Cap sur Haïti !

  La tendance de la semaine. S’il fallait juger l’actualité littéraire de la semaine à la mesure des suppléments livres de vos quotidiens, on ne pourrait évoquer que la diversité. Certes le Figaro littéraire et le monde des livres consacrent tous les deux leur Une aux écrivains haïtiens… écouter la suite sur le teaser audio.

 

Les unes… …présentent questions et dossiers intéressants cette semaine. A noter donc, les écrivains haïtiens en une du Figaro littéraire ; on préfèrera le titre intérieur  La langue française en majesté au titre de Une Ces Haïtiens qui ensoleillent la langue française. Car, comme le soulignait dès samedi dans Libération Emile rabaté à propose du livre de Makenzy Orcel L’ombre animale, « Flux de conscience, défunte parlant d’outre-tombe, galerie de personnages ravagés embraqués dans une odyssée tragico-grotesque. » le roman haïtien n’est pas fait que d’exotisme ensolleillé. On égrenne les noms de ce groupe d’écrivains, aujourd’hui forts de leur porte-enseigne Dany Laferrière : les anciens René Depestre et Lyonnel Trouillot  mais aussi les plus jeunes,  Evains Wêche et Makenzy Orcel. Trouillot parle lui-même de ce fameux ensoleillement de la langue, « En France je constate que beaucoup écrivent dans l’immédiateté de la langue, comme si celle-ci n’avait pas d’avant. C’est tout de même ce qui devrait être. Or bien souvent, il n’y a d’écrivain que dans ce qu’il écrit et pas de langue. C’est sans doute pour cela que notre écriture peut paraître si originale, décomplexée, ensoleillée ». Et dire qu’il n’est pas à l’Académie.Kannjawou, Actes Sud, Les brasseurs de la ville, Editions Philippe Rey, Popa Singer Zulma, Mythologies américaines (roamn) Grasset. La Croix ouvre sur la littérature et les questions afférentes avec les deux livres d’Olivier cadiot et de La Une du LibéL de ce jeudi est occupée par un article très court d’Emmanuèle Peyret consacré à la collection « Les classiques érotiques » aux éditions de la Bourdonnaye.

Février c’est aussi le mois de l’Amérique ; les auteurs cette année sont pris entre le roman policier et le roman naturaliste. L’Amérique semble développer de plus en plus une littérature de terroirs ; après l’américaine Jayne Anne Phillips qui scrute aussi bien le Chicago de la dépression que l’Iowa et son immigration hollandaise de fraîche date dans Tous les vivants, c’est au tour de Ron Rash de faire la Une du supplément livre de Libération. Dans l’entretien qu’il accorde à Claire Devarrieux, on voit en effet poindre un écrivain attaché à sa géographie (ce qui n’exclut pas pour autant l’Histoire). « -De quelle nature est votre poésie. -Elle est ancrée dans le paysage. Le paysage est un portail ouvert sur l’imagination, il nourrit aussi bien la prose que la poésie (…) Entre la fin de mes 20 ans et le début de la trentaine, je n’écrivais que des poèmes. Je n’avais pas assez vécu pour écrire de la prose. » On notera que l’auteur a intitulé son livre Le chant de la Tamassee (Seuil), un nom de rivière Cherokee. Le terroir ne commence pas avec l’occupation européenne. Dans le Figlitt c’est James Lee Burke qui délaisse son espace habituel, le territoire cajun, pour le Montana, l’une des trois ou quatre grandes patries du polar américain. Il y trouve tout ce qu’il faut pour une nouvelle aventure de son détective Dave Robucheau nous dit Bruno Corty « Des fantômes de loup rôdent sur ces terres où les Indiens tentèrent de fuir la folie meurtrière des Blancs. » on en revient ici aussi aux fondamentaux.  Lumière du monde (Rivages).

Côté chroniqueurs 

 Gloire tardive, le roman de Schnitzler en Une du MDL la semaine dernière a séduit également Mathieu Lindon qui commence par « Les écrivains ont rarement la réputation qu’ils estiment mériter. » C’est un peu le cas du héros du livre même si celui-ci a bien du mal à produire en réalité ; ce sont de jeunes admirateurs qui lui font soudainement penser qu’il possède peut-être un talent à ce sujet. Le critique insiste sur cette ambiguïté qui amène en définitive à penser que le repos lui va tout aussi bien, qu’il n’a rien à faire dans la vie des lettres. On sent que la rentrée littéraire s’est éloignée. Pour demeurer dans cette rentrée néanmoins, signalons que Bruno Frappat rejoint le camp des admirateurs de Kéthévane Davrichewy et de son aarière -grand père qui ressembla si fort à Joseph Staline qu’il en avait, jeune et le visage et les moeurs. Le titre ironique Ce chenapan de Staline montre à quel point ce roamn touche au coeur de nos souvenirs ou préoccupations historiques, un sosie est peut-être un manière de rendre le modèle plus humain.

Etienne de Montety continue pour sa part de dire ses admirations : avec le nouveau volume de ce qui constitue des Mémoires vagabonds empruntant des chemins de traverse. On y trouve donc un peu de tout et c’est ce ramas qui séduit le critique, les figures d’une certaine nostalgie de la littérature, disons plutôt de la nostalgie d’une certaine littérature, Green, Jacques Brenner, Roger Vrigny, Jean-Louis Curtis, etc. Enfin, Eric Chevillard se livre dans le MDL à une vibrante défense du roman de Pablo Casacuberta dont il avait déjà aimé Scipion. Cette fois il s’agit d’un roman d’initiaztion mais différent, pour l’auteur qui les goûte peu. Casacuberta offre en effet un héros qui préfère ne pas avoir à faire au monde ; le rêve du critique ?   Gloire tardive, Albin Michel, L’autre Joseph, Sabine Wespieser, La planète Nemausa, Gallimard. Ici et Maintenant , Métaillié.