Le musée d’Orsay présente actuellement jusqu’au 25 février 2018 une exposition consacrée à Degas « danse et dessins » qui nous plonge dans l’univers de l’opéra, du ballet et des petits rats qui ont été une si féconde source d’inspiration pour lui. Féru de musique et d’opéra, le peintre ne se contente pas d’assister aux représentations, il plonge dans cet univers pour nous montrer l’envers du décor et la réalité parfois sordide de ce monde du spectacle ou de frêles jeunes filles sont soumises à une discipline de fer et parfois obligées de céder aux caprices des barbons qui viennent les visiter au foyer. Les corps fatigués, l’expression de l’effort et la performance artistique contrastent avec la légèreté supposée du sujet.

 

L’un des tableaux les plus connus de Degas, l’orchestre de l’opéra (peint en 1870) surprend par l’accent qui est mis, non pas sur ce qui se passe sur scène, mais sur ce qui est habituellement caché : la fosse d’orchestre qui domine ici les deux autres espaces à peine esquissés, la salle et l’espace scénique. Le monde très masculin des musiciens (qui étaient tous ici des connaissances du peintre) répond à la grâce juvénile des jeunes danseuses qui sont dans la lumière. C’est donc tout naturellement que l’oeil remonte de la fosse vers la féerie de la danse, tandis qu’un énigmatique spectateur solitaire lové dans sa loge ne perd pas une miette de l’ensemble.

La peinture impressionniste est à l’honneur en ce début janvier avec le dernier roman de Patrick Grainville Falaise des fous, publié aux éditions du Seuil. L’éducation sentimentale et l’éveil artistique d’un orphelin de naissance retiré à Etretat justifient un récit de vie qui se développe avec pour toile de fond cette période fantastique de l’histoire de l’art qui va de 1860 à 1920 . Rencontres providentielles en Normandie : les grands maîtres de l’impressionnisme naissant à commencer par Claude Monet vont intervenir dans le récit, sans qu’il s’agisse pour autant d’un défilé artificiel ou fastidieux. Tout y est, même l’évocation de cette bourgeoisie de province très flaubertienne. L’évolution du narrateur suivra les métamorphoses créatrices des Monet,Degas, Courbet et Boudin, Patrick Grainville signant au passage ses plus belles pages sur la peinture, témoignant d’une connaissance profonde du sujet, ressentie de l’intérieur.