Les unes du jour. Histoire, souvenirs et grandes figures.

 

C’est une semaine calme sur le plan de l’actualité avant la classique effervescence des prix et quelques événements annuels comme le salon du livre de jeunesse de Montreuil. Le moment de faire une pause qui correspond bien souvent aussi pour chaque supplément à ce qu’on appelle aujourd’hui son « ADN. »

Le cortège d’ombres du somnambule Modiano nous dit La Croix dans son supplément Livres et Idées. ADN encore, celui de Modiano bien sûr : Souvenirs dormants et Nos débuts dans la vie  (Gallimard).

« Toujours cette étrange musique en suspension, ces phrases simples et douces souples et fragiles, sorties de l’éther d’un passé indéfinissable » dit jean-Claude Raspiengeas et toujours cette musique critique « Modiano ou l’éternel retour du même… » ajoute-t-il lucide pour ces écrits pointillistes à la poursuite des images parisiennes et des femmes du passé de son narrateur pour Souvenirs dormants.

 

Modiano sur le qui-vive renchérit le Monde des Livres. Raphaëlle Leyris confirme « Le lecteur plonge immédiatement dans sa si reconnaissable atmosphère d’incertitude et d’inquiétude, dans l’appréhension des dimanches soir « commune à tous ceux qui ont connu les retours au pensionnat » » .Du Modiano en somme. Avec, pour Souvenirs dormants  des femmes qui « elles aussi vivent dans une sorte d’inquiétude, fréquente les cafés » d’un Paris qui va disparaître.

 

Le pêle-mêle de la semaine :

 

Un roman parmi les essais dans Le RDVL, il s’agit de La maison Eternelle (La Découverte) un roman? Voire! Car il s’agit d’une la saga de la révolution russe comme le dit le sous-titre. Yuri Slezkine y décrit la vie dans la résidence gigantesque (550 appartements occupée par les cadres du régime) construite le long de la Moskova. 2655 occupants dont l’auteur donne une vision à la fois fondée sur le quotidien et l’Histoire Vadim Kamenka souligne « l’auteur insiste surtout sur la saga familiale de ces révolutionnaires qui vont connaître la construction du socialisme, le premier plan quinquennal, les débats, les grandes purges staliniennes et la Seconde Guerre Mondiale. »

Très intrigant en ces temps de confusion entre Histoire et fiction. Ce texte, c’est aussi le texte phare de l’édition du MDL de ce soir. Un livre entre fiction et essai finalement ?

 

 

Martin Suter et son éléphant rose reviennent dans l’actualité, il n’y avait pas urgence du côté de la critique, mais  Astrid Eliard pour le Figlitt décrypte cette fable très ironique : “Il y a quelque chose de jouissif dans le parti pris, très premier degré de Martin Suter

L’éléphant, “fabriqué” à base de génétique pour être rose, miniature et donc ludique nous laisse imaginer un futur relativement peu maîtrisé (Eléphant, Christian Bourgois).

Yannick Haenel évoque la figure de Michael Cimino dans Tiens ferme ta couronne (Gallimard, « L’Infini « ).Amaury de Cunha nous en donne la clef « son objet : le dévoilement de l’intensité de l’œuvre d’art. »

 

Le goût et la parole des chroniqueurs : retours sur le passé et ses monstres.

Avec  son billet consacré au dernier roman de Philippe Videlier, Dernières nouvelles des bolcheviks, on se doute qu’Etienne de Montety ne va pas ériger un monument à la révolution d’octobre mais qu’il va prendre un malin plaisir à en souligner les manques et les défauts : « Au passage, le temps aura suivi son cours inexorable avec son cortège d’injustices et d’horreurs. Le roman noir du communisme le voici. Mais il persiste à revêtir dans son naufrage des couleurs pimpantes, celles de la littérature. » On vous avait prévenu. (Gallimard)«  C’est la part d’ombre des trente glorieuses qu’explore l’écriture informée et incisive de Xavier Boissel. En même temps qu’un roman noir extraordinairement raffiné surgit un stupéfiant roman d’époque. »

Jean-Claude Lebrun a bien aimé le polar de Xavier Boissel Avant l’aube publié en 10/18 dans la collection à séries, « Grands Détectives. » Une enquête qui cherche la vérité…sur le SAC. Claro présente son sens de l’Histoire à  lui : « Notre monde étant ce qu’il est, à savoir une catastrophe en vaine quête d’orchestration (…) il restera toujours une particule irréductible, une menace, et, en dépit de nos allégations, une ultime raison de nous accrocher. » Laquelle ? Godzilla par exemple ou plutôt le récit de son tournage, angles morts compris – par Jim Shepard.

Avec Le maître des miniatures alias Eiji Tsuburaya qui conçoit le monstre filmé par Ishiro Honda, l’écrivain trouve un sujet qui s’ancre dans la réalité profonde du japon et notamment le rôle du père-monstre. Résultat « feindre de traiter l’anecdotique pour nous livrer une poignante et impeccable sonate d’automne ». Pourquoi récrire ce que le chroniqueur formule si bien ? (Vies parallèles).