Une semaine commémorative

La guerre, le combat du féminin dans la langue et le premier anniversaire de la disparition de Jean d’Ormesson.

 

Les Unes

Commençons par ce dernier qui occupe la une du Figaro littéraire et de La Croix ; Pas de purgatoire pour l’impétrant à la postérité. Il publie par-delà la mort et sera présent nous dit-on au théâtre et au cinéma.

Un réalisateur lui consacre un film, un réalisateur ? Laurent Delahousse. Des pages stupéfiantes d’hagiographie sous la houlette d’Etienne de Montety qui cloue au pilori la biographie écrite par Sophie des Déserts chez Grasset Le dernier roi soleil : « à quoi bon une biographie discutable qui jette une lumière crue sur ce qui a tant d’attraits en clair-obscur » Un accès immédiat à la postérité donc et sans droit d’inventaire s’il vous plaît !

La Croix insiste pour sa part sur le rapport de l’écrivain avec Dieu pour son dernier livre Un hosanna sans fin chez Héloïse d’Ormesson et le second tome de ses œuvres dans la « Pléiade ».

Sabine Audrerie pour sa part trouve la biographie de Sophie des Déserts intéressante, après tout l’auteure a longtemps fréquenté l’académicien et sa part « d’égoïsme solaire » pas sûr reconnaît la critique que tout fasse plaisir aux admirateurs de l’homme. Et si c’était un coup de Jean-Do pour accéder à cette postérité qu’il réclamait tout en la déniant.

 

Le ministre est enceinte, c’est le plaisant titre du dernier livre de Bernard Cerquiglini qui retrace La grande querelle de la féminisation des noms (c’est le sous-titre).

On pourrait résumer (abusivement) cet ouvrage en disant qu’il retrace la lutte entre l’idée et le décret. L’idée de féminisation des noms en français passe par des commissions mais dès qu’il s’agit de l’appliquer en décret les nouveautés sont décriées, voire injurieusement attaquées, notamment nous dit Claire Devarrieux par Georges Dumézil qui avoue ne pas pouvoir se passer d’un petit nombre de féminins dont « l’admirable substantif « conne » ».

Relou, l’indo-européaniste.(Seuil) et Minuit pour un autre livre du même L’invention de Nitahrd invention qui pourrait bien être celle de la langue française.

Commémoration-performance pour Jean-Yves Jouannais et son cycle de conférences consacrées à la guerre.

Depuis dix ans rappelle Sophie Joubert de l’Huma le critique-performer lit ses textes et ceux des autres consacrés à toutes les guerres du monde au Centre Pompidou.

Le livre MOAB, épopée en 22 chants (Grasset) recueille des textes « « une « bibliothèque de guerre » constituée au fil des années. De Pierre Guyotat à Roland Dorgelès, sont convoqués un millier d’auteurs dont la liste figure à la fin de l’ouvrage ». Il y a écriture dans ce montage « entre les narrateurs et les temps discordants » Chaque chant est introduit par un mot, la critique en donne un échantillon « Drapeau, Forêt, Clique, Boum » etc. L’auteur car auteur il y a cependant, « en creux » comme on disait beaucoup à une certaine époque retrace une histoire qui ne se prend pas au piège de l’esthétique mais assume la violence et la barbarie.

 

PORTRAITS.L’image photographique ayant envahi petit à petit le contenu des journaux et des suppléments littéraires, au grand dam des illustrateurs qui mettaient ingéniosité et culture au service de la littérature et des essais, le portrait d’écrivain est devenu une catégorie à part entière de l’information littéraire. Voici ceux de la semaine.

Une semaine anglo-saxonne – l’actualité française s’épuise – avec dès samedi Don Winslow dans LibéL, écrivains de polars noirs consacrés au trafic de drogue et tous ces à-côtés.

Homme tout en contraste, pour la légalisation de toutes les drogues histoire de mettre fin aux trafics et à la violence qu’ils génèrent mais aussi travailleur acharné « Je ne fais pas partie de ces écrivains qui attendent que l’inspiration se manifeste et leur murmura à l’oreille. Je me lève à cinq heures du matin, je me mets au travail à 5h30 jusqu’à 10heures. Puis je me promène ou je cours 5 à 10 kilomètres. Et je me remets sur mon ordinateur jusqu’à 17h30. » Il a été détective privé mais est marié à la même femme depuis trente ans et ne boit pas une goutte d’alcool. Mais, vrai, il parle comme un dur « Avant de commencer il faut tomber amoureux d’une idée. Si vous ne l’êtes pas ce n’est pas la peine. Toujours danser avec la femme qu’on aime. » et à propos des mots inutiles qu’il raye « chaque mot doit payer son loyer. » Bigre.

En dernière page du Figlitt, Alexandre Fillon nous emmène à la rencontre de Robert Harris auteur de thrillers historiques (Fatherland qui racontait le monde après la victoire de Hitler) il vit dans un presbytère près de Londres et vient de publier Munich chez Plon réécrivant l’histoire des accords de Munich.

Index des titres parus dans la presse de cette semaine :

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