Cette semaine, les journaux ont été livrés mais l’actualité bascule du côté du foot (voir le teaser audio).

 

Les unes

Étranges unes cette semaine : Paris est magique pour La Croix et Le foot miroir du siècle pour le Figaro littéraire.

Si le second parle bien du football et des livres qui lui sont consacrés, dernier vestige de notre enthousiasme « champion du monde », La Croix évoque le Paris des promeneurs professionnels que sont les poètes et les écrivains.

Paris par coeur (Fayard) de Ludovic Janvier récemment disparu propose d’arpenter la capitale « sous forme d’abécédaire (ce qui est à la fois une facilité et une liberté) ». Patrick Kéchichian, qui signe l’article consacrés aux auteurs relève une phrase de référence : « marcher dans Paris c’est marcher dans la fable. »

Ce pourrait être également la devise d’Éric Hazan, arpenteur confirmé des rues parisiennes dont la plupart de vos quotidiens ont à présent évoqué l’ouvrage et le talent ces dernières semaines ;  Une traversée de Paris (Seuil ) cumule en effet l’écriture vagabonde et la référence ancrée dans le sérieux historien.

P.Kechichian a également lu le très original 75 (il n’aime pas le titre) d’Anna-Louise Milne (Gallimard). L’auteur, « universitaire d’origine écossaise » parcourt la capitale à partir d’une rue et de sa destruction « microcosme ouvert, figure à déchiffrer d’une société, avec son histoire, son langage et ses paroles brutes fidèlement rapportées par l’auteur. »

Pas très éloigné en fait de la Une du LibéL de ce jeudi (Le bistrot rêve de comptoir)et l’article que Sybille Vincendon qui recense La vie de bostrot (PUF, Pierre Boisard). L’auteur qui se définit  comme « piéton urbain » (tiens tiens) et sociologue offre une démarche originale : à travers le portrait d’un patron de café parisien, il parvient à évoquer l’ensemble de la profession et la permanence de ses profondes caractéristiques auvergnates.

Le Mondes livres ouvre, pour sa part sur les larmes telles que les présente Georges Didi Hubermann dans le sixième tome de son cycle dont « chaque volume nous apprend à déplacer notre regard en mesurant la puissance des images comme les pouvoirs du langage. » dixit Jean Birbaum.

L’appel aux larmes, est donc consacré aux larmes sans vouloir les réduire au seul débordement sentimentaux et pathétiques : « il nous emmène à travers des siècles d’art et de philosophie, à la recherche d’une tradition ouverte, émue, qui s’est refusé à séparer le désir et l’idée, la passion et la pensée. » On y verra donc davantage une force qu’une faiblesse de pleureuse.(Minuit « Paradoxes»).

 

On en parle toujours… Le roman d’Antonio Lobo Antunes Dela nature des dieux poursuit son parcours cette semaine par les colonnes de La Croix. Pour le rendez-vous des livres de l’Huma (dont c’est la une) la figure de la semaine c’est Column Mc Cann. Déjà repéré par le Figlitt, l’auteur est interviewé sur les élections américaines, la réconciliation en Irlande du Nord, ce qui lui permet d’évoquer également son recueil de treize nouvelles et la multiplication des points de vue héritée de son enfance à cheval sur les deux Irlande.

 

Côté chroniqueurs

Marie Darrieusecq est la muse de la semaine pour Etienne de Montety, avec Etre ici est une splendeur (P.O.L). Elle « veut attirer notre attention sur un fait : « l’irruptiondes femmes dans la peinture, c’est la naissance du regard féminin sur le monde » sa chronique commence donc plutôt bien mais voici que derrière le travail consacré à l’autre, la figure de l’auteur reparaît qui parle de soi avec un peu trop de complaisance semble-t-il. « Moi qui suit femme et artiste et qui ait enfanté dans les années 2000 » une formule qui a le don d’irriter notre critique. Le titre de l’article  Moi qui suit femme et artiste.

Bruno Frappat pour sa part relève le paradoxe du point de vue chez Pascal Bruckner dans La sagesse de l’argent.(Grasset).Si celui-ci refuse la dénonciation systématique  et simpliste des méfaits de l’argent, il manque pour sa part de retenue dans sa critique fustigeant « Les sobres, Les belles âmes ». « Il ignore l’aspect pathologique des choses, le côté destructeur pour la conscience » résultat « notre philosophe semble tirer à côté de la plaque. » Le critique de conclure « C’est très peu sage et peu humain ».Voilà pour les Paradoxes du fric.

Eric Chevillard en revient quant à lui à ses chers animaux même lorsque ceux-ci ne sont guère adorables Le grand chasseur de fauves est lui-même une proie. « Moustiques, puces, sangsues se nourrissent de notre sang qui n’a donc pas seulement pour fonction de colorer les joues de l’amoureuse, qui est bien le fleuve généreux de leurs vallées fertiles. » Nous sommes à présent habitués à son point de vue tout entier résumé dans la formule finale : « L’homme s’est juché à son sommet, mais le ver est dans le bois ».