Une semaine riche et contrastée qui en ferait presque oublier la notion d’actualité.

Le teaser audio…histoire et récit.

Les unes

 Pour Libé ce  jeudi, c’est Mojave épiphanie qui retient Frédérique Roussel, un véritable roman (avec un titre qui rappelle ceux des récits beat), qui cache ou qui révèle l’histoire secrète du programme spatial américain.

Comme souvent dans ce type de matière, il s’agit de raconter une histoire de pionniers à l’américaine, des chimistes, des constructeurs de fusée avec des personnalités hors normes, à l’image de Jack Parsons qui disparaît dans l’explosion de sa propre maison et consomme tout un tas de stupéfiants :« use de l’alcool, de la marijuana, d’amphétamines, de peyotl et de morphine, écrit de la poésie, voit sa femme partir avec Ron Hubbard, … » Finalement ce récit semble bien présenter un petit côté beat. La une ? Pionnier de l’espace, les idées fusent. Aucun des personnages n’est un militariste mais ce sera finalement l’armée qui développera le programme.

 

Le Rendez-vous des livres de l’Humanité s’ouvre pour sa part sur la figure de Fernand Iveton héros surprise du Goncourt du premier roman. Le personnage a été exécuté pour avoir posé une bombe (qui ne fera aucune victime) en Algérie, il est communiste, rallié au FLN et « lit les Misérables dans sas cellulleet refuse au pied de l’échafaud le secours de la religion. » On en oublierait presque le nom de l’auteur et le titre de l’oeuvre De nos frères blessés, Joseph Andras…et bien entendu l’éditeur : Actes Sud. Les derniers jours d’un condamné mort pour ses idées.

 Comme il fallait s’y attendre Shakespeare poursuit son tour des unes avec Les fous rires de Shakespeare dans le Figaro littéraire. Le rire n’est pas l’angle le plus évident pour évoquer la figure du dramaturge, mais il s’agit ici d’évoquer sa figure avec Denis Podalydès, qui non content d’en être l’interprête régulier et admiratif, a réalisé l’album qui lui est consacré par la Pléiade.

Enfin, Histoire au menu de la Croix et du libéL de samedi dernier, avec d’un côté les nouveaux historiens qui changent le point de vue de l’écriture grâce aux délices de l’histoire connectée Une autre histoire du monde et de l’autre Alain Corbin Les archives du silence qui serait pour sa part davantage sur les objets peu courants.(écouter la chronique audio.)

Ils poursuivent leur carrière…

Jonathan Frenzen est chroniqué par Eric Neuhoff pour le Figlitt.

Comme ses confrères celui-ci relève à la fois l’épaisseur physique du livre en reconnaissant que celle-ci est soutenue par le sujet.  Et comme les autres, le don de Frenzen pour les dialogue et le fait qu’il mette dans le même sac « les apparatchiks de la stasi et les petits prodiges d’internet. » Le nom qui est revenu le plus souvent à propos de l’auteur dans cet article comme dans les autres, Dickens (celui-ci s’est arrangé pour que son héroïne porte le même nom qu’un des personnages de sa référence…).

Bien sûr on notera que la plupart des livres consacrés à Shakespeare sont cités d’une chronique à l’autre et, parmi eux, celui de Jean-Michel Déprats « Que sais-je » et celui de François Laroque dans la fameuse série des dictionnaires amoureux(Plon). A noter en « Cahiers rouges » (Grasset) Parle plus bas si c’est d’amour.

Côté chroniqueurs.

 Le sommeil le plus doux d’Anne Goscinny pour Etienne de Montety cette semaine et pour « la manière de l’auteur, une façon très personnelle qu’elle a de nous entretenir d’une vie, comme on tresse un panier sous nos yeux . »

L’histoire, celle d’une rencontre, semble relativement conventionnelle jusqu’à ce que l’écriture s’en mêle.

Bruno Frappat pour son feuilleton s’intéresse à une auteure française elle aussi, mais il s’agit de Sophie Chauveau pour La fabrique des pervers, récit à dimension autobiographique nous citons : «une famille sans principes sauf les hypocrisies d’une bourgeoisie trop attachée à son catholicisme.»le livre nous dit le critique est un à la fois : « réquisitoire, témoignage, récit historique,et étude monographie d’un cas.»

Mondes troubles et écriture déconcertante, c’est aussi la base de l’oeuvre dont Mathieu Lindon assurait la recension pour LibéL, samedi dernier, mais dans la sphère finnoise cette fois. Lumikko de Pasiilmari Jääskeläinen n’est pas un enième polar du grand nord, non, plutôt une tentative littéraire entre fantastique et SF, policier une sorte de Twin Peaks qui repose sur le personnage éponyme, une femme qui écrit des romans pour enfants mais ces récits sont bientôt touchés par un virus qui s’attaque à leurs intrigue. Ce début montre un livre difficile à résumer, mieux vaut le lire.

Enfin cette semaine voit le retour du Chevillard assassin dans sa chronique du MDL. L’histoire d’amour de Jean-Paul Didierlaurent « le « feel-good book », comme dirait Shakespeare » est tourné en dérision tant l’histoire lui semble convenue :  « Au risque de déflorer l’intrigue et d’alarmer en conséquence le service marketing, allez, je crache le morceau : ça va s’arranger. » Plus grave pour notre critique, le style nourri de clichés et d’archaïsme du type « la gent féminine »  pour faire plus littéraire.