Les UNES

De la galanterie à la pornographie, il n’y a qu’un pas semble nous dire l’actualité de la semaine. Un pas de la une du Figaro littéraire à celle du cahier livre de Libération. Un autre pas nous éloigne  vers la Suisse pour le Monde des livres et pour La Croix ce sera le dernier roman de Sylvie Germain, tandis que l’Huma dresse une statue à Romain Gary pour son entrée dans la « Pléiade ».

La galanterie donc pour le Figlitt.n homme tient une femme dans ses bras pour l’aider à prendre pied sur la rive, voilà pour l’illustration de la Une, et un livre en ouverture du dossier La galanterie, sous-titre une mythologie française ; une mythologie explorée par l’historien Alain Viala et qui permet à Jacques de Saint Victor quelques saillies sur les féministes contemporaines américaines « réputées pour leur esprit de nuance ».

Le livre retrace l’’évolution du phénomène des salons XVIIIe qui accueillent les conversations entre sexes à la peur des femmes, du bourgeois XIXe. On notera que le choix des ouvrages pour le dossier fait la part belle à la monarchie (Histoire mondiale des cours) et à son immédiate postérité (Les genres de la Révolution).

La gravure qui illustre le LibéL ; un homme couché sur une femme sous les yeux de spectateurs-voyeurs des deux sexes et nous sautons directement de la galanterie au libertinage. Frédérique Roussel se régale à recenser l’ouvrage de Colas Duflo qui rapproche philosophie et pornographie. « un grand nombre de textes obscènes donnent en effet dans le débat entre le récit d’ébats. » ou bien encore « il y aurait de la matière dans ce nœud entre philosophie et pornographie ».

Au-delà de la légèreté on retrouvera, comme le sous-titre l’indique Les ambitions philosophiques du roman libertin jusqu’à la question centrale du bonheur ; il y a de la galanterie au sens de laisser une place aux héroïnes féminines dans cette littérature-là.

 

Comme à son habitude le Monde des Livres prend un peu d’avance avec la Comédie du Livre de Montpellier consacrée aux auteurs suisses, autrement dit à une image de l’Europe, étant entendu que la Suisse c’est ce grand melting-pot qui, fort de plusieurs langues et de plusieurs traditions culturelles selon que l’on est au bord d’un lac ou d’un autre, d’un côté ou de l’autre fait que l’on est publié dans un grand nombre de « maisons » françaises « mais on est bien loin des 3% de part de marché que l’édition suisse germanophone s’est acquis en Allemagne. » souligne Nicolas Weil.

Il évoque sur deux pages la présence mais aussi la modernité en action de cette littérature européenne plus ou moins entendue.

 

Sylvie Germain fait également son entrée dans l’actualité de cette fin d’année littéraire et scolaire avec une véritable histoire romanesque « récit d’une mise au monde » nous dit Elodie Maurot : un roman d’éducation dans lequel un enfant recueilli puis séparé de celui qui l’a sauvé part à sa recherche.

Jean-Claude Lebrun dans l’Huma rejoint sa consœur « aux convulsions du monde opposer ce qui donne sens à des existences » dit-il à propos de l’œuvre de Sylvie germain. L’enfant qui doit son éveil à l’homme qu’il recherche à présent mène son enquête sur l’identité profonde de celui-ci, émigré roumain contraint de fuir son pays mais généreux et cultivé. La confirmation d’une écriture.

 

Quant à Romain Gary il constitue l’événement « Pléiade » de l’année, confirmant cette collection dans son rôle de panthéonisation des lettres.

Double honneur, celui de la publication de ses romans et récits d’une part et de l’autre, un album qui retrace son existence de personnage, de figure emblématique de la seconde moitié du XXe siècle. L’éditrice de cette somme, universitaire Mireille Sacotte rappelle à Murielle Steinmetz le déficit de reconnaissance dont il a souffert « Il ne veut pas être reconnu comme écrivain populaire – ce qu’il est –  mais qui l’a fait mépriser par les tenants de la bonne langue. »

Elle en souligne également la dimension humaniste « Son humanisme consiste à placer l’homme au-dessus de tout en sachant très bien qu’il est très inférieur à ce que devrait être un homme. L’homme manque d’humanité » Ce caractère double, ambigu et incertain de l’homme marque à la fois l’écrivain et son œuvre.

 

Index des titres parus dans la presse de cette semaine :

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T09052019