La semaine réduite cette fois pour cause de manifestation…divine voit une petite actualité avec d’intéressantes perspectives côté histoire.

 

Les Unes 

Adieu  Byzance ! pour le Monde des livres et son critique de luxe Mathias Enard. Ce dernier souligne le travail colossal de ce volume 1408p. qui retrace une seule journée, celle de la prise de Constantinople mais avec tous les tenants et les aboutissants historiques qui permettent une véritable mise en perspective. L’intérêt ? « les différences de points de vue non seulement sur le déroulement du siège, mais aussi (et c’est sans doute le plus fascinant) sur les différents modes d’écriture de l’histoire au moment de sa rédaction même. » Quant à la leçon, elle sonne belle comme l’antique « les hommes ne peuvent rien contre le fatum ; les destins individuels sont façonnés par le sort collectif auxquels ils participent (…) Seules les villes survivent. » (Sous la direction de Vincent Déroche et Nicolas Vatin, Anarchasis).

Pour LibéL du samedi, le temps aussi est à l’histoire mais celle du radeau de la méduse, épisode douloureux et plaie à jamais ouverte du roma nationale. C’est Laurent Joffrin qui s’y intéresse et l’on sent un intérêt personnel derrière la recension du livre de Jacques Olivier Boudon (Les naufragés de la Méduse, Belin) ; l’article rend compte du travail d’enquête et de reconstitution de l’auteur qui souligne à quel point cette tragédie repose avant tout sur une série de décisions absurdes liées à l’aveuglement de classe. Diantre ! s’agirait-il d’une critique marxiste ? Non, qu’on se rassure nous sommes bien dans notre époque. Nous n’aurions jamais dû rien savoir de la catastrophe si « un jeune et ambitieux ministre (n’avait) fait opportunément fuiterle rapport Savigny. Comme dans un Wikileaks avant la lettre, le Journal des débats publie in extenso le texte du médecin survivant. Le scandale est national. ». N’oublions pas que Laurent Joffrin est ue expert du cryptage que cherche-t-il à nous dire ?

Pour Libé du Jeudi, en revanche, une Une plus conventionnelle consacrée à l’énorme bouquin de Franzen, là  nous sommes directement en présence de Wikileaks et de l’époque.

Franzen fait également la une du LibéL de ce jeudi, et Philippe lançon se lâche, comme on dit à propos du parallèle effectué par l’auteur entre l’Allemagne de l’est et internet, le clergé d’internet ?   : « ce sont plutôt d’insupportables et médiocres raseurs, passant leur temps à prêcher leurs moindres pets » et le côté obsessionnel du héros ? La branlette que pratique Andréas sur les tombes et les écrans est le reflet imaginaire de celle que les patrons de site ne cessent d’effectuer sur la tombe des journaux ».

Ils poursuivent leur route dans la presse.

Patti Smith fait  l’affaire du portrait du Monde des livres pour M.Train, ce qui est fabuleux, c’est qu’à l’époque où personne n’écrit plus M pour Monsieur en lui préférant le Mr anglo-saxon, ce soit une auteur d’outre-Atlantique qui rétablisse la norme.

 

Côté chroniqueurs.

Eric Chevillard fait une chronique positive sur un livre très critique. Intitulé Sympa (Le Dilettante), le livre de Schiffres souligne commet notre époque a vidé de son contenu la sympathie originelle pour la réduire au « sympa voire au sympatoche ». L’euphémisme de ce terme nous dit le critique est décidément la marque du mensonge de notre époque : « Le sympa est comme le bisou, comme ce « pas de souci » qui ponctue toutes les conversations, il est l’invention d’enfants effrayés qui se rassurent en édulcorant la réalité » Il nous invite à nous réjouir du petit tour d’horizon suscité par l’auteur. La conclusion ‘est pas très sympatoche pour notre époque.

Francis Jammes coeur de chien titre pour sa part Mathieu Lindon à propos de la réédition de Pipe, chien le roman humoristique de Francis Jammes dans lequel, par exemple un homme veut la légion d’honneur pour son chien et quels arguments lui opposer ? Roman d’où n’est pas exclu un racisme et un antisémitisme ordinaire, Pipe, chien s’avère selon notre critique « un roman guilleret mais non sans émotion, où le destin du héros est mystérieux pour celui-là même qui le vit. »