Des arbres et des animaux, en l’absence d’une actualité dense, les chroniqueurs musardent , s’intéressent aux aux auteurs d’un autre siècle, postulants à la postérités. (teaser audio).

La une de Libération ce jeudi est occupée par un arbre, le hêtre des voyageurs de la forêt de Paimpont et un livre, celui de Peter Wohlleben La vie secrète des arbres (Les Arènes). Un auteur qui vient du monde de la nature comme forestier mais qui s’inscrit dans une ligne contestataire quant à la gestion industrielle des domaines. Son livre porte avant tout sur la vie des arbres, leur capacité d’adaptation à l’environnement mais aussi (et c’est plus rare) sur leur pensée et leur communication.

Une et dossier sur les animaux dans le Figaro littéraire : dictionnaire publié par Honoré Champion celui des animaux de la littérature française et bestiaire, celui de la philosophie établi par Christian Godin ; Paul-François Paoli rappelle que chaque penseur possède son animal de prédilection, parfois le même, mais dont ils n’en font pas toujours le même usage. Le reste du règne animal répond à quelques stéréotypes : «Chiens et singes sont mal vus» les abeilles sont en revanche très bien notées pour leur ordre et leur rigueur et ce à toutes les époques».

Des biographies animales également, celles d’Éric Baratay : le chien de Thomas Mann, celui d’Alexandre Dumas, la girafe de Charles X etc. (Seuil)Très bon volume pour Thierry Clermont et de romans pour finir l’animal et son biographe de Stéphanie Hochet Rivages et Denise au Ventoux chroniqué par Patrick Grainville qui y voit « une flambée de vie, un festin sensoriel. Montaigne et Giono !»

A la Une du rendez-vous des livres c’est François Bonnet et son roman vendéen ; Une vie de Gérard en occident dit le titre pour cet ouvrage déroutant qui «organise des récits selon le menu d’un repas de famille doublant l’ancrage dans la tradition de ces nouveaux contes populaire» l’auteur dit avoir rencontré le personnage principal dans une résidence d’écrivain à la Roche-sur-Yon. Il rencontre Alain Nicolas et dialogue avec lui.(Verticales)

Et en ouverture du Monde des livres, la figure souriante de Stephen King ici présenté pour le dernier tome de sa trilogie Fin de ronde. Un policier bien que l’auteur ne soit pas un spécialiste. Un affrontement entre un policier fraîchement retraité, cancéreux, et un psychopathe, au corps « augmenté ». On y retrouve évidemment tension et angoisse.(Albin Michel)

 

Les livres qui poursuivent leur chemin…

Le Pop corner d’Hubert Artus a séduit Frédérique Roussel spécialiste des « mauvais genres » à Libération qui en restitue les principaux axes à savoir l’élaboration d’une culture pop à partir des Comix et des pulps jusqu’à la pop musique et le pop art et même jusqu’au jeu Pokémon GO qui, pour l’auteur, fait partie de l’ensemble de cette industrie culturelle Vaste programme défendu par Hubert Artus, la pop culture s’étend des années 1920 à 2020 pour montrer la dominante de cette culture.

Voyage avec Vila Matas déjà remarqué entre autres par Eric Chevillard, intéresse Sophie Joubert pour le Rendez-vous des livres ce matin. L’écrivain catalan héros de ce livre apparaît comme un génie sorti de sa lampe mais ici il s’agit d’un TGV, celui dans lequel l’héroïne-narratrice se rend à un salon ; dès lors elle joue entre le récit de cette rencontre et un début de roman dont elle est l’auteur. C’est complexe, bien sûr, mais pas trop pour ce qui concerne Vila Matas.

On notera que la rencontre d’une femme boréale, dans son environnement demeure un événement littéraire. « Une Tony Morrison du grand nord » dit Florence Noiville (MDL) dans sa chronique, « Amy Winehouse dans un de ses bons jours » pour Bruno Corty dans la sienne (Figlitt).

A propos de Sofi Oksanen. L’auteure de Purge revient avec Norma, un roman qui tourne autour du trafic de chevelure, toujours d’actualité, et d’enfants, c’est moins étonnant. L’héroïne dont les cheveux poussent à vue d’œil (moderne Raiponse des frères Grimm) permet également d’interroger la double appartenance de son auteure finlandaise mais aussi estonienne par sa mère. (Stock)

Marianne Henriquez ressurgit dans le LibéL des livres de ce samedi. Stéphane Lançon lui rend hommage avec cette jolie formule : « il y a des régions du monde où la terreur est à prise rapide. » Les histoires inquiétantes de l’auteur qui a grandi sous la dictature trouvent un nouvel et profond admirateur.(Ce que nous avons perdu dans le feu, Editions du sous-sol)

 

Grand écart pour les chroniqueurs quoique.

Si Bruno Frappat s’intéresse à F.O.G et ses capacités romanesques « le brio de Giesbert fait qu’on lit son livre comme un feuilleton. » (Belle d’amour chez Gallimard).

Mathieu Lindon choisit pour sa part l’auteure un peu moins médiatique Rebecca Lighieri pour Les garçons de l’été (P.O.L) mais un rapprochement il y a du Rabelais chez le premier nous dit-on, « mots rares et précieux souvent proche de salace et de la fange », la seconde construit un récit « tendu par l’érotisme brut » même s’il s’agit avant tout du récit d’un accident dans une famille ; un fils se fait arracher la jambe par un requin en surfant, la mère part le rejoindre à la Réunion quant aux amis de son fils aux corps érotiques, « elle se contente de les observer, mais elle les tuerait bien. »

Eric Chevillard relève pour sa part le nombre important de livres consacrés à la perte et notamment celle du père. Avec L’hirondelle rouge de Jean Michel Maulpoix, il trouve un auteur qui « compose pourtant ces courtes proses poétiques avec sa délicatesse et son scrupule habituels. Sa phrase est ornée, imagée, fleurie, jamais mièvre. » C’est la posture de l’écrivain et de ses mots face à la mort qu’il interroge, l’action, la vanité la valeur de l’écriture (Mercure).

 

 

Téléchargez l’index des critiques parues dans la presse de cette semaine