Peu de presse cette semaine mais quelques écrivains persistants et des réflexions critiques à débattre.

Les unes… 

Après leFiglitt, voici Libération pour Patti Smith « Ecrire sans destination » dit le titre. L’amoureuse de Rimbaud et de Genet comme l’appelle Elisabeth Franck-Dumas avoue lors de l’entretien que celle-ci lui accorde : «  la musique a-t-elle influencé votre manière d’écrire?  réponse – Non, c’est plutôt le contraire : le fait que j’écrive a fait de moi la chanteuse que je suis. Je ne suis pas musicienne, je n’ai jamais joué d’un instrument, ni même eu l’ambition d’être musicienne. J’ai commencé dans la musique grâce à la poésie : je faisais des performances, j’étais jeune, agitée, et parfois le langage ne suffisait pas, il fallait une guitare, quelque chose de sonique, un piano pour donner du rythme.(M.Train, Gallimard). »

Drieu la Rochelle, l’éternel feu follet pour leFigaro; detemps à autre un petit coup de nostalgie frappe les chroniqueurs du Figaro. C’est donc un dossier essentiellement supporté par le livre de Gérard Guégan Tout a une fin, Drieu (Gallimard).

Enfin, pour le MDL c’est le nouvel opus de Franzen qui occupe la une et qui semble confirmer que la première partie de l’année, c’est l’Amérique: « les sujets abondent, se croisent et se recroisent dans Purity. Mais le sujet des sujets c’est le secret. Tout le monde ment chez Franzen. Chacun est redevable d’un ou de plusieurs secrets vis à vis de l’autre. » La base du secret nous est livrée par Florence Noiville un « impératif contradictoire taire et le dire. » Du coup le livre est promis au plus brillant avenir de la gloire feuilletonesque contemporaine…il va devenir série.


Ils poursuivent leur carrière…

TC boyle et Les vrais durs (on se souvient de Norman mailer pour compléter qu’ils ne dansent pas). Christophe mercier pour le Fig litt, souligne les contradictions mises en évidence par l’auteur dans «  l’Amérique d’aujourd’hui, dévorée par ses propres peurs, qui dérive au milieu des lambeaux dévoyés des idéaux sur lesquels elle était fondée. »

Parmi les livres de circonstance qui intéressent la critique cet étonnant Houellebecq aux fourneaux pour parler de cuisine, la vraie car on mange beaucoup et parfois bien dans les livres de Houellebecq qui a donc aussi intégré cette grande tendance dont l’avenir dira si c’est une décadence, l’intérêt pour la gastronomie.

Côté chroniqueurs

Moi et François Mitterand d’Hervé le Tellier (et dont le titre dit déjà beaucoup de la saveur) ouvrage consacré à la correspondance du narrateur avec les différents présidents de la République tous représentés par la même lettre type a ravi Eric Chevillard après Etienne de Montety. Chevillard, après les réserves de rigueur sur le côté un peu soporifique des contraintes de l’Oulipo, souligne par contraste les qualités d’Hervé le Tellier. Le fait de lire différemment une lettre type identique de la présidence Chirac et de celle de François Mitterand :  « touche ici une vérité littéraire qui mérite qu’on s’y arrête. Il est certain, en effet , qu’une même phrase, sublime chez tel écrivain, sera grotesque dans le livre d’un autre. Imaginons par exemple que l’oxymore génial de Beckett, « rater mieux », soit venu sous la plume d’Alexandre Jardin, : nous n’y verrions qu’une maladresse risible de plus. » (JC Lattès).

Etienne de Montety pose cette semaine pour sa part un constat en conclusion de sa chronique sur Îles des princes de Joachim Sartorius (La Bibliothèque) « Face à l’histoire, la littérature n’aura peut-être pas le dernier mot. »

Et que penser de cet intertitre dans la chronique de Mathieu Lindon pour le Libération des livres de Samedi : « A cet instant Bonnie lui demanda s ‘il avait peur de mourir. Clyde répondit qu’il avait peur davantage peur d’exister. »

Comme on le voit, la pensée littéraire continue s’exercer.