Une fois n’est pas coutume, nous allons commencer avec un critique, le catho de l’Huma, dont les livres sont chroniqués dans le Figaro littéraire…Vous suivez ?

 

Les unes

Pour le Figlitt, une et dossier ce sera Malraux face à sa jeunesse, à l’occasion de la parution en Folio à deux euros (un prix abordable pour la jeunesse, des entretiens que l’écrivain-ministre eut avec ce qu’on appellerais aujourd’hui un « panel » de jeunes en…1967. Jean Marie Rouart y dit toute l’actualité selon lui de la pensée de la figure un peu ancienne. D’autres titres, tous chez Gallimard accompagnent ce volume.

Pour l’Huma, c’est Andrei Ivanov et le voyage d’Hanumân (Le Tripode) qui ouvre son cahier livre. AI est un écrivain de camp, car il existe encore des camps, de demandeurs d’asile, certes, mais violents par beaucoup d’aspects. Le résultat est un récit picaresque truffé d’anecdotes drôles ou tragiques, prélevées sur le vif d’êtres loin de tout, accablés par un dur présent sans fin. Le héros éponyme est d’ailleurs un Indien qui veut à tout prix aller en Amérique.

Samedi dans LibéL c’était Nina yargekov et sa Double nationalité qui faisait la une. (POL) Entre deux pays imaginaires, la Yazigie et la Lutringie, l’auteur cherche son identité et interrogé celle-ci à travers sa double nationalité. Je me sentais devenir différente quand j’étais en France et quand j’étais en Hongrie. Je me surprenais à réagir un peu autrement, à porter un regard autre, à ne pas avoir les mêmes jugements de valeur. La France est au centre et assez pleine d’elle-même, la Hongrie à la périphérie et en souffrance.

Ce jeudi, LibéL s’intéresse par la plume de Pierre Bergounioux à la figure de Pierre Bourdieu. Article de fond pour ce qui concerne le phénomène humain Bourdieu aussi bien que pour ce volume (2)au Seuil de ses cours au Collège de France. Enfin, pour Livreset idées, c’est Emmanuelle Giuliani qui chronique le recueil de textes (des contes, vraiment?) de Jonathan Coe Numéro11 Gallimard)

 

Ceux pour qui ça continue.

Du côté des sciences humaines, on notera deux papiers consacrés au livre de Laurence Hanson-Love Oublier le bien, nommer le mal (Belin) en lisant Robert Maggiori dans LibéL comme Maurice Ulrich dans le RVL, on découvre le même paradoxe et la force de cette pensée : « en fait souligne avec pertinence Laurence Hanson-Love bien et mal ne jouent pas dans la même catégorie. En effet si le bien ne nous est pas donné à priori, , …en revanche le mal est bien concret. Les deux concepts n’appartiennent pas  à la même sphère ontologique, dit le philosophe. Le travail essentiel est donc à faire sur le mal.

 Pour Alain Nicolas du RDVL, le roman de Gonçalvo Tavares (salué par bon nombre de ses confrères est à lire à l’enseigne du malaise. L’enchaînement des événements présentés de manière affolante n’évolue jamais vers quoi que ce soit de rassurant. « Ce serait oublier, nous dit le critique, que l’ordre n’est là que pour mieux égarer le lecteur, que toute architecture est un labyrinthe ». Le roman est accompagné, une fois de plus par celui de Valerio Romào, beaucoup plus poignant : Autisme (Chandeigne) est signalé comme un des premiers romans les plus importants de l’année. Sébastien Lapaque du Figlitt de renchérir : « On le découvre en France à travers un livre de vie dont chaque page ploie sur la terreur et la pitié. Une oeuvre majeure (…) qui n’a pas fini de troubler le sommeil de ses contemporains. »

 

 

Du côté des chroniqueurs

Le roman d’éducation autrichien se fait rare ces temps derniers, mais Mathieu Lindon en a déniché un : L’élève Gerber (Zoé). « C’est comme dans un film d’horreur, avoue le critique, on voit tout ce que le héros ne devrait pas faire et fait cependant ». L’élève Gerber raconte la vieille histoire d’un jeune trop indépendant  que son prof Kaiser Kupfer rêve de briser mais il va un peu plus loin : « Qui voulait quoi : c’est aussi le sujet du livre »

. Déniché aussi le petit livre « joliment écrit » que Bruno Frappat recense dans La Croix. Un roman rédigé par Robert Giraud, écrivain-journaliste oublié, qui décrit une bande dans le Paris des Halles (avant le forum). C’est, nous prévient-il, « un roman de la méfiance avec une fin tragique ». Dirons-nous que l’éditeur Le Dilettante fait presque écho au titre La petite gamberge.

Rimbaud, toujours Rimbaud! Thierry Beinsteigel invente une suite à la vie déjà très bien connue du poéte absolu. Erreur à l’hôpital et hop! Rimbaud continue sa vie sous une nouvelle identité. Jean-Claude Lebrun est séduit (d’autres aussi). Une continuation de l’homme apparu pendant l’exil. Dans le poète se lovait un marchand qui attendait son heure.

Etienne de Montety rejoint ceux qui reconnaissent un grand livre dans le Judas d’Amos Oz A l fois par le destin Affreux mais nécessaire : aurait-il refusé sa sinistre besogne, le salut des hommes n’aurait pas pu s’écrire ainsi mais aussi par le contexte contemporain du récit dans Jerusalem des pages superbes d’une écriture proprement topographique. Une question finale et paradoxale en ces temps de choix Agir, c’est peut-être se condamner à trahir. (Gallimard).

Enfin, nous dit Eric Chevillard : « Antonio Ortuno a le desespoir sarcastiqu, il fixe les pôles de son récit avec une cruelle ironie. » Le roman mexicain (Christian Bourgois présente une intrigue policière, mais c’est surtout l’occasion de dire que « l’écrivain n’a pas de chances de changer l’état des choses. Au moins quelques vérités seront dites sur ce pays