La revue des unes : postérité des grands auteurs ou confirmation de leur œuvre, les unes de la semaine travaillent à constituer le fonds de la littérature contemporaine.

Clara Royer avec son livre «  phénoménal tenant à la fois d’une toilette mortuaire de l’enquête la plus serrée » – c’est Antoine Perraud qui le dit pour Livres et idées – évoque la figure d’Imre Kertesz qu’elle a rencontré à maintes reprises. L’histoire de mes morts s’impose donc comme un « livre biographique », le sous-titre y insiste (Actes Sud) : c’est une « démarche à la fois patrimoniale et humaine », on y retrouvera intact l’écrivain hongrois, se pliant aux « faux-semblants de l’Union des écrivains » tandis qu’il accomplit son œuvre en secret, et l’on découvrira même « les comédies musicales fabriquées au temps de la maturité. »

En présentant Le testament de Tzvetan Todorov, LibéL et Philippe Lançon s’attardent au Triomphe de l’artiste, ultime ouvrage du critique et de l’intellectuel, « réflexion sur les rapports qui unirent puis qui désunirent l’Art la littérature et la Révolution en Russie – de ses débuts à 1941. » Philippe Lançon utilise la figure du retable pour évoquer ce livre qui convoque les portraits de Gorki, Boulgakov, Tsvetaïeva, etc. Vies racontées « avec sa simplicité et son didactisme habituels. » Le portrait du seul Malevitch occupe la seconde moitié du volume tant cette figure dit à elle toute seule le dilemme des artistes révolutionnaires qui croiront au bolchévisme avant de déchanter et d’être broyés par lui.

Dossier-hommage du Figaro Littéraire à l’occasion de la parution en « Pléiade » des romans de Michel Tournier. Philippe le Guillou qui lui doit beaucoup pour sa propre œuvre rappelle à la fois « le grand romancier des années 1970, singulier, intrépide, explorateur d’abysses et de bas-fonds, brasseur de mythes, poète et philosophe, intarissable exégète de son œuvre, maître des fantasmes et des signes. »

Du côté des vivants, on découvrira en Une du Monde des livres la présentation réalisée par Hédi Kaddour de Hans Magnus Enzensberger, L’histoire des nuages. 99méditations en bilingue chez Vagabonde et Les comtes de ma tante Fé chez Alma. Deux volumes de cet intellectuel dont la vie couvre largement celle des précédents, intellectuel qui écrit des « livres apparemment sans prétention ni emphase, livres jouers, mélange d’esprit des Lumières, de rêve et d’ironie romantique, d’Eichendorff et de Diderot. » Et en Une de Cultures & savoirs , comme dans de nombreux journaux ces derniers temps, c’est Les furies de Lauren Groff (l’Olivier) on la retrouve dans Bonne presse pour…

 

Cette semaine, à l’instar des suppléments de vos journaux, les chroniqueurs reviennent sur l’actualité littéraire du mois de janvier et vont chercher quelques livres déjà salués çà et là.

Etienne de Montety rejoint le groupe des admirateurs de Hisham Matar/ Pour Bruno Frappat, c’est le roman d’Aurélien Bellanger qui mérite qu’on s’y arrête (?)/La dystopie de Jérôme Leroy, Un peu tard dans la saison (La Table ronde) a séduit Jean-Claude Lebrun/ Enfin, Eric Chevillard s’intéresse à Joe Brainard

Etienne de Montety rejoint le groupe des admirateurs de Hisham Matar (dontB.Frappat) pour souligner comment son roman qui « se place résolument sous le patronage de Télémaque » est un grand livre. L’auteur enquête sur ce que sont devenus son père et son pays, le premier il n’a pas eu la chance de le retrouver, pour le second…. « Retourner chez lui c’est renaître, mais aussi craindre que la réalité ne détruise des souvenirs qui fondaient une vie. » L’écriture est désormais ce qui le comble.

Pour Bruno Frappat, c’est le roman d’Aurélien Bellanger qui mérite qu’on s’y arrête (?). Roman ? En utilisant le projet du Grand Paris « la seule idée intéressante du quinquennat » et des personnages réels comme Nicolas Sarkozy, le récit s’inscrit dans le passé immédiat. Un peu trop selon le critique « L’écriture d’Aurélien Bellanger donne le tournis à force de forer sous la ville comme dans les circonvolutions de son cerveau affairé. » Peu d’humanité dans ce livre nous dit-il en substance. Le grand Paris, Gallimard.

La dystopie de Jérôme Leroy, Un peu tard dans la saison (La Table ronde) a séduit Jean-Claude Lebrun « D’un même mouvement Jérôme Leroy tire le fil de l’universel et celui de l’intime. Et sans cesse s’applique à défaire notre temps de ses oripeaux aguicheurs pour donner à voir les mécaniques aliénantes qui s’y trouvent à l’œuvre. » Ce récit sur la disparition spontanée de certains habitants du Gers en 2032 et l’enquête d’une capitaine des services secrets  sur ce phénomène se « dévoile au bout du compte comme une fable puissante et troublante. »

Enfin, Eric Chevillard s’intéresse à Joe Brainard toute la presse l’a chroniqué ; peindre le moment pour vous cette nuit. (Jocaseria) Un livre ? Plusieurs journaux, exercices et autoportraits . Plus que l’inspirateur du Perec de Je me souviens, Brainard est beat ; il écrit un texte, dans un car, durant le trajet de celui-ci, en 9 heures ; résultat : « ce qui se passe dans son esprit, dans l’autocar et derrière la vitre, tout se retrouve dans son carnet, preuve que son hyperprésence au monde n’est rendue possible que par ce détour. »  

A suivre…La synthèse du jour, Bonne presse pour les américains et quelques auteurs de la rentrée française.

A télécharger : l’index des critiques de livres parues dans la presse de cette semaine

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