Les Unes :

tandis que les prix occupent le devant de la scène non plus seulement littéraire mais aussi médiatique l’actualité continue de dérouler son calendrier avec, cette semaine un fort contingent d’auteurs américains.

Encore un roman fleuve cette semaine et en une de Livres et Idées, celui de Douglas Kennedy La symphonie du hasard (Belfond). 362p. seulement mais c’est le tome 1 d’une trilogie qui devrait tourner autour de 1300p. « Dans cette symphonie, nous dit Stéphanie Janicot, l’Amérique peine à dépasser son racisme ancestral et à abandonner un sexisme tenace, ses étudiants dominants n’ont aucun problème pour régler leur compte à ceux qui ne leur ressemblent pas. »

Dans l’entretien que l’auteur accorde à la journaliste il reconnaît que le personnage féminin au centre de son œuvre est un double autobiographique, changer de sexe permet de prendre une certaine distance. Cette confidence en amène une autre sur sa mère dont le mari était « un sexiste redoutable » : « C’est sans doute l’expérience de son malheur qui m’a rendu aussi féministe. »

Même atmosphère de lecture tranquille et après le supplément de La Croix, celui du Figaro qui a demandé à Edouard Baer et Philippe Delerm de lire Modiano. Si le second reprend un peu l’idée convenue de la « séduction cotonneuse et presque palpable qu’exerce sur nous les pages de Modiano » le premier se révèle plus incisif qu’on ne l’aurait cru.

« L’œuvre de Modiano ressemble un peu à l’enquête d’un détective qui sait qu’il ne résoudra jamais l’énigme et qui en est secrètement soulagé. Il sera toujours trop tard. Heureusement. » dit-il, mais il va plus loin « Modiano vient d’un monde secret d’où l’on voit sans être vu : c’est un enfant des coulisses. »

Après un numéro de week-end consacré à la correspondance amoureuse de Casarès et Camus Libération livres fait sa une sur Jean-Louis Chrétien et sa Fragilité (Minuit).

Son œuvre nous dit Robert Maggiori traite des « questions subtiles de la voix, de la promesse, de la joie, de l’appel ou de la fatigue. » Cette fois donc, c’est la fragilité, part importante de l’humain qu’il interroge, fragilité et non faiblesse, philosophe délicat et chrétien, l’auteur passe par Pline l’Ancien, Pascal, Mallarmé ou Schopenhauer « ses pages sur « la naissance comme miroir de la précarité », ou sur les ruines, « désert humain où les voix se sont tues » sont magnifiques, et illustrent l’idée que « nul ne peut se soustraire à la fragilité ».

La fragilité aussi mais cette fois à la source d’un combat pour regagner le terrain et résister aux forts, c’est celle de James Baldwin en une du Rendez-vous des livres, le cahier de l’Humanité. Muriel Steinmetz rend hommage à cette « rayonnante figure d’écrivain noir exilé, apte à disséquer, depuis l’Europe, le corps social américain. » dont on publie quatre romans en même temps Si Beale street pouvait parler, Harlem Quartet chez Stock La conversion et La chambre de Giovanni chez Rivages.

« En littérature comme en politique il refuse tout repli communautaire. C’est à partir d’une souffrance intime qu’il adopte une position de témoin extralucide sur la société actuelle. » souligne la critique de l’Huma.

 

Le Pêle-mêle du matin.

Entrée dans l’actualité et la carrière des lettres pour Brit Bennett, avec Le cœur battant de nos mères, « premier roman d’une grande maturité qui marque l’émergence d’une nouvelle voix de la littérature américaine avec laquelle il faudra désormais compter » nous dit Sophie Joubert du RVDL ; ce récit de la vie d’une jeune femme qui part à l’université après avoir avorté et dont la mère s’est suicidée pourrait être sinistre, mais non, Françoise Dargent du Figlitt assure « Un regard qui traîne partout et une voix qui commente sans jamais entraver la fluidité de l’histoire.

Ce chœur (il s’agit des vieilles femmes de la communauté toujours promptes à juger) donne sa tonalité lyrique à un roman qui ausculte la fluctuation des sentiments chez une toute jeune femme bien décidée à s’émanciper. »Mettre d’accord l’Huma et le Figlitt c’est déjà une assez belle performance (Autrement).

 

C’est la semaine des Américains, après LibéL, le Figlitt souligne l’importance de Joseph Mitchell à l’occasion de la publication de sa biographie par les éditions du Sous-sol et de son texte phare Le fond du port.

Après le Pérou et le fils du général, Cuba et Le fils du héros de Karla Suarez sauf qu’ici il s’agit d’un roman (Métailiè). Stéphanie Janicot souligne « Karla Suarez a une manière singulière de creuser le particulier pour embrasser le général. A travers l’intimité du d’Ernesto, elle explore l’âme du peuple cubain, son endurance face à une certaine absurdité. »Le narrateur, le fils du héros, donc cherche les traces de son père parti et disparu en Angola.

Les romans de Jean-Marie Blas de Roblès et Lydie Salvayre continuent également leur carrière avec leurs titres lyriques Dans l’épaisseur de la chair et Tout homme est une nuit.

index des titres parus dans la presse de cette semaine :

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