Cette semaine l’Histoire est d’actualité ; antique, issue de la seconde guerre mondiale, onusienne ou bien encore concentrationnaire et sibérienne. Les ouvrages sont à l’avenant de cette variété, traductions, romans, enquête, témoignage. Une variété de thèmes et d’écriture séduisants pour un mois de longs week-end.

Pourquoi lire les classiques ?

C’est la question que pose le Figaro littéraire et par classiques, il entend ceux de l’Antiquité. Plusieurs traductions et retraductions paraissent, notamment autour de Virgile, ce qui permet à Jacques de Saint Victor d’affirmer « qu’il semble que le goût de Virgile et de ses bergers continuent à susciter des vocations. » celle de Frédéric Boyer par exemple qui revisite les Géorgiques, intitulés à présent Le souci de la terre. « Et la traduction de Boyer fait mouche », clarté et belle introduction consacrée à Virgile.

Les Belles Lettres se taillent la part du lion de cette actualité Iliade, Métamorphoses, Argonautiques, et deux figures tutélaires du goût pour l’Antique ressuscitées pour l’occasion : Pagnol et sa traduction des Bucoliques Jacqueline de Romilly pour l’ensemble de son œuvre bien sûr mais aussi pour un inédit recueil de quatre conférences intitulé Magie et rhétorique en Grèce ancienne.

 

A cette douceur antique répond une actualité violente ou inhumaine.

Dans les bagnes du tsar de H.Leivick expose l’inhumanité de la détention en Sibérie et Antoine Perraud insiste dans la Croix sur le fait que l’auteur tire de l’horreur un texte beau. « L’Histoire est tragique. Pour que la beauté le soit aussi, il faut restituer le réel en le recomposant ; il faut qu’un « je » s’extraie de la masse des êtres déportés pour nous mener dans des ténèbres ainsi palpables. » L’auteur, qui finira par s’évader et s’enfuir en Amérique, réussit ce mariage en rédigeant son récit alors qu’il atteint les soixante-dix ans. Retour sur la vie qui est aussi un retour sur les moments de gratitude « amitiés forgées – en dépit ou à cause d’une réduction à l’état d’esclaves. »

 

Plus loin dans le siècle agité, le suédois Dag Hammarskjöld est assassiné à la suite d’une conspiration bien réelle pour abattre son avion, dans le plus pur style barbouze, mais sans les effets comiques des dialogues d’Audiard. Frédéric Autran dans Libération raconte comment Maurin Picard a remonté les filières de cette affaire qui est directement issue de l’assassinat de Patrice Lumumba et de la question de l’indépendance du Congo ; mercenaires français, agents britanniques, intérêts économiques belges et d’Afrique du Sud avec, comme toujours à l’époque (1961) la CIA en guest-star. « La lecture tient en haleine, les révélations ébranlent. On parle tout de même d’un secrétaire général de l’O.N.U assassiné, une conspiration orchestrée par des états, des espions, britanniques en particulier, et des industriels

 

« Pour moi l’espoir est du côté des choses de l’esprit » nous dit cette semaine Michael Ondatjee dont le nouveau roman se situe pour sa part dans l’immédiat après-guerre, dans Londres en ruines, une Londres à la Dickens.

L’entretien qu’il accorde à Muriel Steinmetz de L’Humanité résonne comme une véritable réflexion sur l’art du récit. « Ce qui m’intéresse, C’est de découvrir la manière dont les personnages évoluent au fur et à mesure que j’avance dans la composition de mon texte. Je ne le sais pas forcément au début ».

Ondatjee écrit en suivant un projet mais pas nécessairement un plan, et crée des figures de truands à la Dickens en y mêlant des personnages plus attendus; il restitue l’atmosphère étrange de cette période durant laquelle la vie civile reprend ses droits. « Le sentiment m’intéresse davantage que l’atmosphère même si l’un naît de l’autre et vice versa »

Hors histoire cependant, les vampires font la une du Monde des livres après celle du Figaro la semaine dernière.

Les romans réunis en « Pléiade » réservent quelques surprises dont ce récit de Florence Marryat « sans croc ni sang » avec une vampire qui pratique « non l’exsanguination mais l’invisible ponction des énergies organiques » nous dit François Angelier. Des récits qui explorent les variations autour de la « charte esthétique du vampire anglo-saxon : homme ou femme, homme ou femme, hétéro ou homosexuel, dandy mondain ou seigneur reclus à la médusante hideur. » à défaut de personnages dans le temps et le monde, on découvrira l’obsession d’une époque.

 

Dans le pêle-mêle

Jorge Volpi est à la fois dans le MDL et le Figlitt cette semaine, pour son roman enquête sur Florence Cassez (déjà vu et plus ou moins apprécié par Stéphane Lançon).

A minima, nous dit-on c’est un travail sur les errements de la police mexicaine, un roman sans fiction comme il le définit lui-même, un travail qui ne se résume pas à une enquête mais revendique une nouvelle manière d’écrire.

On reparle également, dans La Croix, des grand-tantes d’Hervé Guibert, Suzanne et Louise qui figurent dans le roman-photo éponyme et réédité par Gallimard dans sa collection « L’arbalète ». Un texte à la fois étrange, tendre et inspiré.

De la lecture de distraction et de réflexion pour la paresse de mai…

 

Index des titres parus dans la presse de cette semaine :

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T02052019