Dans l’attente des prix et tandis que les cahiers livres de nos quotidiens achèvent de rendre compte des parutions de la rentrée, ils se tournent aussi volontiers vers des figures plus éloignées dans le temps, panthéonisées par une édition de prestige ou tout simplement ramenées sur le devant de la scène par un ouvrage ou un témoignage.

 

Les Unes

La guerre, un révélateur avance l’équipe du Figaro littéraire dont la une (et le dossier) sont consacrés aux écrivains pendant la guerre, à l’occasion de la publication ou de la réédition de plusieurs livres.

D’abord les journaux de guerre de Sandor Marai et d’Evelyn Waugh ; le premier est hongrois, subit les avanies de nombreux régimes totalitaires et doit abandonner à son domicile les livres qui sont sa vie, le second, anglais qui fera sa guerre chez les Royal Marines puis dans le renseignement, vit une guerre façon service militaire. Le premier est édité par Albin Michel qui a réalisé ce volume à partir de l’immense journal laissé par l’écrivain : travail « réalisé avec minutie et intelligence » nous dit Bruno Corty, le second l’est par les Belles Lettres.

Deux inédits que vient compléter un roman, celui d’Ulrich Boschwitz, contraint de fuir l’Allemagne ; « les nazis lui rappellent que son père, homme d’affaires converti au christianisme et mort au front avant sa naissance, était juif ». C’est le sujet d’un roman Le Voyageur, dans lequel un homme d’affaires juif se voit contraint à l’errance. L’auteur disparaît dans le torpillage d’un paquebot britannique par la marine allemande nous apprend Astrid de Larminat ; à redécouvrir (Grasset).

Enfin Chris Kraus fait avec La fabrique des salauds, l’inventaire de sa propre famille en version romancée, celle de son grand-père membre des Einsatzgruppen notamment mais il va plus loin, du début du siècle aux années soixante-dix (Presses de la Cité).

Philo pour Le Monde des Livres en partenariat avec le forum philo du Mans.

Notre cahier s’ouvre avec Achille Mbembé dont le texte est reproduit en première page : « la reconnaissance de la différence est le point de départ d’une politique du semblable ou, mieux, d’une politique de l’en-commun » beaucoup de questions et d’intervenants autour de la question de l’identité, Vincent Descombes, Nathalie Heinich, Carlo Ossola, séance conclusive avec Alain Finkielkraut, peut-être aurait-il fallu faire le chemin à l’envers.

Autre chemin, de JK Huysmans à André Schwartz-Bart, du Libé des livres de samedi à celui d’aujourd’hui.

« Il n’est pas tiède, il polémique partout » dit de Huysmans André Guyaux qui le fait entrer avec Pierre Jourde dans la Pléiade. Frédérique Roussel complète : « un écrivain sarcastique, observateur acéré d’un Paris en mue, d’une bourgeoisie bête et bêcheuse, lui-même étant un éternel insatisfait. » Un célibataire endurci comme on dit, dont la vie se passe sans femme fixe.

André-Schwartz-Bart rencontre la sienne en un coup de foudre et passe sa vie avec elle. Huysmans est le premier président de l’Académie Goncourt, André Schwartz-Bart reçoit le prix au milieu d’un ouragan de polémiques, la moindre n’étant pas le fait que, juif, il soit le concurrent de Blondin.

On lui reproche à la fois de vouloir faire un best-seller, de se plaindre trop mais aussi de mal servir sa communauté, les reproches viennent de partout mais le livre est un succès. Et il demeurera avec Simone, sa femme dans une communauté d’idée et d’écriture mêlant esclavage et génocide, en avance sur leur temps et sans demander de comptes.

Claro en une du Rendez-vous des livres de l’Huma pour son roman, premier d’une trilogie, Substance (Actes Sud).

Étrange roman dont le personnage principal est un orphelin doué pour le spiritisme, « Claro crée un monde peuplé de tous les personnages et décors de l’occultisme façon XIXe, qu’il tient à distance avec le sens de la farce qu’on lui connaît. » nous dit Alain Nicolas et de saluer « l’oeuvre d’un écrivain dont on ignore encore la grandeur. »

Pas de cahier livre dans La Croix cette semaine.

Dans le pêle-mêle

Thierry Clermont dit tout le bien qu’il pense du livre d’Emmanuelle Pirayre Chimère, lequel narre de façon drolatique les aventures d’une commission de Bruxelles chargée de plancher sur le temps libre ; titre qui résume et donne envie « Jacques Tati chez « Koh Lanta » ».

Le livre d’Hubert Haddad sur le ghetto de Lodz a droit aux lignes du Figlitt après avoir fait l’unanimité dans la presse.

Philippe Forest est chroniqué par Muriel Steinmetz de l’Huma, qui voit dans son livre un texte qui met en scène sa propre création permanente.

Rattrapage également pour Nathacha Appanah avec Le ciel par-dessus le toit (Gallimard) dans le LibéL de samedi sous la plume de Claire Devarrieux, affaires de famille complexes qu’elle essaie d’éclaircir pour nous.

Roman éclatant de Miriam Toews, Ce qu’elles disent, raconte l’histoire de femmes violées au sein de la communauté mennonite et qui devront se battre pour faire reconnaître la vérité dans son entier.