Jeudi 14/09/2017 : Le complément
LES CHRONIQUEURS SUIVENT LEURS GOÛTS.
On imagine un accord secret, une rencontre sur un parking pour évoquer les clauses d’une reprise d’activité. Les deux hommes sont d’accord sur la nécessité de poursuivre l’écriture d’une chronique indépendante sur les œuvres littéraires, certes, mais un lien plus profond les unit, un combat plus souterrain mais tout aussi méritoire ; c’est Eric Chevillard qui transmet la consigne « il faudra souvent parler des animaux », – « Entendu » souffle Christophe Claro et nous voici donc cette semaine avec la première chronique que consacre ce dernier à…la pieuvre serait-ce un message ?
Sous le titre « Impression et jet d’encre », le chroniqueur sert donc la cause des animaux de tous poils plumes et écailles en rendant compte du roman de Marie berne (L’arbre vengeur) intitulé Le grand amour de la pieuvre et qui évoque la vie de Jean Pailevé documentariste spécialiste des mollusques :
« Le Grand Amour de la pieuvre n’est pas une simple fantaisie aquatique, prétexte à la redécouverte d’un pionnier du documentaire animalier, c’est avant tout un chant subtil, une ode sensuelle, où non seulement est vivement dévidée une vie vouée aux visions voraces qui vivotent sous la vase (et vlan !), mais où la langue épouse, comme par capillarité, les mystérieuses gesticulations. »
Comme on le voit une forme de continuité s’est installée.
Pour Jean-Claude Lebrun c’est le roman de Gérard Mordillat consacré à une tour allégorique de la société La tour abolie (Albin Michel). Une sorte de carotte de béton qui donne une vue de l’échelle sociale et des personnages qui s’y trouvent :
« Leurs ambitions sont à la mesure de leurs situations respectives, jouir du pouvoir et de la richesse ou accéder à une certaine réussite, ou simplement survivre, se nourrir de n’importe quoi, échapper à la violence alentours. »
Comme un imprécateur du XXIeme siècle en somme.
Après le « premier roman » du directeur du figaro voici qu’Etienne de Montety évoque La nostalgie de l’honneur (Grasset) autrement dit le roman de Jean-Claude Van der Plaesten, directeur adjoint au Figaro Magazine et ami de Michel Houellebecq.
Samedi Mathieu Lindon évoquait Jusqu’à la bête, le roman de Timothée Demeillers (Asphalte). Le héros connaît la prison, l’usine, un abattoir qui peu à peu envahit son espace mental et affectif.
« La rage et le désespoir habitent Jusqu’à la bête en phrases brèves qui soudain se font parfois très longues comme si tout à coup il fallait expliquer dans le moindre détail ce qui justifie cette rage et ce désespoir menés à des intensités injustifiables. »
DES UNES DE CHOIX
Avec Le Monde des Livres, Philippe Jaenada achève son tour des unes et des cahiers spéciaux, on y souligne ici encore sa double nature faite de « drôlerie tendre et sombre » (Raphaëlle Leyris) et sa précision d’enquêteur.
ON LIRA PLUS PARTICULIEREMENT
Le Portrait de Véronique Olmi en dernière page du Figlitt, elle vient de recevoir le prix FNAC, celui d’Alan Moore pape du mauvais genre dressé par le spécialiste François Angelier à la fin du MDL. L’article que consacre Eric Loret à l’épaisseur des romans français en cette rentrée, tendance au surpoids générale ! Et, pour finir le papier que consacre Sébastien Lapaque à Kaouther Adimi et à l’éditeur Edmond Charlot.