Les unes : Générations et généalogies. Le grand combat.

Le Figaro littéraire ouvre sur la nouvelle génération d’auteurs argentins et c’est même son dossier, quatre nouveaux noms à découvrir, aux écrits aussi variés que talentueux. De Rodrigo Fresan dont Thierry Clermont souligne la richesse de l’œuvre qui mêle tradition et pop culture à Mariana Enriquez auteur gothique autant qu’Argentine cette littérature se renouvelle. La part inventée du premier s’intéresse plutôt à  la création, Ce que nous avons perdu dans le feu, joli titre du recueil de nouvelles de la seconde déploie, dit Bruno Corty « un sombre diamant à douze faces, aucune de ces histoires ne laisse indifférent. »

La Croix s’intéresse à la famille anglaise avec Mères, filles, sept générations de Juliet Nicholson (Christian Bourgois). « En creux nous dit Sabine Audrerie, se dévoile un projet diffus voire inconscient : la transmission du féminin, laissant place ou non à l’émancipation. » Comme un écho donc au récent succès d’Elena Ferrante mais il est à noter qu’ici la famille est anglaise, réelle et de la meilleure société littéraire, l’auteure descend de la poétesse Vita Sackville-West dédicataire d’un roman de Virginia Woolf.

On s’interroge beaucoup sur la généalogie et Libé, après avoir consacré sa une samedi au nouveau tome des aventures d’Anne Wiazemski (Un saint homme, Gallimard), propose ce jeudi de s’intéresser au livre de Stéphane Audoin-Rouzeau, Une initiation (Seuil). Le sous-titre Rwanda (1994-2016) révèle qu’il s’agit d’une initiation au génocide mais davantage à l’humanité et ce qu’il en reste dans ce contexte. Et notamment ce constat que les victimes vivent à proximité de leur bourreaux, pas forcément repentants.

Enfin, la une du Rendez-vous des livres, le supplément de l’Humanité spécial Etats-Unis est consacrée à Ta-Nesihi Coates dont le nom dit la filiation. Après la lettre à son fils, l’écrivain revient sur son enfance dans le Grand Combat, père adhérent des Black Panthers mais lucide, obsédé de littérature au point de fonder une maison d’édition dans sa cave et lui, fils hésitant, « doux rêveur incapable de se battre, qui ne se voit pas en sportif ou en rappeur » mais dont la phrase nous dit Muriel Steinmetz est « samplée, rapppée presque. » (Autrement).

 

Côté critiques :

Etienne de Montety a aimé le roman de Sunil Yapa qui parle d’alter mondialisme et des émeutes de Seattle pas seulement pour les émeutes, on s’en doutait un peu, mais pour « les visages (qui) émergent du récit, des êtres reliés entre eux par des sentiments qui ne sont pas que de la haine ou du dégoût » (Ton cœur comme un poing, Rivages).

Bruno Frappat se penche sur Mon étrange sœur de Marie Le Gall, un livre difficile « beaucoup de tristesse lente, de noirceur souffrante, se dégage de ce récit » oui mais voilà, « magnifiquement écrit ». C’est la cadette qui écrit, l’aînée a suivi le périple des enfants « fous ».

Mathieu Lindon qui garde toujours une petite place pour la bande dessinée distingue les Idées noires de Franquin. Le moment où l’âme de la bande dessinée s’éloigne du comique pour aller vers des rives plus sombres lui aussi. François Taillandier dans le RDVL, rend, une fois n’est pas coutume, hommage à un livre Totalement dépassés de Gérald Sibleyras (de Fallois) : son objet ? la langue des gens qui travaillent dans des emplois aux noms contemporains tels « wedding-planeuse » et s’efforcent de coller à la réalité de leur époque, coachés, présents sur les réseaux, « apprenant à penser positif »…brefs déshumanisés même si encore humains.