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L’actualité ce sont les romans de l’été distillés épisodes après épisode comme celui de Virginie Despentes mais aussi les recueils de nouvelles qui ont discrètement mais fermement occupé la scène littéraire durant toute cette année. J’écoute la chronique audio.

 

 

Les unes Pour l’Huma (après le MDL et libé la semaine dernière) c’est Virginie Despentes qui fait l’actualité. Raphaëlle Leyris l’a résumé : « Ainsi est relancée la machine narrative de Vernon : elle consiste à plonger alternativement dans la tête de chacun de ses protagonistes, et fait, depuis le début, le fort intérêt de la saga. » Elle a au moins réussi à familiariser le lecteur à sa trilogie.

Sophie Joubert pose pour sa part la question de quoi Vernon Subbutex est-il le nom ? « il est le plus petit dénominateur commun entre la bourgeoise et la clocharde, la lesbienne et l’hétéro beauf, le dealer et l’alter mondialiste, des personnages réunis par Virginie Despentes dans la fresque balzacienne de l’ère numérique oxygénée par une bande-son pointue. » ce qui a changé surtout, c’est la société « Deux ans se sont écoulés entre la parution des tomes II et III autant dire deux siècles, la fin d’un monde. » Reste que les lecteurs de Virginie Despentes sont plutôt des hommes, apprenons-nous dans le Figlitt, dont le sujet de la semaine est le genre des lecteurs, de plus en plus de lectrices.

L’article de Mohammed Aïssaoui (un homme) sur la question de la féminisation croissante du lectorat permet d’introduire à un livre au titre de feel-good book, Comment faire lire les hommes de votre vie (Payot).  C’est le directeur du CNL Vincent Monadé qui l’a écrit (un homme) et les lecteurs seront probablement …des femmes.

On notera pèle mêle, en une de La Croix un article consacré au livre de Lobo Antunies Pour celle qui est assise dans le noir à m’attendre (Christian Bourgois) ; enfin une du MDL consacrée par Frédéric Potet à Shrumberland de l’Américain Paul beatty et qui raconte le beat en Allemagne aux temps du disco, là où le racisme s’efface.

 

Deux auteurs américains dominent l’actualité de cette fin d’année, avec comme un air de roman de vacances, d’un côté Richard Ford qui consacre un ouvrage à ses parents. Entre eux  qui naît d’une histoire assez traditionnelle et sinistre : les parents seront à jamais séparés dans la mort puisque l’oncle a organisé le rapatriement du corps paternel dans un caveau sans autre place. « C’est la matrice fragile, incertaine, de l’univers où est né l’individu fordien » nous dit Philippe lançon de LibéL pour le style, nous dit Eric Neuhoff, la prose de Ford est d’une impassibilité de chef indien. Le chagrin s’égrène par petits bouts. On rappelle que Ford avait déjà écrit un petit livre sur sa mère (L’olivier comme pour celui-ci). Mais « rien à faire dit Florence Noiville, la vie sans Parker n’est plus la même (…) cette vie ne pourra se « ressouder » et redevenir ce qu’elle était avant. Avant la mort du père. Du temps de la triade idéale. »

L’autre auteur c’est Lionel Shriver, auteure d’une dystopie fondée sur la faillite financière et climatqiue des Etas-Unis, sujet  bien anticipé s’il en est, qui assure à Raphaëlle Leyris du MDL « En 2008, une balle a été tirée. Tout le Monde pense qu’elle s’est arrêtée après avoir fait des dégâts, mais sans avoir causé l’effondrement total du système. Moi je pense que la balle  continue sa course et qu’elle finira peut-être par nous atteindre en pleine tête. C’est là que naît le roman. »

 

Côté chroniqueurs,

« un conte cruel qui aurait enchanté Simon Leys » nous dit Etienne de Montety à propos de Dans les eaux du Grand Nord (10/18). « visiblement l’auteur n’a aucune intention  de laisser le lecteur respirer. » Epopée du Grand Nord qui, comme l’avait souligné également Eric Chevillard ne doit rien à personne parce qu’elle connaît tous ses classiques.

Jean-claude lebrun a aimé Votre commande a bien été expédiée, une fable fondée sur le rapprochement entre un célibataire basque et une sa conseillère clientèle du nord.(Albin Michel) Cette fable est «  à la fois inventive et profonde, elle pose la question de la possibilité du bonheur dans une société digitalisée, mais aussi de ses conditions politiques. »

Pour Bruno Frappat c’est le Voyage au bout de l’enfer comme le dit le titre,  et la plus grande difficulté pour lire l’ouvrage qu’Annick Duraffour et Pierre-André Taguieff consacrent à Céline, la race le juif tant celui-ci est pénible sur le plan de l’abjection (Fayard).Eric Chevillard rejoint Sébastien Laoaque pour célébrer Le revers de mes rêves, livre de Grégory Congal (Finitude) qui parle de…tennis. On sent chez les chroniqueurs une empathie teintée d’appartenance à un club de pratiquants.