Les unes du jour.

Histoire, souvenirs et grandes figures.   C’est une semaine calme sur le plan de l’actualité avant la classique effervescence des prix et quelques événements annuels comme le salon du livre de jeunesse de Montreuil. Le moment de faire une pause qui correspond bien souvent aussi pour chaque supplément à ce qu’on appelle aujourd’hui son « ADN. »   Ainsi le supplément livres de l’Huma Le rendez-vous des livres est-il presque entièrement consacré à Octobre et sa Révolution dont il est temps de fêter l’anniversaire. Jean-Paul Piérot et les historiens Serge Wolikow et Pierre Serna signent la plupart des papiers du dossier. Ce dernier présente la BD publié chez Seuil/Delcourt par Rotman et Blary, belles pages nous dit-il, instructives : « Instructive la bande dessinée ne cache pas au fond les vrais agents provocateurs de la révolution : la misère du peuple, les injustices séculaires » raison de plus selon lui pour poser à Rotman la « question de Robespierre en 1792, après les massacres de septembre : « vouliez-vous une Révolution sans révolutions ? » » tant semble grande la volonté du scénariste de démontrer qu’elle est l’affaire d’une poignée d’hommes. Outre Lénine une biographies de Lars T.Lih (Prairies ordinaires) le dossier présente beaucoup de titres consacrés à cette page de l’histoire.Voici pour l’ADN de l’Huma.    Le Figaro Littéraire penche de son côté pour celui qu’elle présente comme le catholique qui déteste clergé et bourgeois, Zola et la modernité, autrement dit Huysmans. Sébastien Lapaque nous le présente à l’occasion de la publication d’un volume de « Bouquins » qui lui est consacré ainsi que la biographie de Pierre Glaudes publiée aux Belles Lettres, Léon Bloy. La littérature et la bible. Le critique relève l’importance de celle-ci puisque Tissant sa légende à coup d’anecdote, les raconteurs de Bloy lui ont fait beaucoup de mal. C’est le lot de l’outrance en général. L’écrivain Juan Manuel de Prada témoigne également « j’ai découvert  qu’il était en réalité un des écrivains les plus puissants que nous ait donné la littérature française, un de ces rares et véritables maudits qui ont levé bien haut l’étendard en lambeaux de la défaite pour en faire une bannière d’espoir. »   Pour Libération c’est Hannah Arendt avec un curieux ouvrage biographique établi et présenté chez Payot par Karin Biro, attention, le titre est long mais il dit tout A travers le mur. Un conte et trois paraboles précédé de Notre enfant. Journal de Martha Arendt. On découvrira donc dans ce curieux rassemblement de textes, outre des écrits de jeunesse qui se dirigent vers un univers à la Kafka, le journal de développement d’Hannah, tenu essentiellement par sa mère qui note tous les développement physiques, intellectuels mais aussi affectifs de sa fille. « Il faut reconnaître, nous dit Robert Maggiori dans LIbéL que sans la préface et la postface de Karine Biro formant un véritable essai très éclairant-,Notre enfant aurait beaucoup moins de relief. » La spécialiste de l’Allemagne fait revivre littéralement la figure de la jeune fille à travers son éducation inspirée des écoles de jeune filles les plus en pointe de Vienne dans un premier temps. Quant à la pratique du journal d’observation du développement de ses enfants, il a débouché sur quelques classiques.   Le cortège d’ombres du somnambule Modiano nous dit La Croix dans son supplément Livres et Idées. ADN encore, celui de Modiano bien sûr : Souvenirs dormants et Nos débuts dans la vie  (Gallimard). « Toujours cette étrange musique en suspension, ces phrases simples et douces souples et fragiles, sorties de l’éther d’un passé indéfinissable » dit Jean-Claude Raspiengeas et toujours cette musique critique « Modiano ou l’éternel retour du même… » ajoute-t-il lucide pour ces écrits pointillistes à la poursuite des images parisiennes et des femmes du passé de son narrateur pour Souvenirs dormants.    

Le pêle-mêle de la semaine :

  Martin Suter et son éléphant rose reviennent dans l’actualité, il n’y avait pas urgence du côté de la critique, mais  Astrid Eliard pour le Figlitt décrypte cette fable très ironique : “Il y a quelque chose de jouissif dans le parti pris, très premier degré de Martin Suter” L’éléphant, “fabriqué” à base de génétique pour être rose, miniature et donc ludique nous laisse imaginer un futur relativement peu maîtrisé (Elèphant, Christian Bourgois). Un roman parmi les essais dans Le RDVL, il s’agit de La maison Eternelle (La Découverte) un roman? Voire! Car il s’agit d’une la saga de la révolution russe comme le dit le sous-titre. Yuri Slezkine y décrit la vie dans la résidence gigantesque (550 appartements occupée par les cadres du régime) construite le long de la Moskova. 2655 occupants dont l’auteur donne une vision à la fois fondée sur le quotidien et l’Histoire Vadim Kamenka souligne « l’auteur insiste surtout sur la saga familiale de ces révolutionnaires qui vont connaître la construction du socialisme, le premier plan quinquennal, les débats, les grandes purges staliniennes et la Seconde Guerre Mondiale. » Très intrigant en ces temps de confusion entre Histoire et fiction. (à suivre dans notre édition du soir) Index des titres parus dans la presse de cette semaine : Cliquez ici pour télécharger   Auteur7