Les UNES
Une semaine de rentrée littéraire qui parcourt l’ensemble de l’actualité, poursuite du programme de découverte à l’Huma avec la une pour Sylvain Pattieu, tandis que le Figaro littéraire aborde sa deuxième livraison de nouveautés sous le signe de l’adolescence.
Libé et la Croix fusionnent (mais si) sous l’égide de marin Tince tandis que le Monde des Livres s’intéresse à Edna O’Brien, l’un des événements littéraires de la rentrée. Le Libération de ce jeudi s’intéresse pour sa part à une encyclopédie des drogues.
Sous le titre Les adolescents mettent le feu dans le roman, Le Figlitt pose son acte deux de la rentrée en faisant confiance à la jeunesse. Celle des héros bien sûr, jeunes, parfois enfants, révoltés, fugueurs et même meurtriers.
Victor Jestin, Marin Fouqué ou Mathieu Palain ont entre 25 et 30 ans et décrivent des adolescences finalement assez classiques fortement marquées par la douleur et la solitude. Signe des temps, dans trois des cinq romans présentés le football tient une place importante que l’on se perde dans une carrière sans issue, que l’on se batte pour un terrain, jusqu’au découpage en mi-temps du roman de Youssef Abbas dont le titre dit l’époque Bleu, Blanc, Brahms.
On retrouvera également une auteure déjà connue Kaouther Adimi et un primo romancier sur les listes du Médicis, Renaudot, Fémina pour son roman La chaleur. Le titre et le sujet, un crime non assumé, le font comparer à Camus, quant à Mohammed Aïssaoui il déclare : « C’était l’ambition de Flaubert : écrire sur rien. Le roman de Victor Gestin tient sur un fil ténu… Un tour de force » il y a des débuts de carrière plus difficiles.
Ceux de Marin Tince par exemple, primo romancier de la cinquantaine, ont été plus compliqués mais il est lui aussi récompensé.
Une de LibéL du samedi et celle de livres et Idées (La Croix) aujourd’hui. Un primo romancier comme on en rêve dans les contes de fées de l’édition : 700 pages, un manuscrit envoyé par la poste « On a échangé par mail. Moi j’étais au courant de rien, je suis de la plèbe, je suis dans mon trou, la rentrée littéraire pour moi c’est comme Roland Garros ou le Festival de Cannes. J’en ai rien à taper. » déclarait-il à Frédérique Roussel, c’est authentique mais cela ne suffit pas à faire un écrivain.
A Jean-Claude Raspiengeas il déclare « Vous ne savez pas dans quoi je marine. Je n’ai jamais eu de plaisir à écrire. Pour moi c’est comme une malédiction. » ça, ça fait très écrivain aussi. Et quant au livre ? « Avec sa gouaille argotique, Marin Tince remonte à la maternelle pour mener sa recherche du temps perdu. Il fait remonter des abysses le continent englouti d’une classe d’artisans, de petits épiciers et d’ouvriers, balayée, effacée, envoyée au rebut » dit le critique, l’auteur aura droit à la référence du Voyage.
« Nulle morale, nul apitoiement sous la plume somptueuse d’Edna O’Brien nous dit Florence Noiville dans le Monde des livres. Juste l’enchaînement brut des faits qui donne à ce récit furieux, tendu comme un jet de pierre, la puissance et l’universalité du mythe. »
La romancière irlandaise s’est choisi, à 88 ans un nouveau combat littéraire, restituer l’odyssée d’une jeune femme enlevée par Boko Aram, fille forcée à devenir femme et mère ; on assiste nous dit la critique à son monologue. Le titre est Girl, titre trompeur qui pourrait faire penser aux mémoires d’une fille du spectacle tandis qu’ici il s’agit d’évoquer la douleur d’une fille-mère qui est comme partout et comme toujours rejetée de sa communauté au nom du sang impur. C’est le combat D’edna O’Brien depuis ses débuts.
Sylvain, le prénom de l’auteur Pattieu trouve une justification dans son quatrième roman « Je m’appelle Sylvain (l’être des bois), et ce motif permet de faire parler des gens de toutes origines » L’auteur a donc ainsi accumulé un matériel fait de contes et de recherches sur la forêt, notamment la présence des enfants en son sein d’où le titre Forêt-furieuse.
Ce pourrait donc être un livre sur la forêt, l’arbre, autre thème en vogue en cette rentrée même s’il s’essouffle un peu. Mais Pattieu y ajoute le djihad, le djihad ? « J’ai toujours fait des livres hybrides, confie l’auteur à Muriel Steinmetz et il ajoute qu’il croise ses propres créations avec celles de ses « étudiants du master de création littéraire de Paris VIII où enseigne » résultat, un livre relativement difficile à imaginer sans le lire.
Spécialiste des mauvais genres pour LIbéL, Frédérique Roussel s’intéresse cette semaine à une anthologie consacrée aux écrivains et la drogue. Plus étonnant son auteure, Cécile Guilbert avoue son rapport intime à la question et classe ses écrits stupéfiants « par grandes familles et a repris pour cela la première de l’histoire, établie en 1928 par le pharmacologue allemand Louis Lewin »
On se promènera donc d’Euphorica en Phantastica ou Inebriantia, croisant Balzac, Clara Malraux, Gottfried Benn ou même Pessoa. On découvrira des noms car comme le soulignent l’auteure et la journaliste il s’agit ici « d’une histoire parallèle de la littérature par l’ampleur des sources qui parlent de drogues, qu’elles soient le récit des usagers eux-mêmes ou le vécu de personnages, en écartant la drogue comme accessoire dans une intrigue. »
Dans le pêle-mêle de l’actualité Jean-Luc Coatalem revient sur la vie de son grand-père, souvent engagé, souvent sauvé mais qui n’échappera pas à la barbarie nazie.
Son parcours est celui, rêvé, d’un aventurier engagé dans tous les combats justes du XXe siècle.
Natacha Appanah écrit régulièrement une chronique dans La Croix ce n’est pas une raison suffisante pour figurer en première page de son supplément critique : « Une plume légère, colorée empathique, compréhensive, inquiète, jamais agressive. » dit Jean-Christophe Ploquin alors qu’il s’agit d’un roman consacré à l’enfermement et à la famille. Le reste de la critique suit, elle figure sur la liste Goncourt de même que le Coatalem.