Avec les lettres choisies de la famille Brontë  écrites de 1821 à 1855 et publiées par les éditions de la Table Ronde, c’est le retour des filles prodigues des lettres anglaises. Prodigues en écrits bien sûr… j’écoute la suite sur le billet audio.

A la Une

On ne s’attendait pas à les voir figurer en une de l’actualité et pourtant, les sœurs Brontë font leur grand retour à travers 640 p. de correspondance (c’est un tri !) éditées par La table ronde. Françoise Dargent, pour le Figaro littéraire, rappelle que l’essentiel de la correspondance est assurée par Charlotte tandis que le reste de la famille assure le « liant » Quelques clichés s’infléchissent également : ainsi, contrastant avec le paysage dévasté de la lande et la tristesse du presbytère, la famille est très unie dans la création et ce dès son plus jeune âge : ils « comptaient énormément les uns sur les autres dans leur quotidien comme en littérature » dit Sabine Audrerie qui complète : « La visite des pièces de la maison apprend plus qu’on aurait pu croire. Celle de la cuisine par exemple, dont on sait l’importance dans Les Hauts de Hurlevent. Elle montre que la vie des Brontë fut très ouverte. Les sœurs étaient très proches de leurs domestiques, qui leur racontaient les potins du village. La tradition orale a joué un rôle crucial dans la genèse de leurs romans. »

Ian Mac Ewan revient à ses premières amours, celles de Ian Macabre nous dit Raphaëlle Leyris dans le Monde des livres qu’on en juge d’après le projet de récit qui constitue le fond de Dans une coquille de noix, son nouveau roman (Gallimard) : un fœtus, à un mois du terme, essaie de déjouer le meurtre de son père, tramé par sa mère et son oncle dans la plus pure tradition shakespearienne. « Naître ou ne pas naître ? Telle est la question, qu’il étudie avec tout le sérieux nécessaire. »

Enfin Didier Castino en une du Rendez-vous des livres donne un entretien à Sophie Joubert à propos de son deuxième roman Rue Monsieur-le Prince (Liana Levi). Il y raconte la mort de Malik Oussekine « Il est devenu un nom mais on ne connaît pas la personne…Avant lui les victimes de violences policières étaient anonymes ». L’auteur revient également sur sa « manière » : « Un texte est une bataille. J’ai compris l’Etranger à 30 ans. C’est la même chose pour Faulkner : il m’a appris la polyphonie, les limites du langage, la manière dont quelque chose d’a priori incorrect peut devenir poétique. » L’écrivain conjugue avec bonheur son engagement dans et pour l’écriture.

Du même coup la une de Libération consacrée aux photographies d’écrivains à l’occasion de la publication par les Presses universitaires de rennes de L’écrivain vu par la photographie sous la direction de David Martens, Jean-Pierre Montel et Anne Reverseau, paraît renvoyer au titre de sa une le cliché des vanités.

 

Du côté des chroniqueurs.

Etienne de Montety choisit Thérésa Révay cette semaine, dont l’héroïne selon lui rappelle celles de Cecil Saint-Laurent. Son statut de journaliste aventurière justifie à lui seul le titre : La vie ne danse qu’un instant ; comme toujours notre critique est fasciné par une femme toujours en mouvement sur le théâtre des opérations, intrépide et amoureuse (Albin Michel).

Après ses collègues Frappat et Montety c’est Jean-laude Lebrun (l’Huma) qui fait la pub de Franz-Olilvier Giesbert : ce dernier « ne se gêne pas pour mettre son grain de sel dans le flot torrentueux de ses aventures et faire valoir son point de vue d’homme de notre temps confronté aux questions de l’Islam et de l’islamisme. » Un bon roman, quoi.

Mathieu Lindon se livre au difficile exercice de résumer un livre de Vila-Matas (Mac et son contretemps, Bourgois) : « parce qu’il y a beaucoup de voix dans le roman d’Enrique Vila-Matas, parce que le narrateur aspire à n’écrire qu’une œuvre prétendument inachevée là ou dont l’achèvement fasse partie de l’inachèvement » pourquoi ? « c’est que la littérature est l’héroïne ».

Là encore, il s’agit d’un thème rebattu, celui du retour d’Henri de Rénier, le dandy démodé. Eric Chevillard y succombe à son tour : « Etre de son temps dit-il est un mot d’ordre trop joyeusement entonné par les publicitaires pour ne pas cacher une entreprise de manipulation. » L’auteur a toujours fui son époque et son fantastique de fantômes fatigués séduit , « de ce lent et inéluctable naufrage se dégage une douce mélancolie, redoublée par l’ambiance dépressive de ces trois nouvelles. »

Une semaine de retours et interrogations, la trame de l’histoire littéraire.