Cette semaine chacun de vos suppléments retourne à son tropisme, les héros pour le Figaro qui en cherchent désespérément, la culture-monde pour le Monde des livres, le sacré pour La Croix et l’inventeur de la préhistoire pour LibéL.(écouter le teaser audio).

Les unes

Chigozie Obioma occupe celle du Monde des Livres comme invité du marathon des mots de Toulouse (deux pages) et comme auteur « les mots de ceux qui voient l’avenir ont-ils le pouvoir de créer le chaos ?Cette question me passionne ». On l’aura compris c’est l’Afrique equi est au centre cette année mais sans exclusive  avec, comme c’est le cas de plus en plus souvent des performances orales.. A signaler par Zoé Courtois, le livre L’impératif transgressif (L’Arche « Tête-à-tête). Dans ce livre Léonora Miano propose à la langue de s’affranchir une bonne fois pour toute de la gangue coloniale au profit de « d’une aphrophonie plurielle et vierge des dominations coloniales.

De François d’Assise à la poésie contemporaine annonce La Croix, Une sélection de livres pour passer un été spirituel. C’est donc une manière de cahier spécial auquel nous introduit cette première page tandis que LibéL va du côté de la préhistoire avec le livre de Jean Guilaine et Chantal Albert Paul Tournal, fondateur de la préhistoire (Odile Jacob) « Loin du déluge » nous dit le titre qui présente l’inventeur de la préhistoire, autrement dit le briseur de mythes bibliques.

Et le Figaro littéraire ? Un grand besoin de héros confie-t-il inscrivant ce dernier mot en lettrage Marvel au-dessous d’un cliché de Johnny Weissmuller dans un arbre. Signalons un texte de François Taillandier qui propose une rapide réflexion consacrée au héros et au saint. Et qui avoue benoîtement que ce qu’il préférait dans Bob Morane : «  Au dos des livres, il y avait la photo de l’auteur à sa machine à écrire. C’est ainsi que j’ai su qu’un homme pouvait devenir écrivain. » signalons que François Taillandier auteur d’une trilogie médiévale dont il fait paraître le dernier tome cette année, est le même que le François Taillandier qui écrit sur les mots dans l’Huma et qui  pose la question cette semaine « N’y aurait-il pas moyen que Nicolas Sarkozy se calme de temps en temps ? » à propos de l’expression pays chrétien qui commence à le fatiguer quelque peu ?.

C’est le retour ou la continuité de quelques auteurs

Perec et son roman multi-catégories (de jeunesse, inédit abandonné, etc.) L’attentat  de Sarajevo fait la une du Rendez-vous des livres (l’Huma)  «  La tentation est grande d’expliquer ce premier textes par tous ceux qui l’ont suivi » reconnaît Alain Nicolas avant de noter convergences (histoire personnelle et Histoire mêlées) et divergences, « un récit à la première personne, assez classique. », entre les autres Perec et celui-ci. Dans le même numéro on retrouve Vi de Kim Thùy, dont les errances entre Vietnam et  Canada et surtout entre terre coloniale et démocratie moderne nourrissent une oeuvre qui s’inscrit dans la durée critique.

Idem pour Veracruz et Olivier Rollin, toujours dans l’Huma ou bien encore  pour Velibor Colic dont le Manuel d’exil  n’en finit pas d’attirer l’attention sur cet auteur déroutant qui a survécu grâce à l’écriture : « Car avant la guerre, Velibor Colic, qui fut étudiant en lettres à Sarajevo et à Zagreb, puis chroniqueur littéraire et musical à la radio, avait déjà publié trois livres et reçu un prix littéraire dans son pays. » nous apprend Virginia Bart. « Les chapitres s’enchaînent sur un mode ironique en permanence aux frontières du drame : « mener une bagarre » ou « pourquoi et comment ne jamais tomber malade ».

Oliver Sacks réapparaît lui comme pour un repêchage dans les colonnes du MDL  avec En mouvement, une vie (Seuil). Julie Clarini en livre une lecture par entrées (Chapeau, Musique, vivant, etc. ) qui convient bien à cet homme aux qualités multiples.

Côté chroniqueurs ;

Eric Chevillard est chagrin cette semaine, il déplore le monde dans lequel  « d’autres libertés veulent la place. Le respect est devenu la norme. La leçon est rude pour notre idéalisme : une liberté chasse l’autre. La reine dans l’arène, c’est chacune son tour. » Que lire ? Je bois, je fume et je vous emmerde du professeur Choron (réédition Wombat « Poche comique). Pour retrouver par exemple cette pensée déconnante typique du professeur  « il faut que le hasard renverse la tortue pour qu’elle voie passer le Concorde ». De la nostalgie donc.

Idem chez Etienne de Montety qui rend hommage au Carnet de route de…Régis Debray. Curieux goût tout de même : « On est surtout rive gauche, mais l’amitié est belle, surtout parce qu’elle ne supporte pas la médiocrité. », raison nécessaire complétée par la suffisante «un phrasé où les mots gambadent, formant une sarabande à la fois classique et moderne ». Une chronique toute de respect.