Cette semaine les unes se partagent entre l’actualité immédiate, notamment celle de la littérature anglo-saxonne et les retours des écrivains de la rentrée ou de plus lointains à l’image de Joris-Karl Huysmans.

 

Les unes

C’est avec l’édition en Pléiade de J.K Huysmans, sorte de prix littéraire de la rentrée y compris dans sa dimension posthume, que s’ouvre l’édition hebdomadaire du Figaro littéraire.

Astrid de Larminat s’entretient donc avec Pierre Jourde, écrivain lui-même, et qui en a assuré l’édition en compagnie d’André Guyaux ; « Huysmans est paradoxal souligne-t-il, il réclame de l’artifice dans l’art mais aussi de l’authenticité. » Il souligne le caractère critique, ironique voire mordant de cet écrivain qui ne parvient pas, malgré sa conversion à ne pas critiquer l’église. Sébastien Lapaque complète le dossier par le rappel de sa vie à Saint-Wandrille curieuse abbaye au sein de laquelle il se consacre, entre autre à l’étude de la symbolique du Moyen-Âge. Il projette une communauté « un béguinage de moine laïcs à Ligugé » mais ne pourra aller très loin, car, nous dit le journaliste : « Hélas, ce n’est plus le « vieux parti bénédictin » que Huysmans et Dom Besse ont trouvé sur leur route, mais la République anticléricale. » moyennant quoi il devient dans la suite « le premier président de l’académie Goncourt en 1903 » Entre moine et mondain, c’est le combat de l’écrivain.uysmans

 

La une du Monde des livres est pour Seth Greenland et son roman de splendeurs et misères. « Mécanique de la chute est l’antiroman américain par excellence. « Successstory » à l’envers.

Fulgurante « failure-story ». » nous dit Florence Noiville dans le Monde des Livres. Elle esquisse un parallèle entre l’auteur américain et son devancier Tom Wolfe. Là aussi on peut lire un effondrement, un bûcher des vanités, le naufrage de Jay Gladstone, milliardaire américain dont tous les aspects de sa vie se trouvent brusquement remis en question. La semaine dernière, Sophie Joubert de l’Huma allait un peu plus loin sur la nature de « l’accident » qui entraîne la ruine, à savoir l’assassinat de la star afro-américaine de son équipe de basket, surpris au lit avec sa femme. « Comédie humaine menée avec maestria, Mécanique de la chute tend un miroir à une Amérique en feu. » Sur fond de conflit inter communautaire, l’auteur évoque avec distance et parfois humour la fin d’une certaine Amérique. Intéressant à l’ère Trump.

 

Il semble bien que le supplément de La Croix se tourne désormais systématiquement vers son adn catho avec en une, et sur les trois pages d’un petit cahier qui en compte quatre, la présentation d’un ouvrage consacré à la crucifixion.

Bon, il s’agit d’un beau livre, le premier de la saison qui fait le tour des représentations consacrées à la scène de la crucifixion. Comme toujours ces variations sur un thème constituent une sorte de fil rouge qui trame à la fois l’histoire de l’art et celle de la religion.

Girl d’Edna O’Brian revient en une et cette fois dans le cahier de l’Humanité. Muriel Steinmetz souligne la prouesse de l’écrivain qui endosse l’identité de l’autre, une jeune fille de 14 ans que l’on enlève (Boko Haram) et qui parvient à s’enfuir mais qui sera rejetée par sa communauté.

La critique souligne le travail d’empathie et d’enquête effectué par la romancière qui pourrait se contenter de vivre des rentes de ses précédents engagements. N’oublions pas que son premier ouvrage a été brûlé en place publique dans son Irlande natale  et qu’il évoquait le sort des filles-mères

Dans le pêle-mêle.

Derniers articles pour les futurs lauréats et déçus des prix littéraires. Ainsi d’Arno Dubois et La langue paternelle (l’Huma le MDL) : un livre pour évoquer la figure de Gafdhi, le père raconteur d’histoires mais aussi personnage complexe et confus toujours entre colère et création.

Les portraits.

Le Figlitt invite à rencontrer Mircea Cartarescu, écrivain roumain qui publie Solénoïde, une autobiographie qui invite à le rapprocher d’Elias Canetti. Il revient sur sa vie avant et après la chute des Ceausescu, sur la Bucarest fantomatique et angoissante de laquelle il parvient enfin à s’échapper. Ses thèmes fondamentaux, la littérature et les femmes sont complétés nous dit Thierry Clermont qui cite sa traductrice par « l’ultraprésence de l’anatomie est un trait de sa personnalité tout à fait original. Cela n’a rien de décoratif et n’est pas à rattacher à une quelconque préciosité, c’est une composante essentielle du travail d’écriture de Mircea Cartarescu. »

Samedi dans LibéL on pouvait croire un instant à un entretien avec le nouveau prix Nobel de littérature tant la silhouette et le visage cheveux longs, barbichette lunettes nous est familière, mais non point de Handke ! Didier Daenincks qui évoque aussi bien la nécessité de poursuivre les luttes que la rigueur de son écriture et la vie de sa bibliothèque.

 

Les dossiers. : Tolkien

Pour le Monde des livres, à l’occasion de l’exposition qui lui est consacrée à la BNF le journal revient sur son œuvre et les talents multiples (et parfois méconnus) de son auteur ; Tolkien emprunte non seulement à de nombreuses disciplines mais aussi à de nombreuses représentations artistiques : « Véritable voyage au cœur de la géographie imaginaire de l’auteur, l’exposition dévoile les trois piliers sur lesquels il a érigé son monde : les contes, les langues et la géographie. » nous dit Clément Martel.IL met l’accent sur le livre de Catherine McIlwaine, Tolkien, créateur de la Terre du milieu et Macha Séry propose un entretien avec Vincent Ferré, l’un des meilleurs spécialistes de l’auteur qui lève quelques ambiguïtés pour un auteur qui en présentait  beaucoup.