En attendant le rebond de la fièvre productrice générée par la rentrée de janvier, suppléments littéraires et critiques poursuivent divers chemins…J’écoute la suite sur la piste audio.

 

Des unes très variées cette semaine malgré l’actualité « Beaux Livres »

La politique eugéniste de la Suède est aux racines de la société suédoise. Le titre du supplément livres de l’Huma, Le rendez-vous des livres est assez direct, ce jeudi : c’est Olivier Truc qui le dit avec La montagne rouge (Métailié « Noir »). Les lois de stérilisation forcée ont marqué durablement la Suède et ses habitants aussi bien que l’auteur. Il y évoque également la police des rennes (elle existe vraiment) et les mesures faites sur les jeunes migrants pour essayer de déterminer s’ils sont majeurs ou mineurs afin de les accueillir ou de les renvoyer dans leur pays. L’enquête tourne autour d’un crâne dont l’identité samie est en question.

Libé ce samedi présentait en une David Vann dont Aquarium est régulièrement présenté comme un roman bouleversant et dur est présenté par son auteur comme relevant davantage de la vision que du projet conscient. À Frédérique Roussel qui l’interroge, David Vann avoue : « Je voyais une fillette dans un aquarium public. Elle rencontrait un vieil homme et cette rencontre changeait sa vie. Je ne savais pas d’où il venait, quel était leur lien, mais je pouvais voir le moment et même les types de poissons qu’ils contemplaient. » Atypique donc mais séduisant, d’une séduction à la Lynch en quelque sorte.

Après quelques autres, Le figaro littéraire fait sa une sur Jack London qui à force de voyage est venu s’ancrer dans la Pléiade. L’explorateur des ténèbres titre-t-il donc ; on notera que sont convoqués Gilles Lapouge, Jean-Louis Etienneet Erik Orsenna et d’autres qui tous vantent un aspect ou un autre des oeuvres et de l’homme, de la force de caractère à la célébration des rencontres entre l’homme et la nature. Françoise Dargent nous conseille également Les vies de Jack London, aux éditions de La Martinère/Arte « on y suit, captivé, la trajectoire filante du petit gars de San Francisco. »

La Croix cette semaine sort un spécial livres religieux ; on ne s’étonnera donc pas qu’il s’ouvre avec La bible muse des écrivains : le titre fait référence à deux volumes publiés par Le Cerf La bible dans les littératures du Monde un livre dirigé par Sylvie Poiset, comparatiste, et qui offre des entrées par écrivain, épisodes, pays, toutes les approches. Les utilisations de ce texte source dans de très nombreux avatars intertextuels en font une somme.

A cette Une semble répondre celle du Monde des livres qui annonce la sélection des Beaux Livres (Pour la croix c’était la semaine dernière). Mais, finalement, qu’est-ce qu’un beau livre aujourd’hui? Aux peintres et merveilles architecturales succèdent des livres comme The Walt Disney Films Archive (Daniel Kothenschute, Taschen, mais en anglais), tandis qu’en pages intérieures on trouve les missions d’un gendarme contre des fantômes Les forces de l’ordre invisible de Philippe Baudoin (Le Murmure). Livre passionnant nous dit Julie Clarini, qui comporte ainsi une « enquête sur l’homme invisible », suivi en plus bas et en plus petit de la mention suivante : « cette enquête devra être considérée comme n’étant jamais terminée. » Il reste quelques livres au références plus convenues à découvrir dans notre Tableau d’actualité.

Enfin, il reste aussi parmi les beaux livres de l’année, L’art et la table de Patrick Rambourg, déjà signalé par La Croix et de nombreuses émissions, une oeuvre à la croisée de deux tendances culturelles contemporaines cuisine et littérature, l’auteur a mis dans le mille pour Citadelle et Mazenaud.

 

 

 

Côté chroniqueurs on va aussi vers les livres de fin d’année et des figures plus ou moins célèbres.

Mathieu Lindon rendait hommage dès samedi à la correspondance croisée de Zola et Cézanne ; amitié durable assez rare car née de l’enfance et poursuivie à l’âge adulte, entre deux génies. C’est lorsque Zola écrit un roman sur la peinture que cela se modifie : « Des lettres peuvent avoir été perdues, mais l’œuvre a bien transformé la relation Zola-Cézanne. » C’est également au tour de François Taillandier pour l’humanité de souligner les qualités de…Gotlib : « un art raffiné qui ne se rengorge pas, qui s’offre dans la simplicité, l’air de rien. »

Etienne de Montety préfère rendre hommage à Iphigénie en Thuringe de Ghislain de Diesbach, illustré par Philippe Julian pour Via Romana. Un ensemble de nouvelles qui met aux prises aristocrates et « une porte donnant sur les gouffres du cœur humain et ses ambiguïté » On notera enfin qu’Eric chevillard choisit Sempé (Sempé à New York, Denoël/Martine Gossieaux.) Le dessinateur lui plaît en ce qu’il s’apparente à Tati : « Le rapprochement de Tati et Sempé n’est pas fortuit. L’un et l’utre savent que l’humour se trouve dans le détail, qu’il naît d’un léger « décalage », d’un contrepoint. Ils campent souvent un homme seul, égaré dans un monde foisonnant et absurde. » il ne manque plus qu’un écrivain pour tracer le triangle de cet espace.