Les unes :

Rien ne presse avant les prix, cette semaine de Toussaint forme donc comme une pause au sein de l’actualité. On reste chez soi, on prend le temps de lire des œuvres plus denses, on s’épanche sur la nostalgie, on s’interroge.

 

La une du Livres et idées de La Croix s’ouvre sur un manifeste, fêtes de la Toussaint oblige : « Refusant la disparition sociale de la mort, plusieurs philosophes s’intéressent à ce qu’elle signifie et, osons le mot, apporte à l’étoffe de nos existences. »

 

Petit dossier donc, sous la plume d’Elodie Maurot. Du côté de l’homme contre la déshumanisation, Robert Redeker avec L’eclipse de la mort suivi du chemin de L’éternité reçue de Martin Steffens : défense de la mort, refus de son effacement dans la société(les 2 chez Desclée de Brouwers). Refus de l’effacement des morts également avec le livre de Vincianne Desprée Au bonheur des morts réédité en poche (La Découverte), « En tous cas ils sont consistants, persistants, incroyablement présents parmi les vivants » nous dit la critique. Elle clôt cette sélection par Michel Finck, dont le recueil de poèmes Connaissance par les larmes (Arfuyen) propose quelques formules sur le rapport entre poésie, vie et larmes : « Les/Larmes/Non/Pleurées/sont /celles/Qui/Font/ Ecrire. »

 

« Un faux suicide peut donner à la fin un livre vrai », c’est la déclaration de une pour Le rendez-vous des livres (l’Huma) à propos du (gros) livre Le dossier M de Grégoire Bouiller qui avait fait le « buzz » de la rentrée. Autobiographie à tiroirs et à digressions « Grégoire Bouiller décline par le menu son expérience de l’amour, depuis sa prémonition jusqu’à son impossibilité en passant par sa naissance véritable. Muriel Steinmetz en est venue à bout, elle prévient cependant que l’auteur va récidiver en janvier avec un deuxième volume de 900 pages et qu’il met en ligne ce qu’il n’a pu utiliser pour son livre.

 

LibéLivres du jeudi nous propose une découverte, celle de l’Américain Joseph Mitchell, à l’occasion de la publication de son livre Le fond du port, série de reportages légèrement romancés sur le port de New York et de sa biographie par Thomas Kunkel L’homme aux portraits les deux aux éditions de Sous-Sol. Fait-diversier, il devient une plume du journalisme américain de légende Il écrit sur tout (…) et rode une écriture très vivante, soucieuse de restituer la parole et les expériences des individus. Il sera nostalgique du New-York de la première moitié du XXeme siècle.

 

Nostalgie également à la Une du Figaro littéraire avec «L’éternel vieux Paris. » ; à l’occasion de la réédition de Connaissance du vieux Paris de Jacques Hillairet Jacques de Saint-Victor fustige le touriste « Le lecteur du « Hillairet » devient le contraire même du touriste. Il ne s’agit pas d’aller loin pour se vider l’esprit. Mais d’effectuer un travail d’anamnèse pour mieux se réapproprier sa propre ville. Suivent d’autres références en cascade dont les Histoires de Paris de G.Lenotre chez Perrin et le livre d’Antoine Compagnon Les chiffonniers de Paris à la « Bibliothèque illustrée des histoires » ce qui en fait un livre doublement précieux (auteur, Illustration).  

 

Le pêle-mêle du matin…

 

Comme la semaine dernière, beaucoup de textes font leur retour en attendant le début des prix.

Ils continuent leur vie à l’image du Me voici de Jonathan Safran Sfoer (L’Olivier) chroniqué dans L&I, Stéphanie Janicot relève la cohérence réelle du bouquin et cette réplique « C’est quoi, pleurer comme un juif ? » « Faire silence », suggère Julia. « Rire » propose Max »

 

On retrouve Yannick Haenel dans le même supplément. Son roman qui raconte, pour faire bref, la volonté du narrateur de soumettre un scénario sur la vie de Melville à Michael Cimino fonctionne avec « une incroyable force polyphonique et contrastée » Nous dit Antoine Perraud (Tiens ferme ta couronne, Gallimard.).

 

La distance qui nous sépare s’impose également, le roman sur le père de Renato Cisneros (Christian Bourgois) : d’un côté le père de famille adoré par son fils, de l’autre le compagnon de route de Videla et Pinochet, né en Argentine avant de devenir l’un des plus grands tortionnaires de la junte péruvienne.

 

Alain Nicolas dans l’Huma souligne le talent de Julia Deck et son « roman de complot »  Sigma (Minuit): «elle crée des situations où des thèses parfois abstraites sur le monde de l’art, du spectacle et de l’argent prennent un tour savoureusement concret. Rappelons qu’il s’agit de montrer à travers ses archives comment une organisation, Sigma, cherche à éradiquer la capacité de contestation de certaines œuvres d’art. Parodique et pas si facile à « faire tenir ».

 

Deon Meyer et son apocalypse  L’année du lion  arrivent en force également dans cette période de lecture ouverte. La dystopie, c’est le terme consacré par la mode, l’a saisi et à son tour il crée sa petite communauté de survivants. Une précision de Thierry Clermont « Quand on commence l’histoire, les événements ont déjà eu lieu. Et c’est le héros, Nico Storm devenu adulte, qui raconte ce qui est arrivé à son pays et à son père. » suffit à résumer le genre. Depuis quelques temps déjà les romans ne racontent plus si ni comment la catastrophe va avoir lieu mais plutôt comment lui survivre. Dans tous les cas il reste au moins un témoin. Est-ce rassurant ?

 

 

Index des titres parus dans la presse de cette semaine

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