Réponse à notre quizz du 22/05/22. La photo de gauche est la librairie d’Emmaüs de Nantes, celle de droite la librairie de Sion (CH) !

LES UNES

La poésie pour le cahier livre de L’Humanité, et avant tout la poésie des femmes, comme autrices et non comme muses. C’est le cas avec l’anthologie de poésie féminine contemporaine Madame tout le monde, initiée par Marie Quatrebarbes, dont le titre, nous dit Alain Nicolas, « insiste tout autant sur le refus de la survalorisation du poète, risque qui ne guette guère, il faut le reconnaître, les femmes qui écrivent de la poésie. »

Autre aspect novateur de cette initiative, chacune des autrices est appelée à présenter une revue à laquelle elle participe ou qu’elle dirige (entre 2008 et 2020) ; du même coup chaque autrice est passeuse « on n’en finirait pas, entre retrouvailles et découvertes, de décliner le sommaire de ce passionnant ouvrage qui, même s’il ne se veut pas exhaustif, donne de belles vues sur ce nouveau paysage. »

Le reste du cahier est consacré à Anne Sexton, Olivier Barbarant et Jean-Michel Maulpoix.

Les chevaliers en Une de Livres & Idées ; ou, pour le dire autrement, un volume entier de la collection « Quarto » consacré aux romans du cycle arthurien, accompagnés des notes et précisions de Martin Aurelle et Michel Pastoureau. Car, « l’intérêt de l’ouvrage est aussi de proposer cartes, chronologies, dictionnaires des personnages et introductions concises pour mieux saisir cette formidable construction littéraire » comme le souligne Stéphane Bataillon. Il signale par ailleurs que parmi les textes présentés et connus se trouve aussi le plus discret Kulhwch et Olwen, le premier récit qui accorde une place centrale à Arthur.

Invitation au voyage au Figaro littéraire, en six auteurs, deux voyageurs-bourlingueurs et quatre découvreurs de terroirs ; soit Elsa Maillart et sa philosophie du voyage en Petite Biblio Payot Voyageurs, la bien nommée et Samuel Adrian qui ne cesse de se lancer dans de nouveaux périples avec son cousin ou d’autres complices. Leur point commun ? Ils ne s’arrêtent à aucune frontière, explorent le monde entier est-ouest davantage que nord-sud, peut-être.

Quant aux terroirs ils se nomment Vercors (de Baecque), Bretagne (de Dieuleveut), Cape Cod (Henry Betson) et les Alpes (Alexandre Dumas). Pas de doute, les vacances approchent que l’on parte par les chemins ou par les livres.

La journaliste Lilian Ross ouvre le LibéL de ce jeudi avec son livre, sorte de best off dans lequel, nous dit Philippe Lançon, elle nous donne quelques ficelles de métier, lesquelles elle tient essentiellement d’Hemingway. « Décrire comme Cézanne et utiliser le contrepoint comme Bach », répéter un même mot régulièrement dans un texte. « Ce talent Bach et Cézanne se retrouve d’un bout à l’autre du livre » souligne le critique qui rappelle « Le lecteur de Lilian Ross est un ami à qui elle fait connaître des amis » Formule qui met en évidence le talent de… Philippe Lançon.

Mohamed Mbougar Sarr, écrivain goncouré de l’année rend hommage à Roberto Bolano en une du Monde des livres. Il l’avait déjà fait lors de son avènement, aujourd’hui il se réfère explicitement à 2666 qui constitue à lui seul le sixième volume des œuvres complètes de l’écrivain chilien. « Voilà, métaphorisée, l’expérience de la lecture de 2666 : il y a près de nous quelque chose d’inconcevable par son horreur ou par sa beauté – mais nous n’en ferons, ne pourrons en faire l’expérience que par intuition. » Ou, comment un écrivain parvient, pour sa part, à résumer une œuvre irrésumable si on tente de le faire par l’intrigue.

Question de littérature en une du LibéL samedi : « Les mémoires sont un genre littéraire souvent décrié par la critique, moins considéré que le roman par exemple, or il implique le même enjeu narratif. Le personnage grandit et s’affirme par l’expérience. »Phrase d’écrivain parvenu au faîte de sa carrière ? Oui et non . Joy Harjo a été nommée poète officielle des Etats-Unis en 2019, car la poésie est son mode d’expression premier et privilégié même si « L’image que j’avais du poète, c’était un vieil homme blanc en Europe.» Or, lorsqu’elle découvre la poésie dans un atelier, elle décide d’en faire son mode d’expression privilégié. Discrète sur sa propre expérience, elle continue le récit de sa vie de façon non chronologique : « je construis plutôt en cercles, c’est pour cela qu’il ya des chevauchements, avec parfois un regard différent porté sur les mêmes expériences. »

Dans le pêle-mêle

Rattrapage à faire de ces dernières semaines lors desquelles trois femmes se détachent nettement sans pour autant occuper les unes.

D’un côté donc Annie Ernaux, avec un tout petit livre mais qui vaut pour une somme si l’on en croit la critique. « j’ai fait l’amour pour m’obliger à écrire. Je voulais trouver dans la fatigue, la déréliction qui suit, des raisons de ne plus rien attendre de la vie » voici pour la justification de ses aventures avec le Jeune homme et, surtout du livre qui leur est consacrées.

Chantal Thomas est également célébrée pour son Journal de nage qui cache une réflexion sur le confinement et ce qu’il révèle de danger pour les corps dans notre monde actuel…achevant par là les retrouvailles avec sa mère initiées dans Souvenirs de la marée basse.

Enfin, Edmonde Charles-Roux complète cette trilogie de femmes libres non pas par une œuvre mais dans l’image qu’en donne sa biographe. Dominique de Saint Pern a su en deux volumes Edmonde et Edmonde l’envolée, restituer « sur un rythme enlevé, non sans une forme de tendre rosserie, cette vie d’une liberté que ne laissaient pas deviner les tailleurs Chanel, les blouses à lavallière en soie et les stricts chignons dont Edmonde Charles-Roux avait fait son uniforme. » dixit Raphaëlle Leyris dans le MDL.

Portraits/Entretiens

Dany Laferrière referme le MDL mais c’est davantage le héros de son dernier texte court, Monsieur Gérard, qui s’impose. Ce professeur qui a participé à la vie littéraire haïtienne, mais de façon quasi anonyme avant de vivre à Port-au-Prince « donne l’impression de n’être pas d’ici, il est inadmissible aux yeux des autres. » Par ailleurs le même cahier invite à se confronter avec David Peace auteur « des romans noirs anglais les plus commotionnants de ces vingt dernières années.» rappel : Joy Harjo est donc cette écrivaine muscogee (Creek) par son père, et franco-cherokee par sa mère qui accorde un entretien sur la poésie et les langues amérindiennes.

A la semaine prochaine !

Index des articles parus dans la presse de cette semaine