Actualité, quelle actualité ? Il n’y a pas de grands affrontements en ce début d’année, une rentrée de septembre qui s’effectue sous le signe de la discrétion même si les marronniers sont là : trop de romans publiés, les petits nouveaux, etc. mais la tendance de nos suppléments livres serait plus à faire surgir les véritables interrogations sur l’écriture.
Les unes du jour
« Je raconte des histoires avec l’ambition qu’elles plaisent et qu’elles donnent à réfléchir. Le reste appartient au lecteur », confie Boualem sansal en Une de l’Huma.
Avec Le Train d’Erlingen ou la métamorphose de Dieu (Gallimard) il semble qu’il y parvienne, en achevant sa trilogie dystopique. Il y dénonce l’islamisme mais aussi toute radicalité religieuse cependant que l’essentiel réside dans la position de l’auteur.
Il y revient lui-même, montrant que la littérature peut-être envisagée comme un jeu de société, une machine à trois, l’auteur bien sûr et le lecteur mais aussi « la famille des critiques, des enseignants et des chercheurs, qui organise la médiation au profit de la société. Si un maillon manque, la littérature ne peut rien. Elle est un murmure dans le désert. »
Alexandra Schwartzbrod nous apprend de son côté que l’auteur vit en accord avec ses principes, sur un campus dont il dit lui-même que le niveau a baissé, un campus en sommeil sur le plan des idées dans un pays, l’Algérie qui attend ce qui pourra bien se passer après la mort de son président actuel et nous dit Boualem Sansal « qui a peur ».
Le supplément de La Croix ouvre avec le nouveau livre de J-M Coetzee, L’Abattoir de verre dans lequel il utilise une nouvelle fois le personnage d’Elizabeth Costello, auteure dans la dernière partie de sa vie ; un double décalé et ironique nous dit Stéphanie Janicot.
Grâce à elle, Coetzee peut passer au crible sa vie d’écrivain et raconter plus librement son rapport avec sa propre œuvre. Il aborde également quelques sujets de société comme cet abattoir de verre qu’il faudrait construire dans le centre-ville « afin que tous puissent voir à quoi ressemble une mise à mort ».
Coetzee fait aussi la une du Monde des livres, mais voyez comme les choix peuvent être différents : l’écrivaine Camille Laurens s’attarde davantage sur la question du double littéraire et de ses rapports à sa famille ; elle relève que le titre original de l’œuvre est Moral Tales « La littérature dit Coetzee ne contient pas de leçons : c’est une leçon »
Traditionnel numéro de rentrée pour le Figaro Littéraire avec la non moins traditionnelle revue d’effectifs des primo-romanciers mais cette année, comme le relève le journal, la part belle est faite aux femmes ce qui, après tout, n’est que le strict reflet de la réalité.
La galerie des portraits tranche avec l’habitude en accordant une mise en page égale pour chacune et chacun. Les récits sont variés même si quelques-uns abordent frontalement des sujets sociaux, Inès Bayard, Amélie Cordonnier, Adeline Dieudonné envisagent ainsi…
A noter que le roman qui introduit (en haut à gauche dans le sens de lecture de la double page) ce choix est intitulé Ça raconte Sarah de Pauline Delabroy-Allard, un roman des Editions de Minuit qui évoque l’amour entre deux femmes, qui dira après cela que le Figaro n’évolue pas ?