Les poètes sont des écrivains engagés comme les autres !

A l’occasion de la Semaine de la Poésie certains de vos suppléments littéraires accordent une place prépondérante à ce genre dont il ne faut pas oublier qu’il n’est ni mièvre ni simpliste.

 

 

LES UNES : De la poésie, de la politique, un peu de religion et de société, de satire, bref, l’air du temps.

L’humanité (cahier Culture & savoirs) choisit d’ouvrir son cahier avec Nimrod Bena Djangrang, le poète tchadien,  autant pour son œuvre Sur les berges du Chari, district nord de la beauté que pour l’anthologie qu’il produit avec Christian Poslaniec 120 nuances d’Afrique.

 

Après la Une du monde des livres la semaine dernière, c’est à celle de La Croix que Hans Magnus Enzensberger a droit avec une très belle photo de ciel par-dessus des immeubles ; pourquoi ? Pour son livre L’histoire des nuages, 99 méditations chez Vagabonde, « édition bilingue soignée » nous dit Sabine Audrerie qui commente « sans verser dans l’atrabile, la poésie d’Enzensberger n’est pas apaisée. » et s’il « regarde vers le haut – les nuages, les astres ou l’infini – c’est pour habilement ramener son regard vers le bas – le tumulte, l’anxiété et les passions. », voilà pour les poètes !

 

La une du Figaro Littéraire  est consacrée à la droite républicaine et le dossier de la semaine tourne autour des publications consacrées à cette relative inconnue. Une introduction alerte de Jacques de Saint Victor et quelques ouvrages, des Grands textes de la droite  réunis par Grégoire Franconie pour « Champs classiques » jusqu’à l’Histoire des droites en France (1815-2017)  de Gilles Richard chez Perrin. A noter un entretien intéressant avec Philippe Raynaud : « la droite a une mémoire de ses défaites ou encore une mémoire mythologique chez les plus radicaux. Mais elle n’a pas de mémoire politique forte. » Une vraie pensée.

 

Enfin le Monde des livres donne la parole à…François Morel pour un hommage à Alexandre Vialatte dont on publie chez « Bouquins » deux volumes de chroniques, occasion pour celui qui joue avec les mots sur scène de se trouver un parrain : « car si Vialatte, lui, joue avec les clichés, les banalités, les poncifs, c’est pour les transformer, les célébrer, les glorifier. » On notera que le dossier porte pour sa part sur l’animal et sa consommation par l’homme. Un sujet qui revient beaucoup ces derniers temps.

 

Bonne presse pour Emmanuelle Pagano et le second tome de sa trilogie des rives (Sauf riverains, P.O.L) dans lequel elle raconte l’engloutissement des vignes de son grand père dans la vallée, devenue lac, du Salagou. Thierry Clermont du Figlitt : «Elle fait partie de cette rare famille d’écrivains qui, loin de Paris, et des feux de la rampe, bâtissent une œuvre solide, originale et inclassable, ouverte, portée par une écriture puissante, et qui n’hésitent pas à emprunter les chemins de traverse.»

 

Patrick Kéchichian a apprécié La vie automatique  de Christian Oster (L’Olivier) pas si facile, cette histoire de comédien qui laisse sa maison brûler avant d’aller recommencer sa vie chez une « vieille comédienne », le critique nous donne ce conseil : « Le mieux pour lire Christian Oster, c’est donc d’accepter cette ô infinie précarité, cette proximité presque cette confusion, de la fiction et du réel. ». Ce qui paraît aléatoire deviendra alors poétique.

 

Du côté des chroniqueurs on distingue également deux romans qui ont connus une certaine presse ces dernières semaines.

 

Jean-Claude Lebrun pour l’Humanité Mon étrange sœur  de Marie Le Gall, « Rarement l’on aura dit avec une telle force un désir de vie et sa progressive extinction ». Ce livre consacré à une sœur aînée de dix-neuf ans à déjà ému Bruno Frappat. Le chroniqueur, pour sa part rejoint le clan des admirateurs deAnne Wiazemsky qui raconte sa grande proximité, depuis son enfance avec un prêtre Un saint homme (Gallimard). L’ambiguïté potentielle de la relation semble désarmer un peu l’analyse qu’en fait le critique qui débouche sur une conclusion un peu étrange «Un tel lien, riche et beau, serait impossible à notre époque où le principe de précaution poussé à l’extrême s’insinue partout, faisant naître le soupçon dans toute relation d’âme à âme entre un « saint homme » et une jeune fille pure. » Le principe de précaution, vraiment ?

 

Etienne de Montety se promène pour sa part du côté des classiques. Le jeune Kipling et son voyage en Amérique dont on ne se limitera pas à relever « quelques perles qu’un siècle de distance permet de relever trop facilement.»A la fois déconcerté par la simplicité de la culture américaine et par le culte de la consommation qu’il entrevoit Kipling livre des notes d’Amérique pertinentes, « car Kipling ne voyage pas comme une valise, il sent bien le pays qu’il arpente.»

Eric Chevillard n’a pas aimé (mais alors pas du tout) la poésie de Laurent Gaudé « son lyrisme ténébreux devient vite aussi insupportable que les lamentations des pleureuses professionnelles au chevet des morts. » (De sang et de lumière, Actes Sud)

 

Enfin on n’oubliera pas que Mathieu Lindon avait choisi d’évoquer la figure de Sergio Pitol, samedi, pour son livre La panthère et autres contes La Baconnière ; une littérature qui converge vers celle de Vila-Matas, « il est question des « heures restées creuses au milieu du rêve » et ce sont celles auxquelles Sergio Pitol donne vie en priorité, celles que les personnages veulent ou en sont réduits à écrire

Téléchargez l’index des critiques parues dans la presse de cette semaine

Auteurs 02_03