Depuis quelques temps déjà, l’actualité littéraire nous demande de nous pencher sur la figure de l’écrivain de caractère… (écouter la suite sur le teaser audio).

 

LES UNES

 

Mordecai Richler continue son tour des unes avec celle du cahier Livres&Idées de La Croix ; l’article de Jean-Claude Raspiengeas choisit de raconter les difficultés de publication rencontrées par l’oeuvre de l’auteur canadien. Celui qui refuse les appartenances faciles a écrit en anglais et aucune traduction correcte n’existait jusqu’alors : c’est donc bien d’une aventure éditoriale qu’il s’agit autant que de la découverte d’un écrivain à l’ampleur d’un Rabelais.

Un autre écrivain à la langue aussi puissante que ses récits sont tourmentés, Joao Guimaraes Rosa, figurait à la Une du LibéL de ce samedi «  .Il n’y a pas pour le lecteur de Joao Guimaraes Rosa risque d’ennui mais d’effort » prévenait Mathieu Lindon pourquoi « parce qu’il ne considère pas le lecteur comme un client mais comme une sorte d’étudiant qu’il enrichit. » Se remettant en question sans cesse et occupé uniquement de son oeuvre et de son travail sur la langue il donne essentiellement des nouvelles Mon oncle le jaguar& autres histoires (Chandeigne).et un unique roman Diadorin, Albin Michel.

Le Figaro littéraire opte, quant à lui, pour la figure de Pierre Boutang dont la biographie sobrement éponyme est publiée chez Flammarion, l’occasion d’un mini dossier fait de témoignages, personnalités variées comme Jean-François Colosimo, Raphaël Sorin, Michaël Bar-Zvi, Chantal Delsol et…Bernard-Henri Lévy, c’est-à-dire les personnalités qui peuvent jouer un rôle d’avocat du penseur d’extrême droite.

 

Par ailleurs dans la presse…

Henry James continue sa carrière d’écrivain à la fois présent et discret à l’occasion de la parution conjointe de ses carnets en Folio et d’un volume de « La Pléiade » consacré à quatre de ses romans. Patrick Kéchichian souligne la qualité analytique du romancier qui réflachit constamment sa tâche et son art, avec un génie aussi grand que celui du romancier ».

Chico Buarque, remarqué par Mathieu Lindon avec Le frère allemand (Gallimard), ne cesse de se perdre dans le Sao Paulo des années soixante. Sébastien Lapaque pour le Figlitt nous dit ce qu’il convient de faire, une voix le livre achevé « à recommencer depuis le début. Car les chemins romanesques de Chico Buarque ne mènent jamais nulle part. Et malgré une ironie souvent grinçante, tout fait sens dans ses livres où le rêve concurrence la réalité. »

Tout dort paisiblement sauf l’amour annonce Claude Pujade-Renaud qui consacre un livre au premier amour (éphémère) de Kirkegaard, il est remarqué par Frédéric Mounier dans L&I etFrançoise Dargent dans le Figlitt. La romancière s’intéresse à la fiancée abandonnée du séducteur danois.(Actes Sud)

 

Du côté des chroniqueurs.

Etienne de Montety n’est pas très confraternel cette semaine : sous le titre À oublier, qui n’est déjà pas bien gentil, il dit tout le mal qu’il pense de Je ne me souviens pas de Mathieu Lindon. L’idée ne le séduit pas, bon, mais en plus le style le fait souffrir « la langue française est un ensemble de conventions, c’est aussi de la musique avant toute chose. ». La gageure qui consiste à écrire un livre entièrement à base de  négations ne le séduit guère.

Pour Eric Chevillard il est encore question d’animaux cette semaine. Avec constance le feuilletoniste du MDL s’attaque cette fois à Nom d’un chien du Canadien André Alexis (anglophone cependant), un roman qui part d’une situation à la fois inédite mais tout à fait banale : le pari entre Apollon et Hermès que si l’on donne l’intelligence aux chiens aucun d’entre eux ne mourra heureux. Comme le note le chroniqueur « « Ils comprirent soudain qu’ils étaient désespérément libres. » Car le premier bénéfice de l’intelligence est celui-ci : tout se complique. »(Denoël). Enfin, Bruno Frappat consacre sa chronique à la biographie de Simon Leys par Philippe Paquet Simon Leys. Navigateur entre les mondes (Gallimard) à qui il reproche d’avoir peut-être un peu trop chargé la barque avec ses 670 pages. Jean-Philippe Béja du MDL en souligne juste l’aspect passionnant du sujet. Le modèle semble ne pas pouvoir se laisser réduire (ou dominer) dans l’immédiat. La vie de Leys a été un combat contre la pensée dominante et c’est peut-être pourquoi il est d’abord conforté par ses biographes.