L’actu & les unes
Cette semaine, comme chaque année en novembre, l’actualité se fait plus lointaine ; des figures du passé, voire de l’Histoire, reviennent : Homère, Sand, et dans une moindre mesure, Denis Roche. D’autres semblent disparues comme José Donoso.
Les unes
Pourquoi ne pas redécouvrir Sand ?
C’est l’objet du cahier du Figaro littéraire de ce jeudi, « romancière d’abord » nous dit la une. Ses romans sont publiés dans la « Pléiade » en deux volumes. Christophe Mercier souligne la richesse de son œuvre qui ne saurait se cantonner à « ses romans champêtres » : « elle a traversé près d’un demi-siècle, et souvent initié plusieurs courants littéraires » Et de rappeler les champs de son activité : féminisme, roman ouvrier, la science-fiction, roman gothique et en outre « elle écrivit magnifiquement sur les artistes et notamment sur la musique. » Cette richesse et cette diversité sont également soulignées par Thierry Clermont qui aborde l’auteure sous l’angle de la correspondance qu’elle entretint avec Dumas, père et fils. Ce dernier devenant quasiment son fils. En complément un entretien avec Danièle Sallenave.
Robert Maggiori nous exhorte à redécouvrir Homère dans le LibéL de ce jeudi.
Aussi surprenant que cela puisse paraître, il restait au moins une lacune dans l’appréhension et la publication de son œuvre : « il est plaisant de constater qu’elle vient d’être comblée justement à l’heure où le passé semble ne plus aller au-delà de quelques mois et où des pseudo-modernistes aux grands pouvoirs et aux idées courtes s’acharnent à tuer l’enseignement de la langue grecque (et latine). Il restait à publier Tout Homère » Le livre de 1296 pages contient en effet les textes les plus connus mais aussi toutes les variantes d’un Homère poète dont on ne sait pas grand-chose mais tout de même « Homère est né cent soixante-huit ans après les événements de Troie » : soit en 1102 avant notre ère (la guerre de Troie aurait eu lieu ou se serait terminée en 1270) ». Aussitôt tempéré par cette formule « mais rien n’est moins sûr ». Bref une partie du mystère demeure mais le travail d’édition est remarquable.
Denis Roche est en une du Monde des livres.
A double titre, auteur de deux ouvrages de référence quant à ses lectures et comme photographe. Pour ce qui est des lectures ce sont les Essais de littérature arrêtée Nils C. Ahl précise que le texte a été établi avec l’aide de sa femme, « l’une des figures centrales, le cœur et le corps battant, à la fois complice et destinataire » car il est question de texte et de photographies « d’une rare puissance érotique, d’une précision quasi clinique (photographique en fait) et, dans la foulée, se laissant aller à des fulgurances désarmantes. »
Des idées dans La Croix en ouverture de livres et idées
Le livre que Jean-François Bouthours et Jean-Luc Nancy consacrent à la démocratie et il en faut du courage tant l’idée est à la fois honnie et galvaudée. Elodie Maurot souligne l’efficacité du duo et de sa méthode : « Avec une grande finesse, l’ouvrage complexifie la typologie de régimes politiques habituellement classés entre régimes basés sur un principe fondateur extérieur à la cité (…) et régimes reposant sur les normes qu’une communauté se donne à elle-même. »
SPECIAL SAINT-NAZAIRE dans l’Huma.
Ce jeudi le quotidien rend hommage aux journées de la MEET (Maison des Ecrivains Et Traducteurs) avec l’ouvrage collectif de rigueur Comment ça commence, les villes invitées pour un pont plus qu’une battle Amsterdam et Casablanca. On remettra au passage un prix à Olga Tokarczuk et sa traductrice (troisième Nobel de la MEET).
Dans le pêle-mêle
Nina Allan continue de séduire la critique avec son étrange roman dans lequel une jeune fille disparaît puis réapparaît dans un contexte à la fois « merveilleux et scientifique » comme le souligne Alice Develay dans le Figlitt. Autrement dit, comme disparue dans un contexte extra-terrestre.
Jérôme Garcin continue de séduire, à moins que ce ne soit Gérard Philippe dont il trace les derniers instants « récit où les saisons se mêlent pour se confondre en une seule, ultime » de même souligne Xavier Houssin dans le MDL l’auteur mêle son propre destin et son œuvre, une qui trouve sa cohérence.
Les Portraits de la semaine
Eric Faye dans son roman La télégraphiste de Chopin (salué cette semaine par J-C Lebrun dans l’Huma) évoque le tournant du portrait au XIXe siècle. Les deux illustrations proviennent du Figlitt de ce jeudi, elles représentent Georges Sand
« Il avait fait partie de la première génération d’hommes illustres à avoir été peints tout d’abord, avant de finir leur photographiés. Chopin était passé de la couleur au noir et blanc, de la même façon que la cantatrice Konstancja Gladkowska, son premier grand amour, avait d’abord vécu peinte pour vieillir en noir et blanc dans ce que nous appelons le « réel ». »
Une figure disparue de la littérature latino-américaine et pourtant célébrée par ses pairs, José Donoso revient avec un roman traduit chez Belfond L’obscène oiseau de la nuit. Stéphane Lançon interroge dans le LibéL de samedi « Le roman qui fut si important est-il encore lisible ? Que nous dit-il des lecteurs qu’il a passionnés, des lecteurs que nous sommes ? Comment son auteur l’a-t-il écrit, vécu ? De quel enfer est-il sorti ? »On le sait grâce à un livre publié par sa fille (non disponible en français) et qui raconte les cahiers intimes de ses parents. Père parfois en proie à des crises de démence, mère alcoolique et sous antidépresseurs.
Abd Al Malik n’est pas seulement un écrivain, il est aussi musicien et metteur en scène il « cultive la pluridisciplinarité, sans jamais se perdre. » Le MDL dresse son portrait en dernière page. Celui d’un homme tranquille et assuré qui saisit les éléments de sa vie dans sa propre fiction un roman, méchantes blessures dans lequel son double est un rappeur confronté à la violence et qui vénère les livres. Une semaine assez riche, donc.