seulement langage des signes.
Teaser Audio de la semaine
LES UNES
De langue il est donc question avec Marina Hands en ouverture du cahier livre de l’Humanité, essentiellement consacré au Printemps des Poètes.
« Enfant j’avais des difficultés avec la lecture, c’est donc par l’oralité que je peux comprendre. Il y a souvent une très grande sensibilité dans le choix des mots, les sonorités les agencements » souligne-t-elle à propos de la poésie.
Elle est sensible en fait à tous les états de la langue « une très grande forme peut accompagner un très grand fond » mais aussi aux langues en général « on peut la voir sur le site du printemps des poètes lisant La langue d’Anna » de Bernard Noël, dans la cour d’Honneur du palais des Papes » nous dit Muriel Steinmetz pour clore l’entretien. Courons-y !
« Il est difficile de dire qui était Nostradamus », c’est un philosophe, Robert Maggiori, qui l’affirme en une du LibéL de ce jeudi.
C’est pourtant la tâche à laquelle Mireille Huchon s’est attelée en bonne seiziémiste.Elle s’attache au personnage ; son parcours est celui d’un érudit du seizième siècle, versé en « pharmaceutrie, (mixte de pharmacie et de magie) (…) philtres d’amour, soins du visage et « fardements » divers (eaux et huiles de senteur, dentifrice, lait virginal, savon, teintures de cheveux). »
Mais bien entendu ce sont ses quatrains mystérieux qui établiront sa renommée à travers almanachs et horoscopes. Il les écrit en mélangeant plusieurs sources linguistiques, français, latin, italien et provençal.
Pour le Monde des livres, le poète est Damien Murith, Suisse, vivant au milieu de la forêt et composant en marchant.
« Quand une écriture se tient sur la crête des mots, prévient jean Birnbaum, elle déplace leur sens pour élever la langue, s’abandonne à eux pour s’en remettre à plus haut que soi, on l’abaisse toujours un peu en plaquant sur elle quelque commentaire » des citations donc et quelques formules « nous nous sommes isolés dans des forteresses aux murs sans horizon où la bouche pleine d’orties nous conjuguons le sentiment d’injustice. »
Sabine Audrerie consacre la une de Livres et idées à Zoé Besmond de Senneville qui publie Journal de mes oreilles, dans lequel elle fait partager au lecteur ses sentiments « journal de la colère et de l’apprentissage de la douceur. »
La jeune comédienne raconte comment à 25 ans elle a commencé non seulement à perdre l’ouïe mais également à souffrir des oreilles et comment après quelques échecs « Le mot guérison se retourne enfin, devenant un avenir accepté, une force même et non plus une quête vaine. »
L’Ecossais Peter May produit beaucoup nous prévient Alexandra Schwartzbrod dans LibéL de samedi dernier, et toujours de façon paradoxale. Ecossais, il vit en France dans le Lot, ce n’est pas très étonnant, mais il est également l’un des piliers des éditions du Rouergue alors qu’il dispose d’un éditeur en Angleterre.
Il change souvent de terroir, passant de la Chine au Lot aux terres du nord de l’Europe. Il a également écrit un roman sur une pandémie, née d’une variation de la grippe qui oblige les Anglais à se confiner tandis que le premier ministre doit se faire hospitaliser, son éditeur anglais le refuse au motif qu’il est invraisemblable, mais il est publié cette semaine par le « Rouergue noir » collection créée spécialement pour lui.
Après la « Pléiade » le voici dans « Bouquins », Jean d’Ormesson continue de peser sur les lettres en gros volumes – Correspondances classées en catégories par Eric Neuhoff dans le dossier du Figaro littéraire : les amis (Déon , Nourrissier, Mohrt), les maîtres (Levi-Strauss Caillois, Aron), les femmes, les politiques, etc.
Quelques extraits illustrent également l’ensemble. A Déon : « Appelle-moi quand tu reviens et viens fumer un cigare pour que les autres n’en aient plus », des épines donc, mais peu de roses.
Dans le pêle-mêle
S’il reçoit moins d’éloges que lors de son entrée fracassante dans le monde littéraire, le dernier roman d’Imbolo Mbue narrant la résistance d’un village face aux puissances pétrolières, après des années d’exploitation et de destruction de la nature et des habitants trouve un écho dans Figlitt.« La voix âpre, charnelle et spirituelle d’Imbolo Mbue a ceci de singulier qu’elle est nuancée, balancée. »
Dolores Redondo, « reine du polar espagnol » intéresse quant à elle, Thierry Clermont qui s’attache au talent de construction de la romancière, elle qui « multiplie les couches narratives sur ses soixante-dix-sept chapitres » et « fait montre de son talent de portraitiste et de son art du récit ».
Les ratés de l’aventure de la mondaine puis/et aventurière Titaÿna ressurgissent dans La Croix, portraits pleins de désillusions, ceux d’Occidentaux égarés aux antipodes » nous dit Sabine Gignoux.
Le MDL s’offre également une session de rattrapage, avec le roman expérimental d’Hélène Frappat, « Le livre est devenu l’histoire de l’élaboration de ce roman : un autoportrait de l’écrivaine au travail. Elle y figure elle-même, devenant « pure écoute », notant sur son carnet les récits que lui offrent ses interlocuteurs. »
Dans le même supplément, le portrait d’Annie Le Brun qui après Sade et le surréalisme, s’intéresse au regard aujourd’hui pour en dénoncer l’affadissement comme il y a vingt ans elle avait fait pour la langue.
L’article de Jean-Louis Jeanelle ne saurait se laisser résumer sinon par une formule qu’il utilise « En somme, Annie Le Brun ne triche jamais. Son exigence d’authenticité et de radicalité traverse toute son œuvre (…) D’André Breton, elle hérite en particulier la conviction que la vie courante, dont presque tous s’accommodent, n’est pas supportable. »
Une bonne semaine à tous !
Index des auteurs cités dans la presse de cette semaine (cliquer ici pour télécharger)
L’humanité | |||
Auteur | Editions | Titre | Page |
FORTE Frédéric | POL | Nous allons perdre deux minutes de lumière | 2 |
MOUSSEMPES Sandra | Flammarion | Cassandre à bout portant | 2 |
SARNER Eric | Gallimard | Sugar | 3 |
DESBAZES André | Flammarion | La moitié de la vie | 3 |
DALEMBERT Louis-Philippe | Points Poésie | Ces îles de plein sel et autres poèmes | 3 |
DIAMANKA Souleymane | Même collection | Habitant de nulle part, originaire de partout | 3 |
DOUCEY Bruno; RENARD Thierry | Bruno Doucey | Le désir aux couleurs du poème | 3 |
Collectif | Castor astral | Le désir en nous comme un défi au monde | 3 |
MAUREL Chloé | L’Harmattan | Les grands discours à l’UNESCO de 1945 à nos jours | 4 |
ROBIN Marie-Monique | La Découverte | La fabrique des pandémies | 4 |
MOREL François; OLIVEIRA Victorine | Philo magazine | Au comptoir des philosophes | |
VÖRÖS Florian | La Découverte | Désirer comme un homme | 4 |
Collectif | Albiana | Décaméron 2020 | 4 |
Libération | |||
Auteur | Editions | Titre | Page |
HUCHON Mireille | Gallimard | Nostradamus | 1 |
FAYE Olivier | Fayard | La conseillère | 3 |
DE RUDDER Chantal | Editions de l’Observatoire | Un voile sur le monde | 4 |
BOLL | Le Tripode | Le numéro que vous avez demandé n’est plus attribué | 4 |
Le Figaro | |||
Auteur | Editions | Titre | Page |
SZEPESSY Andrew | Rivages | Aux éternels perdants | 1 |
D’ORMESSON Jean | Bouqins/Littérature | Des messages portés par les nuages | 2 |
LEROY Gilles | Mercure de France | Requiem pour la jeune amie | 4 |
ROGER-LACAN Cyril | Grasset | Derniers jours | 4 |
THOMAS David | Editions de l’Olivier | Seul entouré de chiens qui mordent | 4 |
ELON Emuna | Albin Michel | Une maison sur l’eau | 5 |
MBUE Imbolo | Belfond | Puisssions-nous vivre longtemps | 5 |
BURNS Anna | Joëlle Losfeld | Milkman | 5 |
MARY Luc | Buchet Castel | La France en colère | 6 |
LAGOUYETE Patrice | CNRS Editions | Les coups d’etat | 6 |
REDONDO Dolores | Serie Noire | La face nord du cœur | 7 |
ANTONESCU Raluca | La Baconnière | Infloréscence | 7 |
MUNUERA José Luis | Dargaud | Bartleby, le scribe | 7 |
GLÜCK Louise | Gallimard | L’iris sauvage | 8 |
GLÜCK Louise | Gallimard | Nuit de foi et de vertu | 8 |
La Croix | |||
Auteur | Editions | Titre | Page |
BESMOND DE SENNEVILLE Zoé | Flammarion | Journal de mes oreilles | 11 |
ROUAUD Jean | Grasset | La Constellation Rimbaud | 12 |
HALFON Eduardo | Quai Voltaire | Cancion | 12 |
HATZFELD Jean | Gallimard | Là ou tout se tait | 13 |
TITAŸNA | Marchialy | Les Ratés de l’aventure | 13 |
BONI Livio; MENDELSOHN Sophie | La Découverte | La Vie psychique du racisme | 14 |
COLLECTIF | PUF | L’Epreuve de la discrimination | 14 |
BEAUD Stéphane; NOIRIEL Gérard | Agone | Race et sciences sociales | 14 |
DUPUY Jean-Pierre | Seuil | La Catastrophe ou la vie. Pensées par temps de pandémie | 15 |
LE GOFF Jean-Pierre | Stock | La Société malade | 15 |
RENAUT Alain; LAUVAU Geoffroy | PUF | Vulnérables. Une philosophie du risque | 15 |
CHAUVET Louis-Marie | Cerf | Dieu, un détour inutile ? | 15 |
RASTOIN Cécile | Cerf | Edith Stein | 16 |
COLLECTIF | Cerf | Dieu guérit-il encore ? Ressources liturgiques discernement œcuménique | 16 |
DROUIN Gilles | Bayard | Guérissez-les ! Soin, santé, salut dans les Eglises chrétiennes | 16 |
POUSSIER Thomas | Salvator | Le Secret de confession | 17 |
BERAUD Céline | Seuil | Le Catholicisme français à l’épreuve des scandales sexuels | 17 |
POMIAN Krysztof | Gallimard | Le Musée, une histoire mondiale. II. L’ancrage européen 1789-1850 | 18 |
PONZIO Fabio | Actes Sud | A l’est de nulle part | 18 |
KUMA Kengo | Editions Parenthèses | Une vie d’architecte à Tokyo | 18 |