Chronique 25-11, du 26 avril au 9 mai 2025

Les Unes

La première semaine de cette quinzaine a été anglo-saxonne, ou plutôt irlando-anglaise, avec un auteur contemporain, Colin Barrett et un posthume qu’on retraduit, Graham Greene. Pour le premier c’est Frédérique Roussel du LibéS qui pose la question : « Les trafiquants attendent leur argent tout en descendant des bières et en regardant la télé. Comment cela va-t-il finir ? » Poser la question de cette manière c’est commencer à y répondre même si l’article ne dévoile rien du dénouement. L’entretien avec l’auteur tourne autour de son goût pour les personnages avec la famille comme sujet central. « C’est clairement un fil conducteur de mon travail. Si les structures traditionnelles tombent en panne, de nouvelles formes peuvent en découler. »

L’autre auteur, Graham Greene, est mort mais sa postérité mérite d’être revisitée nous dit François Angelier. Le spécialiste des mauvais genres sur France Culture subodore un auteur intéressant ne serait-ce que par le titre de ce premier volume Le Ministère de la peur. Sa postérité patine, se fige dans des traductions surannées et cela devient une affaire d’éditeur, celui de Flammarion qui décide de lancer un cycle de retraduction courageux et de Claro, traducteur par essence qui s’attaque rarement à de l’anglais british (la dernière fois c’était en 2002 avec Habitus de James Flint)

Le LibéS permet également de découvrir Dacia Maraini, autrice italienne peu connue en France et qui raconte sa détention, enfant, dans un camp… japonais, pendant la Seconde guerre mondiale. Elle le fait en réaction aux guerres contemporaines, insistant sur l’Ukraine et Gaza : « – Une manière de lutter contre l’oubli » demande Arnaud Vaulerin : 2pts rajoutés « – Cette mémoire est combattue par la société de consommation. Or la cultiver est une forme de résistance. Il faut travailler sur la mémoire collective pour que les gens partagent un sentiment de responsabilité. » Elle relate la cruauté des gardes japonais tandis qu’elle était détenue avec ses parents mais aussi leur libération soudaine et la solidarité des paysans voisins du camp.

En une du Monde des livres, le travail de Vincent Debaene qui cherche à sortir l’auteur africain du dilemme dans lequel « l’individu colonisé se voyait condamné à ne jamais être le sujet de sa propre énonciation en français ». D’où un livre qui cherche à voir dans les productions littéraires de l’Afrique francophone, autre chose que l’assimilation linguistique, même lorsque le colonisé s’exprime par lui-même. Il cherche à rendre, à travers une lecture littéraire, la parole indigène intelligible en tant que telle. L’auteur refuse de considérer que tout écrit est forcément marqué de l’empreinte coloniale.

Qu’en dirait Chimamanda Ngozi Adichie en une de Livres et Idées ? elle qui choisit des personnages de femmes dont, nous dit Marianne Meunier : « la quarantaine, elles sont africaines, ont un ou deux pieds aux Etats-Unis, se nomment Chiamaka, Zikora, Kadiatou et Omelogor et, cousines ou amies, se connaissent jusque dans leurs secrets. » Au-delà des histoires féminines, il s’agit de dresser un portrait le plus complet possible de ce qu’est la femme « afro » contemporaine.

Le Figaro littéraire s’intéresse à l’humour dans les récits contemporains et accumule une série de textes supposés drôles, mais qui se tournent progressivement du côté de la cruauté. Les personnages sont au centre, un homme persuadé chaque jour qu’il va mourir, un autre qui vole une voiture avec un chien à l’intérieur, un jeune polonais en quête d’un moulin à café dans le biotope d’un immeuble d’avant la chute du mur, un journaliste en herbe qui disparaît dans un village aux habitants aussi calmes que pervers, etc. En dehors d’Etgar Keret qui développe un vrai fond kafkaïen, on a l’impression à lire les comptes rendus que tout commence par une situation burlesque et se termine à la fois sur des retournements de situation et des messages plutôt positifs.

Dans le pêle-mêle

Cette semaine nous évoquons l’abondance des romans à animaux domestiques. Il fallait s’en douter depuis la parution et le très grand succès de Son odeur après la pluie qui évoquait les relations privilégiées et profondes entre Cédric Sapin-Dufour et Ubac un bouvier bernois, d’autres auteurs allaient occuper le créneau, voire la niche. Deux tendances donc, ceux qui continuent le domaine canin avec un roman de Gwendoline Soublin qui rapporte la rencontre entre une jeune fille en deuil et un chien ; l’article de Dorian Grelier s’intitule Son odeur après la vie (L&I). Nous avons déjà mentionné plus haut le roman policier comique de Benoit Toccacieli qui affiche haut et fort On n’abandonne pas un chien sur l’autoroute avec lequel le chien devient un personnage à succès. Et puis, bien entendu il y ceux qui choisissent le côté félin. Comme Hélène Gestern qui occupe la rubrique Pourquoi ça marche ? dans le LibéS avec sa chatte Mimi et le titre sans appel Toi. Ils viennent rejoindre L’Homme qui écoutait battre le cœur des chats de Mathias Malzieu, lequel donne la parole à ses chats ce qui rappelle un peu la démarche d’Hiro Arikawa avec Les Mémoires d’un chat. Comme on peut le voir cette flambée fait bon feu même si ce n’est pas la première fois que le milieu littéraire s’embrase pour l’animal de compagnie. On complètera en signalant le sérieux Quand les animaux prennent la parole qui évoque les recherches sur les systèmes langagiers des bêtes. Il n’est pas sûr que cela suffira à plaider leur cause.

Une quinzaine assez riche finalement, à la semaine prochaine !

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Index des articles du 26 avril au 2 mai

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