Une semaine de recommandations

De la pensée et des échanges dans la livraison des cahiers livres nos quotidiens, échanges entre écrivains et chercheurs, tentatives de penser le monde, le rendre plus accessible mais pas nécessairement moins violent.

En une du Libé-Livres du jour, un géographe, (Libération leur offre chaque année un numéro spécial), Jean-Louis Tissier rend compte du travail d’une historienne consacré à une écrivain(e).

L’autre George, de Mona Ozouf est publié chez Gallimard et revisite l’œuvre et la vie de George Eliot dont le vrai nom est Mary Ann Evans. A l’instar de George Sand, Eliot commente son époque dans ses livres et c’est ce que l’historienne saisit avec justesse : « Mona Ozouf suit son auteure et montre combien ses récits documentés forment un triptyque des transformations de l’Angleterre victorienne dans ses campagnes, dans son bourgeonnement urbain, dans ses horizons impériaux et cosmopolites. » De quoi séduire un géographe mais aussi tous ceux qui eurent un jour à portée de main Le Moulin sur la Floss dont la renommée a été importante en France., professeur de géographie qui leur rend hommage.

Bruno Latour est aussi professeur, philosophe, et le voici donc critique littéraire en une de Livres et idées, le cahier littéraire de La Croix. Il rend compte du dernier roman de Richard Powers L’arbre-monde.

Les deux hommes se connaissent et le moins qu’on puisse dire est qu’ils s’apprécient « Si Powers fait entendre une voix si originale en littérature c’est qu’il mêle trois registres que personne d’autre n’est capable de faire résonner d’unisson. » et d’énumérer ces qualités, un « penseur », le « maître des structure narratives », le « don de poésie ». Les arbres sont au centre du récit bien davantage que les humains et c’est ce qui fait que le point de vue de ce livre est à la fois décentré et essentiel. (Le Cherche Midi)

Annie Ernaux nous recommande pour sa part de lire ou, du moins de nous rendre aux Rencontres populaires du livre de Saint-Denis. C’est une véritable profession de foi à laquelle elle se livre en compagnie de Muriel Steinmetz de l’Humanité : sur la lecture et son rôle déterminant dans sa vie ainsi que l’engagement. Elle a accepté d’en être la marraine parce que les « Rencontres approchent tout ce qu’il est possible de réaliser en termes d’associations œuvrant pour culture et le rassemblement des populations. » Elle souligne l’authenticité de l’événement.

On vit une époque formidable ! titre le Figaro littéraire, mais c’est pour immédiatement donner la parole à « plusieurs romanciers qui brocardent le monde parfait que la société veut nous imposer. »

Autrement dit le Figlitt s’embarque sous les habits de l’anarchiste de droite. Benoît Duteurtre récrit un Candide intitulé En marche qui conte les tribulations d’un député en voyage d’étude en Rugénie, pays qui cumule toutes les pathologies modernes, Bégaudeau raille les bobos dans En guerre (Verticales), Olivier Darroumerle crée un monde dystopique dans lequel on pourchasse les mangeurs de viande et c’est Bienvenue à Veganland (Sable polaire).

Auteur de L’ivraie Bruno Lafourcade cumule « colère, mauvais esprit, humour noir » en s’attaquant à tout ce qui fait notre époque en matière de droits humains. Son héros vote FN et pleure sur le monde d’avant. (Léo Scheer) Enfin une note douce avec La canne à pêche de George Orwell publié par François Bordes chez Corlevour/Nunc ou la tentative nous dit Astrid de Larminat de retrouver dans l’enfance d’Orwell les traces de 1984 « où l’on comprend que pour résister aux sirènes de l’hydre totalitaire, il faut préserver l’enfant qui demeure en tout adulte. »

 

Dans le pêle-mêle de la semaine resurgit le roman étrange de Camille Bordas qui a écrit en français puis se traduit elle-même de l’anglais. Isidore et les autres raconte l’existence d’un enfant normal dans une famille de surdoués.

Il en assure une chronique à la Salinger nous dit Sophie Joubert mais peut faire aussi penser à Sempé.

Aurélie Filipetti est aussi (forcément) présente avec un roman consacré aux amours de politiques de bords opposés (Les Idéaux) bonne deuxième partie sur l’aspect hallucinant du pouvoir dit Aude Carasco dans La Croix.

Et toujours Jon Kalman Stefansson et sa saga Asta « immense roman au long cours mais dont les critiques visiblement savourent jusqu’à la dernière page suggère Alexandre Fillon dans le Figlitt.

Index des titres parus dans la presse de cette semaine :

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