Cette semaine c’est la rentrée littéraire pour de bon ; la rentrée de janvier, plus discrète, consacrée à et consacrant des auteurs déjà confirmés mais foisonnante également, pleine de découvertes en littérature étrangère… Ecoutez la suite sur le teaser audio
La rentrée littéraire reprend ses droits mais contrairement à certaines années où ça se bouscule un peu, on assiste à un retour du littéraire : sérieux, théorie, distanciation, chacun tente de montrer que sérieux des idées et expression romanesque ne sont pas incompatibles, y compris lorsqu’on évoque des sujets qui paraissent légers.

C’est la rentrée pour Jean Échenoz qui a droit au papier de Philippe Lançon, samedi, dans le Libération des livres et à la chronique d’Étienne de Monthéty ce jeudi dans le Figaro, Philippe Lançon soulignait déjà que  « l’émotion naît de l’équilibre tendu entre ce geste de l’écriture et la mélancolie muette des personnages, les sentiments résonnent en creux dans l’ornement des phrases» il dit aussi un peu plus loin à propos du du livre  :  «il y a bien d’autres personnages dans le livre allant des Pieds-Nickelés aux losers complets comme le pain » c’est une des dimensions essentielles d’ Echenoz, ces personnages à la xcroisée du conte et de la bande dessinée : « à aucun moment à sa lecture on ne frissonne, nous dit Étienne de Montety. On fait mieux : on jubile. » Entouré d’une théorie de personnages souvent cocasses il mène la danse entre Paris,&² la Creuse et Pyongyang et puis Étienne Monthéty souligne donc la maîtrise de Jaurès nos Atrides apparemment échevelé qui se resserre tout ceci à son initiative dit-il : « Echenoz, Petit Poucet malicieux, sème les mots au vent ; on pourrait le croire désinvolte mais il démontre une nouvelle fois qui sait mener un roman». Echenoz, appelé par ailleurs funambule des lettres». titre qu’il conviendra sans doute dans cette chronique réussit donc sa rentrée.

Côté chroniqueur On notera qu’Eric Chevillard choisit pour sa part Olivier Rollin qui joue sur les récits emboités (voir le teaser audio), conclusion du critique, écrivain lui-même : « Tel Ignace faisant la lecture à Solana pour la séduire, la littérature mentirait-elle sur ses fins ? Poursuit-elle des buts inavoués, inavouables peut-être ? Que trafiquent en vrai les écrivains ? »

La littérature du monde poursuit également sa route avec la confirmation de deux beaux romans pour cette rentrée, celui de Richard Flanagan, lauréat du Booker Prize 2014 : Claire Devarrieux souligne dans LibéL qu’il « est toujours un bon écrivain, mais le voici grimpé sur le podium, : la prestigieuse récompense a déclenché autour de lui un battage fracassant. » Elle en souligne les qualités narratives, celle de la lucidité du regard porté sur le monde des esclaves, soldats déportés et population locale dont environ 200 000 ne reviendront pas. « On dirait dans les trente première pages qu’il vole, Tarzan de la prose, de phrase en phrase. » Elle souligne les multiples histoires individuelles (peut-être racontées par le père de l’auteur qui est revenu de cet enfer) et le « très vif, et très égoïste » plaisir du lecteur.La route étroite vers le nord lointain (Actes Sud). Le roman de Jens Cristian Grondahl poursuit sa carrière et c’est le point de vue de son traducteur qu’offrait LibéL samedi dernier. Point de vue d’autant plus intéressant qu’il souligne la complicité qui peut s’établir avec le traducteur « amitié » le mot est lâché.Histoire progressive qui montre un traducteur cherchant, comme c’est souvent le cas un éditeur pour ce nouvel auteur, travail au quotidien, envoi de listes pour vérifier le sens des termes, goût pour le travail et la langue de « son » auteur « un danois musical avec, avec parfois de longues arabesques très mélodieuses. Un très bon texte sur la traduction, à faire lire pour susciter des vocations.

Le Monde des Livres évoque aussi la traduction dans l’article qui est consacré à Elena ferrante, auteur à succès autant qu’à mystère ; Florence Noiville défend cette semaine l’auteur à pseudonyme (en hommage à Elsa Morante) : « Tout est terriblement réel chez Ferrante, rien n’est là pour faire beau. » l’auteur tient compte de ses personnages et les fait évoluer de manière réaliste, réaliste ? « la marge de manœuvre, si vaste et si infime, qu’a chacun de nous pour sculpter son existence » Drôle d’auteur, anonyme dont la traductrice, cette fois se dit être maintenue très à distance. Mais voila, Elena est un phénomène aux USA où elle a vendu 800 000 exemplaire, on a parlé d’elle, selon un sondage quatre fois plus que de Donald Trump à Thanksgiving. On a les consécrations qu’on peut. Des promesses… pour les années à venir, c’est le dossier du Figaro littéraire qui s’attarde sur les premiers romans de cette rentrée. Le quotidien qui propose chaque année un numéro de rentrée (mais en septembre) consacré aux auteurs prometteurs, ils sont à découvrir  cette semaine et dans le teaser audio…